Le tunnel du Réseau express métropolitain (REM) qui mène à la future station de l’aéroport international Montréal-Trudeau est achevé. CDPQ Infra, qui planchera maintenant sur l’installation des rails et d’équipements, espère pouvoir « gagner du temps » sur l’échéancier, déjà repoussé au-delà de la fin de 2024.

« On est vraiment à la porte de la station. Et comme le tunnelier qu’on utilisait forait, mais construisait aussi en même temps les parois, on peut dire que c’est vraiment le tunnel en soi qui est complété. C’était la première fois qu’on utilisait ça au Québec », indique le porte-parole de la filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Jean-Vincent Lacroix.

Il reste toutefois encore plusieurs étapes avant une éventuelle mise en service. Outre la construction de la station – qui relève d’Aéroports de Montréal (ADM) –, CDPQ Infra devra notamment installer les rails, les systèmes de contrôle, d’alimentation, de communication et divers autres équipements.

Fin mai, La Presse avait rapporté que l’antenne du Réseau express métropolitain (REM) menant à l’aéroport faisait face à de nouveaux retards et ne serait pas en service à la fin de 2024 comme prévu. C’est que la station aéroportuaire du REM sera achevée plus tard que prévu. M. Lacroix affirme néanmoins que des discussions sont en cours avec ADM afin de réaliser « des activités concomitantes » et de « gagner du temps ».

Il faut définir à partir de quand on est autorisés à venir faire nos travaux, en respectant les travaux qui se font de leur côté. Dans la pratique, si on est capables de venir avant, même si tout n’est pas fini, on va gagner du temps sur l’échéancier.

Jean-Vincent Lacroix, porte-parole de CDPQ Infra

Chez Aéroports de Montréal, la directrice des communications, Anne-Sophie Hamel, assure que la volonté est aussi « de faire avancer le projet le plus rapidement possible », mais surtout « de planifier la séquence de travaux de façon à ce que ceux-ci soient réalisés en tout respect des contraintes des deux parties et de la sécurité des installations aéroportuaires ». « Nous travaillons actuellement avec l’équipe de CDPQ Infra à finaliser l’optimisation des échéanciers pour le projet de construction de la station du REM », certifie-t-elle.

Les deux parties espèrent pouvoir « confirmer la date de mise en service cet automne » du tracé devant relier l’aéroport au centre-ville, considéré comme une pièce maîtresse du futur REM.

Vers une « actualisation financière du projet »

En juin, CDPQ Infra avait annoncé que la livraison de 18 stations du REM, au centre-ville, dans l’Ouest-de-l’Île et dans la couronne nord, devra de nouveau être repoussée. Il faudra attendre jusqu’à la fin de 2024, le chantier étant encore durement touché par la découverte d’explosifs centenaires dans le tunnel du mont Royal en juillet 2020. L’ouverture de l’antenne de la Rive-Sud est toutefois maintenue à l’automne 2022. Des travaux sont d’ailleurs effectués « jour et nuit » actuellement, afin de finaliser la phase de tests à temps.

On fera aussi éventuellement une actualisation financière du projet global, mais il y a d’abord des discussions qui doivent avoir lieu avec l’entrepreneur, sur les enjeux du tunnel Mont-Royal notamment.

Jean-Vincent Lacroix, porte-parole de CDPQ Infra

Ce dernier a ajouté que la pénurie de main-d’œuvre, l’inflation et la guerre en Ukraine touchent directement la chaîne d’approvisionnement.

Règle générale, les travaux avec le tunnelier vers l’aéroport se sont bien déroulés, poursuit-il. Quelques imprévus ont toutefois forcé les équipes – composées d’un peu plus de 100 travailleurs – à s’adapter.

Entre le Technoparc et les pistes d’atterrissage de l’aéroport, notamment, quelques « affaissements en surface » ont eu lieu et ont dû être rapidement retapés, en collaboration avec le ministère de l’Environnement. « On était dans une mixité de sols, avec du sol meuble et du roc, donc il y a eu des enjeux. Les plus gros pépins ont vraiment été au début du chantier. Une fois qu’on a atteint le roc, la cadence s’est vraiment accélérée », note M. Lacroix à ce sujet.

Il avoue également qu’une fois sous le tarmac de l’aéroport, la tâche était aussi très délicate. La marge de manœuvre y était en effet beaucoup moins grande, vu les exigences très serrées en matière de mouvements de sol dans un aéroport. « C’était de la haute voltige pour nous », conclut le porte-parole.