La hausse du prix du carburant et l’instabilité que crée la guerre en Ukraine n’ont pas encore d’effet sur le prix des forfaits voyages, notamment au Mexique et dans les Caraïbes. Pour l’Europe, les prix actuels ressemblent à ceux que les consommateurs ont payés avant la pandémie.

Les Québécois qui comptent oublier leur quotidien sur une plage du Mexique, de Cuba ou de la République dominicaine ne payeront pas leur forfait plus cher. Les prix sont actuellement les mêmes qu’avant la pandémie, observent les spécialistes en voyages.

« Fin mars et début avril, on est encore en haute saison et, en règle générale, c’est une période très achalandée. Les prix actuels pour les destinations populaires comme Punta Cana et Riviera Maya s’apparentent à ceux de 2019 », affirme Justin Bordeleau, copropriétaire et vice-président de Voyages Arc-en-ciel, qui exploite trois succursales dans la région de Trois-Rivières.

« Pour un beau produit à Riviera Maya, au Mexique, il faut compter de 1800 $ à 2000 $, les mêmes prix qu’en 2019. Ce sont des prix normaux de haute saison. »

C’est sûr que les prix ont monté par rapport à janvier 2022 quand tout était arrêté. Mais quand on compare avec 2019, on est encore de 10 à 15 % moins cher. Les prix de février et de début mars 2022 étaient de 10 à 15 % moins élevés qu’en février 2020, juste avant la pandémie.

Moscou Côté, président de l’Association des agents de voyages du Québec et directeur général de Voyages Constellation

Pour l’Europe, la somme à débourser pour un billet d’avion a augmenté légèrement. Or les billets actuels sont moins chers que ceux qu’avaient payés les consommateurs pour leurs voyages de l’été 2020… qui n’ont pas eu lieu.

« Il y a beaucoup de liaisons qui sont tombées, il y a moins de vols directs, donc on sent une petite pression, indique Justin Bordeleau, de Voyages Arc-en-ciel. Un vol direct à destination de Marseille fin juin en 2019 coûtait environ 1000 $. Pour juin 2022, le vol est à environ 1200 $. »

Le président de l’Association des agents de voyages du Québec n’anticipe pas une hausse fulgurante du prix des billets d’avion dans les prochaines semaines. « Il devrait y avoir une augmentation des coûts d’exploitation, mais une diminution de la demande à cause de la guerre, estime Moscou Côté. Donc, je ne vois pas une augmentation significative du prix des billets d’avion, sauf pour certaines dates bien précises. Un touriste qui est flexible dans ses dates va être en mesure de payer son billet pas beaucoup plus cher qu’en 2019. »

Partir enfin en voyage

« Depuis l’assouplissement des mesures frontalières la semaine dernière, nous constatons une augmentation de la demande refoulée pour les voyages vers les destinations soleil. Nous observons également une forte augmentation des réservations de vacances hivernales de dernière minute depuis le Québec », observe de son côté Marie-Josée Carrière, directrice marketing senior Québec du Groupe de voyage Sunwing.

Pour l’instant, la guerre en Ukraine n’a pas encore d’effet sur les réservations en Europe, a indiqué Transat à l’occasion de la présentation de ses résultats pour le premier trimestre de l’année.

Au cours de la semaine dernière, le rythme des réservations représentait 90 % de celui de 2019 et c’est un pourcentage qui augmente semaine après semaine. Et pour l’été, on est aux alentours de 85 % du rythme de 2019.

Annick Guérard, présidente et cheffe de la direction de Transat A. T.

Malgré la vague Omicron et la vague d’annulations qui a suivi pour les voyages dans le Sud au début de l’année 2022, le mois de février a remonté le moral des agences de voyages.

Pour ce deuxième mois de l’année, le niveau des nouvelles réservations était de 50 % à 65 % des chiffres de février 2020, juste avant la pandémie. Toutefois, le nombre de décollages vers les vacances représentait 35 % de ceux de février 2020, relate Moscou Côté.

« La confiance se rétablit chez les voyageurs, mais ce n’est pas le Pérou », souligne Justin Bordeleau. Il raconte que si les conseillers en voyage sont si débordés par la hausse de la demande actuelle, c’est à cause des effectifs réduits. Comme l’industrie a été malmenée par la pandémie, certains employés se sont réorientés dans d’autres domaines.

Les consommateurs veulent parler à un être humain

Selon les acteurs de l’industrie, les habitudes de réservation des consommateurs ont changé. En 2019, à l’époque pré-COVID-19, les gens réservaient en moyenne 60 jours avant le départ, voire jusqu’à cinq mois chez ceux qui ont des vacances à date fixe en mars et l’été. Actuellement, les consommateurs réservent en moyenne 20 jours avant la date du décollage.

Les habitudes ont aussi changé dans la façon de réserver un voyage, constate Justin Bordeleau, qui précise qu’avant la pandémie, plus de la moitié des voyageurs canadiens achetaient leur produit en ligne.

« On a une clientèle qui réservait avant sur l’internet sans trop se poser de questions. Là, les gens ont des interrogations sur le plan des conditions d’entrée et de sortie, des protocoles sanitaires et des tests pré-retour. On sent que des gens veulent discuter avec un conseiller en voyage pour avoir des réponses. »

Le spécialiste rappelle que même s’il y a eu des allègements face à la pandémie, certains enjeux persistent et les voyageurs doivent en être bien informés avant de s’envoler.