La Caisse de dépôt et placement du Québec vient de presque entièrement liquider ses actions du fournisseur de solutions de commerce électronique d’Ottawa.

Après avoir fait de Shopify une des importantes participations de son portefeuille boursier durant la pandémie, la Caisse de dépôt et placement vient de presque entièrement liquider ses actions du fournisseur de solutions de commerce électronique d’Ottawa.

La Caisse a acheté ses premières actions de Shopify à la fin de l’année 2020. Ce placement avait une valeur approximative de 200 millions au début de l’an dernier. L’achat massif d’actions au début de 2021 – et l’appréciation de Shopify en Bourse – a vite fait grimper la valeur de l’investissement à plus de 700 millions l’été dernier.

Au début de cet été, ce placement ne valait cependant plus qu’une vingtaine de millions, selon ce que révèle un document déposé vendredi par la Caisse auprès de la Securities and Exchange Commission.

Pendant un bon moment l’année dernière, Shopify était la plus grosse entreprise au pays avec une capitalisation boursière supérieure à 200 milliards. À son plus haut niveau, en novembre, l’action valait plus de 2000 $ à la Bourse de Toronto.

Le titre de Shopify s’est toutefois écroulé en Bourse depuis ce temps. Le sommet atteint à la mi-novembre a marqué le point de départ d’une glissade menant au cours actuel d’une cinquantaine de dollars. La capitalisation boursière de Shopify s’élève aujourd’hui à environ 60 milliards à Toronto.

L’action de Shopify a par ailleurs été fractionnée à raison de dix pour une il y a deux mois après une chute déjà importante du titre, amplifiée par la baisse généralisée des titres du secteur technologique.

La Caisse a graduellement commencé à réduire son exposition à Shopify au mois d’avril 2021. La participation dans Shopify a été charcutée de 33 % l’été dernier. Puis de 45 % additionnels à l’automne, et de 23 % supplémentaires au début de l’année 2022. Le printemps dernier, la Caisse a vendu 60 % de ce qui lui restait dans Shopify.

La direction de la Caisse n’a pas souhaité commenter, mardi, son investissement dans Shopify. « Ça fait partie d’une stratégie de rééquilibrage de portefeuille, ce qui se fait sur une base régulière », a simplement indiqué la porte-parole Kate Monfette.

Le PDG de la Caisse, Charles Emond, avait souligné l’année dernière en entrevue avec La Presse que l’organisation était orientée vers un style beaucoup plus défensif et que la direction souhaitait dorénavant adopter davantage le style « croissance ».

La crise du coronavirus a provoqué des changements dont il faut prendre acte, comme la montée en puissance de l’économie numérique, avait-il dit.

Il est néanmoins important de mentionner que la réalité des marchés de 2022 n’est pas celle de 2021.

Difficile de savoir quel rendement la Caisse a réalisé jusqu’ici avec Shopify, étant donné que les prix d’achat et de vente des actions de Shopify au fil des mois ne sont pas révélés.

La direction de la Caisse offrira peut-être un éclairage ce mercredi à l’occasion de la mise à jour de son rendement de mi-année. Les dirigeants feront le point sur les résultats des six premiers mois de 2022.

Réduction de personnel

La direction de Shopify a annoncé cet été une réduction de 10 % de son effectif en indiquant avoir incorrectement anticipé la croissance du commerce en ligne. Et pour le deuxième trimestre de suite, l’entreprise a publié à la fin de juillet une performance financière décevante. Les avis demeurent partagés dans le groupe des 45 analystes qui suivent les activités de l’entreprise. Ils sont une vingtaine à suggérer l’achat de l’action.

L’entreprise dont les services permettent notamment à ses utilisateurs de créer une boutique en ligne avait vu son action s’apprécier de manière impressionnante depuis l’inscription en Bourse du titre au printemps 2015.

Si la pandémie a démontréla pertinence des entreprises tournées vers le commerce électronique, les bas taux d’intérêt ont offert un vent de dos aux titres de croissance. Les hausses de taux ont eu un effet sur l’humeur des investisseurs, en particulier envers le secteur techno.

« Bien que l’incertitude entourant le contexte macroéconomique risque de continuer à alimenter la volatilité du titre, Shopify est une des plus intéressantes histoires de croissance dans notre univers de couverture », soulignait l’analyste Paul Treiber, de RBC, dans un rapport de recherche publié à la fin de juillet.

Il ajoutait que Shopify devrait continuer à grandir et à monétiser son important marché potentiel.

Les transactions significatives

Les grands investisseurs institutionnels québécois ont multiplié les transactions durant les mois printaniers afin de se positionner pour l’été. Voici quelques gestes significatifs.

Caisse de dépôt et placement du Québec

Chef des marchés liquides : Vincent Delisle

Siège social : Montréal

Fait saillant : diminution appréciable de la participation dans Shopify

Autres gestes significatifs au deuxième trimestre de 2022

Achat de 3,5 millions d’actions de BCE

Achat de 1,5 million d’actions de Telus

Vente de 1,6 million d’actions de la Scotia

Les télécoms pèsent plus lourd en portefeuille. Le placement dans BCE a été bonifié de 35 %, alors que celui dans Telus a gonflé de 55 % et que celui dans Rogers a augmenté de 37 %. Pour le deuxième trimestre de suite, l’investissement dans Gildan a diminué de 20 % à la suite de la vente d’actions, alors qu’il avait déjà été réduit de 15 % dans la dernière ligne droite de 2021. Si la participation dans la Scotia a été abaissée de 65 %, celle dans la TD affiche un recul de 40 %, alors que celle dans la Royale a reculé de 11 %. Après avoir acheté 2 millions d’actions de Pfizer en début d’année, un bloc de 3 millions d’actions a été ajouté en portefeuille au deuxième trimestre. L’investissement dans Walmart a pour sa part augmenté de 30 % avec l’achat de 700 000 actions.

Investissements PSP

Chef des placements : Eduard van Gelderen

Siège social : Ottawa (bureau principal à Montréal)

Fait saillant : diminution appréciable de la participation dans Manuvie

Autres gestes significatifs au deuxième trimestre de 2022

Achat de 1 million d’actions de Philip Morris

Vente de 1,2 million d’actions de Pfizer

Vente de 6 millions d’actions de Zynga

L’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public (PSP) – l’un des grands gestionnaires de fonds pour des caisses de retraite au pays – a diminué de 90 % son investissement dans Manuvieau printemps avec la vente de 2 millions d’actions. Cet investissement avait été bonifié de 65 % au premier trimestre avec l’achat de près de 1 million d’actions. Les placements dans plusieurs titres vedettes du secteur des technologies ont aussi été abaissés. PSP a vendu au printemps 20 % de ses participations dans Microsoft, Alphabet et Apple. L’investissement dans la TD a été bonifié de 25 % avec l’achat de 475 000 actions.

Fiera Capital

Cheffe des placements, marchés publics : Anik Lanthier

Siège social : Montréal

Fait saillant : augmentation de l’investissement dans Alphabet

Autres gestes significatifs au deuxième trimestre de 2022

Achat de 1,1 million d’actions de Microsoft

Achat de 1 million d’actions de Descartes

Achat de 2,4 millions d’actions de Telus

Le gestionnaire d’actifs montréalais a bonifié de 10 % son placement dans le CN au printemps avec l’achat de 500 000 actions du transporteur ferroviaire montréalais. L’investissement dans JFrog a augmenté de presque 1000 % avec l’achat de 952 000 actions du fournisseur de solutions informatiques. La participation dans Mosaic a diminué de 50 % après la liquidation de 670 000 actions.

Jarislowsky Fraser

Chef de recherche : Charles Nadim

Chef des actions : Kelly Patrick

Siège social : Montréal

Fait saillant : autre bonification du placement dans Shopify

Autres gestes significatifs au deuxième trimestre de 2022

Achat de 1,1 million d’actions de Magna

Achat de 2 millions d’actions de Ritchie Bros.

Achat de 611 631 actions d’Axos Financial

La participation dans Ritchie Bros. a encore augmenté au deuxième trimestre avec l’achat de 579 000 actions de l’entreprise spécialisée dans les enchères. La participation dans Manuvie a été abaissée pour le troisième trimestre de suite avec cette fois-ci la vente d’un peu moins de 1 million d’actions, l’équivalent d’une baisse de 3 %. Le placement dans Manuvie avait été abaissé de l’ordre de 35 % (13,5 millions d’actions) au premier trimestre. Le placement dans Enbridge a été bonifié de 16 % avec l’achat de près de 430 000 actions de la société d’énergie de Calgary.

Letko Brosseau

Responsables des placements : Peter Letko et Daniel Brosseau

Siège social : Montréal

Fait saillant : prise d’une petite position dans Netflix

Autres gestes significatifs au deuxième trimestre de 2022

Achat de 1,4 million d’actions de Manuvie

Vente de 1,1 million d’actions de Suncor

Vente de 669 348 actions de GlaxoSmithKline

La participation dans Teck Resources continue d’être charcutée. Après la vente de 2 millions d’actions au premier trimestre, la taille de l’investissement a été réduite de 13 % au deuxième trimestre. Le placement dans Suncor a lui aussi été de nouveau abaissé. Après la vente de 2,6 millions d’actions en début d’année, un bloc de 1,1 million d’actions a été vendu au printemps. Si le placement dans Manuvie avait été abaissé de 6 % au premier trimestre, le poids de l’assureur en portefeuille a gonflé de 11 % au printemps avec l’achat de 1,4 million d’actions.