Une promesse formulée par Québec il y a environ cinq mois prendra forme, ce mardi, avec le financement d’un appel d’offres milliardaire pour acquérir jusqu’à 1230 autobus urbains électriques. Cette commande s’accompagne d’une exigence de contenu local, mais devrait donner l’occasion aux constructeurs de l’extérieur de la province de soumettre une offre.

Neuf sociétés de transport – Montréal, Laval, Capitale (Québec), Longueuil, Lévis, Outaouais, Sherbrooke, Trois-Rivières et Saguenay – ainsi que la société Exo recevront le feu vert pour effectuer un achat groupé. Les livraisons s’échelonneront entre 2024 et 2026. Le gouvernement Legault estime qu’il s’agit du plus important contrat du genre en Amérique du Nord.

Les constructeurs d’autobus urbains seront informés ce mardi des détails. La Société de transport de Montréal (STM) agira comme mandataire dans ce dossier. Un autobus urbain électrique coûte environ 1 million. Le plancher de l’appel d’offres sera fixé à 333 unités, mais les commandes devraient être bien plus nombreuses.

« Il y a environ 700 autobus urbains qui arrivent en fin de vie », a indiqué une source gouvernementale au fait du dossier, mais qui n’est pas autorisée à s’exprimer publiquement.

En marge du sommet des Nations unies sur le climat à Glasgow, en Écosse, l’automne dernier, le premier ministre François Legault avait annoncé que 5 milliards seraient investis pour permettre au Québec d’atteindre son objectif d’électrifier 55 % de son parc d’autobus urbains d’ici 2030.

D’ici 2030, ce sont environ 2150 autobus urbains de 12 mètres (environ 40 pieds) qui doivent circuler sur les routes de la province. Il n’a pas été possible de savoir à quel moment le deuxième volet se mettra en branle.

Le gouvernement Legault prévoyait, à l’automne, que l’engagement permettrait d’éliminer l’équivalent de 131 500 tonnes de CO2 vers la fin de la décennie. Cela représente les émissions de quelque 40 000 voitures, selon les estimations gouvernementales.

Au Québec ou ailleurs ?

Au Québec, Nova Bus est l’acteur d’envergure dans le créneau des autobus urbains. Cette filiale du Groupe Volvo est installée à Saint-Eustache ainsi qu’à Saint-François-du-Lac. Ses modèles électriques circulent déjà dans les villes de Montréal, Brampton et Vancouver.

Québec exigera un minimum de contenu canadien de 25 % dans les contrats, et l’assemblage final des autobus devra s’effectuer en territoire canadien. Il n’y a pas d’exclusivité québécoise à ce chapitre. On peut donc s’attendre à ce que d’autres entreprises soient sur les rangs. En principe, New Flyer, qui exploite une usine au Manitoba, et le conglomérat chinois BYD, présent en Ontario, respecteraient les règles en ce qui a trait à l’assemblage des autobus.

Il faut être prudent, il faut respecter les règles internationales, mais on est très confiants que les autobus vont être fabriqués au Québec.

François Legault, dans une déclaration faite en novembre dernier

Avec les nombreux accords commerciaux en vigueur, il n’est pas toujours facile d’imposer des exigences de contenu local. Il est complexe de démêler les accords internationaux, qui s’accompagnent de nombreuses exceptions. Les traités peuvent aussi se chevaucher.

Par exemple, les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) chapeautent des échanges également couverts par les accords entre le Canada et l’Union européenne (AECG), les États-Unis et le Mexique (ACEUM) ou le Partenariat transpacifique (PTPGP).

 Avec la collaboration d’Hugo Pilon-Larose, La Presse

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  • 1,5
    Le plan gouvernemental table aussi sur 1,5 million de véhicules électriques légers sur les routes.
    source : gouvernement du Québec