Soutenant qu’on lui a montré la porte de façon non justifiée en 2019, un ancien employé de Groupe Juste pour rire a eu gain de cause cette semaine puisqu’il avait été « engagé à vie ».

Son congédiement était survenu dans la foulée des allégations d’inconduites sexuelles visant Gilbert Rozon, du renvoi de ses sœurs Luce et Lucie Rozon et du changement de garde à la direction.

Son ancien employeur devra lui verser 20 000 $ à titre de dommages moraux, le réintégrer en 15 jours dans l’entreprise et lui verser le salaire perdu depuis février 2020.

Archiviste chez Juste pour rire depuis 1993, André Gloutnay poursuivait plusieurs entités de l’entreprise et personnes morales, dont Gilbert Rozon (responsable direct de M. Gloutnay au moment de son embauche), pour 732 000 $ pour dommages moraux, perte de salaire jusqu’à la retraite (65 ans) et perte du régime d’assurances. Et ce, même si cette dernière lui a versé une indemnité de départ d’un an. L’archiviste avait un salaire de 60 000 $ au moment de son congédiement.

Interdit de postuler à un autre poste

L’argument : il avait été engagé « à vie » chez Juste pour rire, pour qui c’était une abolition de poste. « Le jugement mentionne que Groupe Juste pour rire a interdit à [André Gloutnay] de postuler sur un autre emploi », précise MBruno-Pierre Allard, avocat de la firme Chabot, médiateurs-avocats, représentant du demandeur. « Une garantie à vie est une clause assez inusitée, mais M. Gloutnay a souhaité se prévaloir de cette garantie. »

Selon les documents de cour, l’archiviste a subi un choc en apprenant la suppression de poste en 2019, est resté figé dans un bureau pendant cinq heures suivant l’annonce et est passé près de se suicider après son renvoi. Il souffre de « troubles dépressifs importants ».

Du côté de Juste pour rire, on soutenait qu’une garantie de travail à vie n’était pas valide et que la nouvelle direction avait le droit de mettre fin à l’emploi.

Gilbert Rozon n’a pas été condamné, le juge estimant que c’était un engagement essentiellement contre le Groupe Juste pour rire, et l’entreprise disant qu’elle était la responsable du contrat.

Groupe Juste pour rire est représenté par la firme d’avocats Blake, Cassels & Graydon « qui présentement analyse le dossier et regarde toutes les options » suivant le jugement, selon le porte-parole Mathieu Rompré.