Son témoignage, publié sur LinkedIn la semaine dernière, a touché beaucoup de gens. L'entrepreneur Karl Magnone y avouait une pression anormale et de l’anxiété vécues en 2021 qui l’ont mené à consulter et à prendre des médicaments pour retrouver l’équilibre. Il implore les gens de s’ouvrir quand la motivation et la joie de vivre s’effritent.

L’année 2021 a été marquée par une croissance plus que désirée de Tite Frette. Des centaines de demandes de potentiels franchisés, l’inauguration finalement de 26 boutiques au Québec, avec une trentaine d’autres d’ici 12 mois. « On avait en tête, pour notre première année, l’ouverture de 10 à 15 boutiques », raconte le président (et cofondateur avec Jérémie Poupart), Karl Magnone. « Finalement, on y est allés par opportunité, par locaux disponibles. »

Mais Karl Magnone sait qu’il peut être difficile de soutenir une croissance de cette teneur, même quand on a les effectifs.

PHOTO FOURNIE PAR KARL MAGNONE

Karl Magnone, président et cofondateur de Tite Frette

Ce fut une année d’apprentissage. Dans de telles situations, on se met énormément de pression pour réussir et on veut aussi que les franchisés réussissent.

Karl Magnone

À une époque exempte de coronavirus et de variants, cette pression de performance aurait eu pour contrepoids une vie sociale meublée de soupers au resto, de soirées au cinéma, de journées de détente au spa et autres voyages. « Pendant la première vague, on avait quatre boutiques de bières de microbrasserie [à Granby, Cowansville, Saint-Hyacinthe et Saint-Jean-sur-Richelieu] à gérer et un réseau de franchises à mettre en place dans une période d’incertitude liée à la COVID. On était déjà tous stressés. »

Puis se sont ajoutés l’intimidation de la compétition et des messages « de haine » d’inconnus, au dire du président de Tite Frette, évoqués dans un article de La Presse, au printemps 2021. Ce qui a presque fait craquer Karl Magnone, mais qui a assurément fait surgir des doutes et une remise en question. Et ce, au moment où une attention médiatique était portée sur l’entreprise. « Je commençais à ne plus être bien avec les gens, à devenir moins sociable, tout me dérangeait, témoigne Karl Magnone. Je sentais un déséquilibre. Face aux commentaires négatifs, quand le temps est anormal, on le prend plus personnel. Ce fut difficile. »

Relisez l'article« L’ambitieuse offensive de Tite Frette », publiée le 10 avril 2021

Le président s’est alors confié à son meilleur ami, qui l’a convaincu de prendre rendez-vous avec son médecin. « Cet ami m’a dit qu’il avait consulté, pris des médicaments et qu’il s’était senti mieux », affirme Karl Magnone.

Les paroles du médecin, après que l’entrepreneur s’est ouvert et décidé à prendre des médicaments lui aussi, lui restent en mémoire : « Dis-toi que c’est temporaire. »

J’avais peur du jugement et de rester là-dessus à vie. Après une semaine de prise de pilules, je ne pouvais dire que je me sentais en pleine forme, mais je me sentais normal. Ça m’a aidé de voir que je n’étais pas seul. Avec mon ami, on s’est motivés. Et je suis passé au travers.

Karl Magnone

Dans un long message publié sur LinkedIn, la semaine dernière, Karl Magnone énumère d’autres trucs qui l’ont aidé à s’en sortir et à retrouver une tête. Il suggère notamment de s’entourer de gens à l’écoute, positifs et expressifs, de bouger, ne serait-ce que 15 minutes par jour, de lire, ne serait-ce qu’un chapitre par jour, de respirer, de télécharger une application contre l’anxiété et le stress, de prendre des vacances à la maison…

Une recette gagnante ? Sa recette. « Elle peut être adaptée à ce qu’on aime », selon Karl Magnone, qui affirme aussi en entrevue avoir appris à lâcher prise entre-temps. « J’ai appris à me laisser aller et me donner une chance. C’est correct de faire des erreurs, que des gens ne soient pas d’accord avec ce qu’on fait. Il faut pouvoir passer par-dessus ça. Je sors de tout cela pas mal plus en forme et prêt à conquérir le monde une bière à la fois. »