Si bien des Montréalais connaissent le château De Ramezay, face à l’hôtel de ville, ils seront nombreux à découvrir dans les prochaines années l’existence d’un second château dans le Vieux-Montréal.

Achevé en 1897, seule gare-hôtel de Montréal jusqu’en 1935, le bâtiment emblématique au sud-est du centre-ville de Montréal a toujours eu du potentiel pour une nouvelle vocation, mais il a longtemps manqué d’amour.

Son propriétaire depuis 2012, Jesta, a dévoilé cette semaine les grandes lignes de son projet de mise en valeur de la propriété de l’ancienne gare du Canadien Pacifique. La Presse a eu droit à une visite de chantier en compagnie d’Anthony O’Brien, directeur général principal de Jesta.

PHOTO ERNESTO LANZA, FOURNIE PAR LE GROUPE JESTA

Tour résidentielle en chantier

Propriété de la famille Aintabi, Jesta bâtit dans la cour arrière du bâtiment historique un ensemble aux vocations hôtelière, résidentielle et professionnelle de près de 1 million de pieds carrés nécessitant des investissements à terme d’environ 500 millions de dollars.

Le promoteur fait preuve d’audace en faisant construire un immeuble de bureaux et un hôtel au moment où les touristes et les travailleurs ont déserté le quartier historique en raison de la pandémie.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Chantier de l’hôtel Hyatt Centric, rue Notre-Dame

Premier du nom au Canada

Créatifs, les architectes Provencher Roy ont placé l’entrée principale de l’hôtel directement dans la rue Notre-Dame, qui emprunte un tronçon suspendu à l’est de la rue Berri. Cette décision créera une nouvelle dynamique sur cette artère en hauteur, qui servait essentiellement de stationnement. M. O’Brien rêve que la Ville en fasse un parc linéaire.

High Line montréalais ou non, les piétons pourront, à partir de la rue Notre-Dame, emprunter un escalier monumental sous une porte cochère et descendre dans la cour intérieure avec la gare-hôtel Viger pour ligne d’horizon.

ILLUSTRATION FOURNIE PAR LE PROMOTEUR

De la rue Notre-Dame, les piétons pourront accéder à la cour intérieure en empruntant un escalier monumental avec vue sur la gare-hôtel Viger.

L’établissement hôtelier, rue Notre-Dame, deviendra le Hyatt Centric Vieux-Montréal, premier au Canada. « L’enseigne vise la clientèle des milléniaux », précise Anthony O’Brien. L’hôtel comprendra 177 chambres, 4500 pieds carrés d’espace de banquet, une piscine et un bar sur le toit avec des vues ainsi qu’un resto branché, tenu par les proprios du Groupe Burgundy Lion, repaire des partisans des Trois Lions pendant l’Euro.

Deux fois la place d’Armes

« Au lieu de densifier le centre du terrain comme d’habitude, explique M. O’Brien, on a préféré densifier la partie est [vers la Molson], pour libérer le centre et faire quelque chose de tellement important pour la collectivité. »

Ce qui était autrefois un stationnement en surface deviendra une cour intérieure piétonne de 36 000 pieds carrés d’une capacité de 5000 personnes pleinement vaccinées. « C’est deux fois plus grand que la place d’Armes », souligne M. O’Brien, pas peu fier de son coup.

Novartis arrive dans le Vieux

Les restrictions liées à la COVID-19 ont vu la population et les entreprises sortir de la ville pour la banlieue. Novartis nage à contre-courant. Attirée par la proximité du centre de recherche du CHUM, elle déménagera son siège social de Dorval en 2022 pour devenir la première locataire du nouvel immeuble de bureaux de 147 000 pieds carrés. Novartis Pharma Canada a signé un bail de 10 ans pour occuper les deux premiers étages (environ 40 000 pieds carrés) et avoir un accès facile à la cour intérieure.

ILLUSTRATION FOURNIE PAR LE PROMOTEUR

Le nouvel immeuble de bureaux sera livré vers la fin de 2022.

Lightspeed double son empreinte

Entreprise technologique ayant le vent en poupe, la société de services informatiques spécialisée en solutions de commerce en ligne loge au château depuis 2015. Elle doublera la superficie de ses locaux et occupera dorénavant la totalité des six étages du 700, Saint-Antoine Est, pour un total de 90 000 pieds carrés. Pour ce qui est de la gare Berri, le long de la rue du même nom, elle a été rénovée elle aussi à l’identique et accueille notamment les bureaux de Jesta et de sa filiale en techno comptant 100 employés.

Tour d’appartements

Les 321 logements locatifs, des studios et des logements d’une chambre essentiellement, occupent à la fois la tour avec sa façade de béton poli de la société Béton préfabriqué du Lac, du Saguenay, de même que les étages se trouvant au-dessus de l’hôtel, rue Notre-Dame. Le bloc placé en porte-à-faux sera doté d’un revêtement de zinc. Au premier coup d’œil, on y voit un conteneur géant, clin d’œil au port voisin.

L’enseigne de l’hôtel, la typologie des logements, la présence du siège social de Lightspeed et l’emplacement du campus créent un environnement taillé sur mesure pour les milléniaux, selon M. O’Brien.