Les enchères du gouvernement américain pour construire des éoliennes en mer au large des États de New York et du New Jersey ont attiré les géants mondiaux de l’industrie et rapporté la somme inespérée de 4,37 milliards US. C’est plus que les concessions offertes pour le développement des secteurs pétrolier et gazier.

La Caisse de dépôt et placement du Québec, avec Invenergy, entreprise américaine dont elle est le principal actionnaire, a participé avec succès à ces enchères historiques. Leur consortium a obtenu pour la somme de 645 millions US une concession de 83 976 acres de fonds marins pour y implanter des éoliennes.

Cinq autres concessions ont été accordées à la suite de ces enchères qui se sont déroulées sur trois jours, la semaine dernière, pour une superficie totale de 488 201 acres qui sera consacrée aux éoliennes en mer.

Signe de l’intérêt que suscite le développement de l’éolien aux États-Unis, les enchères ont rapporté davantage que les plus récents appels d’offres du gouvernement américain pour l’exploration pétrolière et gazière dans le golfe du Mexique.

C’est une coentreprise formée par le géant allemand RWE et l’entreprise britannique National Grid qui a obtenu la plus importante de ces concessions, soit 125 964 acres, pour 1,1 milliard US.

D’autres géants du secteur éolien ont aussi obtenu des concessions, comme Shell, Engie et EDF. Le consortium formé par la Caisse, Invenergy, energyRe et d’autres partenaires était le seul soumissionnaire américain aux enchères.

Invenergy, entreprise établie à Chicago dont la Caisse détient la majorité des actions, agira comme développeur en chef du projet. La Caisse participera au financement du projet, avec d’autres investisseurs comme Blackstone, FirstLight Power et le fonds Ullico Infrastructure.

Le Québec aux aguets

La décision de l’administration Biden d’ouvrir les fonds marins au large de New York et du New Jersey au développement éolien suscite beaucoup d’intérêt de ce côté-ci de la frontière, où des entreprises québécoises se sont déjà positionnées pour en tirer parti.

C’est le cas de Technostrobe, concepteur de balises pour les éoliennes, et de Marmen, qui fabrique des tours d’éoliennes. Les deux entreprises se sont installées à Albany, dans l’État de New York, pour profiter des objectifs en matière d’énergie renouvelable de l’État et du gouvernement fédéral, qui veulent privilégier les entreprises locales.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Usine de l’entreprise Marmen, qui fabrique des tours d’éoliennes, à Matane

« Ce sont des projets qui mettront du temps à se développer », a indiqué lundi Guillaume Angers, directeur du développement commercial de Marmen, au sujet de la suite des enchères.

L’entreprise de Trois-Rivières s’est installée à Albany pour profiter des occasions de développement dans l’État de New York. Elle est maintenant bien placée pour participer aux projets issus des enchères du gouvernement fédéral.

Marmen pourrait travailler avec toutes les entreprises qui ont remporté des concessions lors de ces enchères, selon Guillaume Angers. La plupart visent une mise en service des parcs éoliens en 2028, précise-t-il.

Opposition à prévoir

Le développement éolien en mer accuse un certain retard aux États-Unis, où seulement deux projets ont été réalisés jusqu’à maintenant.

L’administration Biden vise l’installation de 30 gigawatts de production éolienne d’ici 2030 au large des côtes américaines. D’autres enchères se tiendront dans les prochaines années pour atteindre cet objectif.

Le prix payé par les soumissionnaires est plus élevé qu’attendu, ce qui démontre l’intérêt des développeurs et réjouit le gouvernement fédéral américain. Mais ces investissements devront être rentabilisés, ce qui suscite aussi de l’inquiétude sur le prix que coûtera cette énergie pour les consommateurs.

De l’opposition à ces mégaparcs éoliens en mer a déjà commencé à se manifester. Des riverains s’inquiètent de l’aspect visuel des tours d’éoliennes, et des pêcheurs craignent pour l’avenir de la ressource. Des environnementalistes émettent aussi des réserves sur l’incidence qu’aura la construction de ces éoliennes géantes, hautes comme un édifice de 80 étages, entre Cap May Point, au New Jersey, et Long Island, à New York.