Après avoir œuvré durant 47 ans à la Banque de Montréal, durant lesquels il est passé de simple caissier à la succursale de Rivière-du-Loup à président des opérations pour le Québec, Claude Gagnon entreprendra bientôt une nouvelle carrière de producteur de mini-kiwis. Celui qui a succédé il y a quatre ans à Jacques Ménard comme chef des opérations québécoises revient sur son métier et nous raconte combien il s’est transformé depuis ses débuts en 1975.

« Le métier est resté le même, mais il s’est développé avec de tout nouveaux outils. Quand j’ai débuté en 1975, il n’y avait rien d’informatisé. On commençait seulement à installer des terminaux dans certaines succursales », m’explique Claude Gagnon, à quelques mois du départ pour la retraite.

Le président sortant, qui sera remplacé le 1er novembre par Grégoire Baillargeon, actuellement directeur général de BMO Marchés des capitaux, Québec, a entamé sa carrière comme stagiaire à Rivière-du-Loup dans un programme pour devenir directeur de succursale.

« J’ai commencé mon stage à 18 ans comme caissier à Rivière-du-Loup. Lors de mon entrevue d’embauche, on m’avait demandé où je ne souhaitais pas aller travailler. Je leur avais répondu dans le Bas-du-Fleuve et à Montréal. J’ai fait un an à Rivière-du-Loup, et on m’a transféré en 1976 dans la succursale des Galeries d’Anjou. Il faut croire qu’ils voulaient tester mon ambition de travailler à la banque », relate avec amusement Claude Gagnon.

Le travail de caissier consistait à enregistrer les dépôts et les retraits à la main sur les fiches en carton de chaque client. Pour les gros clients commerciaux, il fallait indexer quotidiennement les bordereaux. Les premiers terminaux informatiques ont fait leur apparition à la fin de 1975, puis les changements technologiques n’ont été qu’en accélérant.

Il y a eu le début des transactions intersuccursales, puis l’apparition des guichets automatiques dans les années 1980 et, enfin, l’uniformisation du système bancaire canadien qui permettait de réaliser des transactions entre banques.

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Claude Gagnon, président des opérations de BMO Groupe financier au Québec

Mais quand même en 1975, on fournissait une arme aux caissiers. Le directeur de la succursale habitait dans le logement au-dessus de la banque et veillait à la sécurité. Aujourd’hui, les hold-up, ça n’existe plus.

Claude Gagnon, président des opérations de BMO Groupe financier au Québec

Claude Gagnon précise que là aussi, les changements technologiques ont modifié le portrait de la sécurité dans les institutions financières alors que la Banque de Montréal fait face chaque jour à des milliers de tentatives d’hameçonnage et qu’elle investit des centaines de millions par année pour se prémunir contre les fraudes informatiques.

Proche du détail et des communautés

En 47 années à la Banque de Montréal, Claude Gagnon a gravi bien des échelons, mais est toujours resté proche des activités de détail, celles qui touchent le grand public.

« J’ai évolué au sein de la banque. Je suis passé de caissier à assistant-comptable puis directeur administratif pendant que je terminais mon MBA. Je me suis beaucoup occupé des ressources humaines, j’ai été responsable du recrutement, des affectations, des relations de travail », expose-t-il.

Des habiletés qui l’ont bien servi lorsque la pandémie a forcé le télétravail généralisé des employés de la banque.

On tentait depuis des années d’implanter le télétravail en alternance. On était seulement arrivé à convaincre 5 % de nos employés d’y participer alors que notre objectif était d’atteindre 13 %. Puis la COVID est arrivée et là, c’est plus de 90 % de nos employés qu’on a dû former et équiper pour travailler de la maison. On va retenir du positif de cette crise.

Claude Gagnon, président des opérations de BMO Groupe financier au Québec

De ses quatre années passées à la direction des activités québécoises de BMO Groupe financier, c’est évidemment la gestion de la COVID-19 qui a été le fait marquant.

« La COVID a occupé une grande place de mon mandat, mais je suis fier aussi d’avoir lancé une grande tournée des régions à ma première année comme président. J’ai fait le tour du Québec et j’ai insisté pour rencontrer les chefs des communautés autochtones dans chaque région », explique Claude Gagnon.

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Notre chroniqueur s’est entretenu avec Claude Gagnon, président des opérations de BMO Groupe financier au Québec.

La Banque de Montréal est la première banque des communautés autochtones, me rappelle le président. Une réalité historique que j’ai pu vérifier lors d’un séjour dans la petite communauté de Wemindji, à la Baie-James, où une succursale de la BMO était bien visible au cœur du village de quelques centaines d’habitants.

Il s’agit d’une des trois succursales de la BMO dans des communautés autochtones, alors qu’une dizaine d’autres sont dans des centres urbains adjacents à autant de communautés au Québec.

« C’était important pour moi de discuter avec les chefs des communautés pour connaître leurs aspirations et pour jeter des ponts avec les entrepreneurs de chacune des régions. Cela fait partie de notre legs », souligne Claude Gagnon.

Après 47 ans chez BMO, le président sortant a jugé qu’il était temps de partir pendant qu’il avait encore la santé et l’énergie pour réaliser d’autres projets, dont celui qu’il caresse depuis trois ans maintenant : la culture de mini-kiwis.

« On a acheté une petite ferme d’une vingtaine d’acres dans la région de Lacolle et on va produire des mini-kiwis, qui ressemblent à des raisins. On a fait des tests, et les plants résistent bien à notre froid. On prévoit planter l’an prochain. C’est notre projet qui va nous occuper pour les prochaines années et nous permettre de voyager durant l’hiver », assure avec ravissement Claude Gagnon.