La contribution que versera Hydro-Québec à Énergir pour compenser la baisse des ventes de gaz naturel de ses clients qui passeront à la biénergie ne suffira pas à absorber entièrement les pertes du distributeur gazier. Les consommateurs de gaz naturel verront eux aussi leurs tarifs augmenter pour éponger une partie du manque à gagner d’Énergir.

La contribution prévue pour les clients d’Énergir est de 0,9 %, qui s’ajoutera à l’augmentation annuelle de leur facture de gaz naturel.

Les clients d’Hydro-Québec contribueront davantage, avec une augmentation de 1,4 % de leur facture d’électricité pour financer la « contribution GES » que la société d’État versera à Énergir pour compenser la baisse des ventes de gaz naturel des clients du distributeur gazier qui passeront à la biénergie.

Une entente conclue entre les deux entreprises et appuyée par le gouvernement du Québec prévoit qu’Hydro-Québec versera ainsi 400 millions à Énergir d’ici 2030 pour diminuer la consommation de gaz naturel et contribuer à l’objectif de réduction des gaz à effet de serre (GES) fixé par le gouvernement.

Les clients d’Hydro-Québec se trouvent à payer pour réduire la consommation de gaz naturel et maintenir la rentabilité d’Énergir, ce qui suscite une vive opposition de la part des consommateurs résidentiels et industriels, de même que des environnementalistes.

« Ce projet est inacceptable », estime Patrick Bonin, de Greenpeace Canada, qui croit qu’Hydro-Québec ne doit pas offrir de compensation à Énergir pour qu’elle arrête de polluer.

« C’est comme si le Québec décidait de compenser les pétrolières pour les pertes de revenus résultant des ventes de voitures électriques », s’insurge-t-il.

Fausser le marché du carbone

Le député de Jonquière, Sylvain Gaudreault, ne comprend pas non plus la logique de l’entente entre Hydro-Québec et Énergir. « Taxer une énergie verte pour maintenir une énergie fossile, ça me dépasse », a-t-il commenté lors d’un entretien avec La Presse.

Celui qui est aussi critique du Parti québécois en matière d’énergie ne comprend pas plus la justification d’Hydro-Québec, qui assure trouver son compte dans cette entente parce que ça lui permettra de réduire ses achats sur les marchés pour répondre à la pointe hivernale.

C’est une justification à courte vue, ce n’est pas ce qu’on attend d’une entreprise comme Hydro-Québec.

Sylvain Gaudreault

Selon lui, l’entente entre Hydro-Québec et Énergir vient déséquilibrer le marché du carbone, qui a été mis sur pied pour inciter les entreprises à réduire leurs émissions de GES. « Énergir, qui est soumise au marché du carbone et doit acheter des crédits pour compenser ses émissions, se fait rembourser ses crédits par Hydro-Québec, illustre-t-il. Qu’est-ce que les autres émetteurs soumis au marché du carbone, qui n’ont pas cet avantage, peuvent en conclure ? »

L’entente entre Hydro-Québec et Énergir est actuellement sous la loupe de la Régie de l’énergie. Comme les autres intervenants qui ont manifesté leur opposition à la Régie, Sylvain Gaudreault estime que les objectifs du gouvernement en matière de réduction des émissions de GES doivent être financés par le Fonds de l’électrification et des changements climatiques, qui a été créé pour ça, et non par les clients d’Hydro-Québec.

Lisez notre article « La facture augmentera pour les clients d’Hydro-Québec »