À l’approche du déclenchement des élections provinciales, Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) dévoilent aux partis 12 recommandations pour aider le secteur à sortir la tête de l’eau et assurer son bon roulement à long terme. Lumière sur sa « plateforme électorale ».

Immigration et pénurie de main-d’œuvre

Cent fois sur le métier, MEQ rappelle que la pénurie de main-d’œuvre est criante dans le milieu manufacturier et souhaite une hausse des taux d’immigration et la facilitation de l’intégration à long terme des travailleurs étrangers. L’organisation a regroupé ses « propositions concrètes » dans un document. « Il y a beaucoup d’enjeux et de priorités, affirme Véronique Proulx, PDG de MEQ. On fait une offensive, car on doit toujours les ramener de l’avant. Le secteur manufacturier est celui qui contribue le plus au PIB, soit à 12,5 %. Il représente près de 500 000 travailleurs au Québec. Il est très présent dans les régions. On ne peut tenir pour acquis que les élus le gardent à l’œil. »

Le secteur manufacturier doit être au cœur des enjeux des partis s’ils veulent réaliser leur plan économique.

Véronique Proulx, PDG de MEQ

31 000

Nombre de postes vacants au Québec dans le secteur manufacturier. « Il s’agit d’un frein important à la compétitivité de nos entreprises », lit-on.

Pas un parti ciblé en particulier

Jusqu’ici, les sondages montrent que la Coalition avenir Québec (CAQ) récolte les intentions de vote les plus élevées, mais MEQ veut attirer l’attention de tous les partis sur ses enjeux. « Ce sont des recommandations passe-partout, note Véronique Proulx. Les enjeux n’ont pas de couleur. Les problèmes sont sur le terrain, les deux principaux étant la pénurie de main-d’œuvre et la chaîne d’approvisionnement. L’économie va bien, c’est donc tentant de dire que le milieu manufacturier ne sera pas dans les plans. Mais ce qui nous préoccupe, c’est la compétitivité à long terme. »

MEQ demande notamment qu’on investisse dans la robotisation, qu’on augmente les seuils d’immigration et qu’il y ait un mécanisme d’ajustement des contrats à cause de l’inflation pour les contrats gouvernementaux. « Sinon, ça devient de moins en moins rentable de faire affaire avec le gouvernement », dit Mme Proulx.

90 %

Proportion de manufacturiers qui disent vivre avec des enjeux de composants critiques provenant de l’étranger, d’augmentation des coûts de transport et de main-d’œuvre

70 %

Proportion des entreprises qui affirment refuser des contrats ou payer des pénalités de retard de production

Certains partis souhaitent ne pas augmenter le seuil d’immigration. On manque de travailleurs. Le milieu a besoin d’investir dans la robotisation. Il faudrait donc faire plus pour l’automatisation. Une transformation est en cours. Il faut mettre le pied sur l’accélérateur.

Véronique Proulx, PDG de MEQ

Situation toujours plus grave

Ces deux dernières années, la pression de la pénurie de main-d’œuvre s’est accentuée, rappelle MEQ. « Car des gens se sont réorientés, sont tombés malades ou ont pris leur retraite, énumère Véronique Proulx. Et puis, il y a eu une très forte reprise de la demande. Sur le plan de l’approvisionnement, des tuiles sont tombées les unes après les autres sur les manufacturiers : blocus ferroviaire, grève au port de Montréal, alors que c’était déjà compliqué. »

Quelques recommandations en vrac

  • Mettre en place une voie d’accès prioritaire vers l’immigration permanente auprès de travailleurs déjà en emploi ;
  • Réduire les délais de traitement pour accueillir des travailleurs étrangers temporaires et pour les demandes d’immigration permanente afin qu’ils soient semblables à ceux des autres provinces ;
  • Mettre en place un incitatif financier de 10 000 $ par année non imposable par personne pour les immigrants arrivés depuis moins de cinq ans qui vont travailler en région afin d’encourager la régionalisation de l’immigration ;
  • Augmenter les seuils d’immigration (à 90 000 personnes immigrantes par année pour 3 ans) ;
  • Mettre en place des mesures incitatives pour favoriser la construction de logements et l’ajout de places en garderies dans les régions, afin de permettre aux travailleurs de s’y établir et de favoriser une intégration régionale durable ;
  • Déployer davantage d’initiatives visant à faire connaître le secteur et ses métiers auprès des jeunes ;
  • Rehausser les taux des crédits d’impôt à la R-D de 30 % à 37,5 % et de 14 % à 17,5 %, et arrimer le type de dépenses admissibles avec le gouvernement fédéral ;
  • Offrir des contributions non remboursables pour l’achat d’équipements liés à la robotisation et à l’automatisation des PME ;
  • Sensibiliser et accompagner les entreprises, principalement les PME, à intégrer les facteurs liés au développement durable ;
  • Inclure dans les contrats publics une clause stipulant que les dépassements de coûts causés par l’inflation seront absorbés par le gouvernement.

Source : MEQ