Agnico Eagle et Kirkland Lake Gold se préparent à former un géant aurifère canadien. La Presse a visité la mine la plus spectaculaire du premier producteur d’or au Québec, qui s’enfonce jusqu’à 3 kilomètres sous terre. Suivez le guide.
Exploitée depuis 1988, l’inépuisable mine LaRonde a produit plus de 6 millions d’onces d’or. Plus profonde mine des Amériques, à plus de 3 kilomètres dans le sol, Agnico Eagle doit faire preuve d’ingéniosité et d’une logistique hors du commun pour son exploitation, comme La Presse a pu le constater de visu. À votre tour d’y jeter un coup d’œil.
Situé à mi-chemin entre Rouyn et Val-d’Or, le complexe LaRonde comporte neuf usines (deux concentrateurs, quatre usines de traitement des eaux, deux usines de remblai et une usine en construction de filtration des résidus). Le concentrateur de LaRonde a une capacité journalière de 8100 tonnes, répartis sur deux lieux de production : 5100 tonnes en provenance du Puits Penna et 3200 tonnes provenant sous la fosse LZ5. Le puits Penna, dont on voit le chevalement sur la photo, est le seul puits visible en surface encore en exploitation. Souvent repoussée dans le passé, la durée de vie de la mine est actuellement fixée à 2032.
La journée commence. Il faut d’abord passer au vestiaire se changer. L’exploitation se fait sur deux quarts de travail de 10 heures, 7 jours sur 7, 365 jours par an. Environ 250 mineurs descendent le jour, entre 150 et 175 la nuit et les week-ends.
Ascenseur vers le centre de la Terre. Une première cage amène les travailleurs à 2000 mètres sous terre. Huit voyages sont nécessaires pour faire descendre les travailleurs dans les galeries souterraines.
La cage peut contenir 22 personnes par niveau. Il y a deux niveaux. Elle se déplace à la verticale à la vitesse de 457 mètres par minute. Le trajet dure environ 5 minutes pour atteindre le niveau 206, soit 2060 mètres sous la surface.
Quand on descend si profond, il faut tout prévoir sous terre au nom de la productivité et de la sécurité. Au fil des ans, Agnico Eagle, exploitant de LaRonde, a aménagé une mini-ville souterraine. On voit ici le garage d’entretien d’un parc de 250 véhicules lourds que contient la mine. Des hangars de 10 mètres de haut ont été creusés à même le roc. Un entrepôt de pièces de rechange y a même été aménagé. Pour garder l’environnement de travail propre, du béton a été projeté sur les parois afin d’éviter les poussières causées par l’effritement de la roche.
Dans l’immensité de la mine LaRonde, qui compte près de 300 kilomètres de galeries souterraines, une quarantaine de refuges comme celui-ci ont été aménagés. Ils servent d’abris en cas d’incendie ou d’urgence. Climatisés, les refuges font aussi office de cafétérias et de salles de repos pour les mineurs. Comme il faut de 45 à 60 minutes à chaque travailleur pour se rendre de la surface à son poste de travail, on limite les va-et-vient durant la journée.
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La raffinerie ou l’antre de Lucifer. La Presse a assisté à une spectaculaire coulée d’or. Chauffé à 1100 °C, le concentré d’or s’écoule dans une série de sept briques. Métal lourd, l’or sort le dernier de la cuve et se concentre dans les premières briques du haut, tandis que les impuretés, plus légères, sont expulsées par l’or et se retrouvent dans les briques plus basses.
Le résultat final. Une brique de 700 onces troy de la taille d’une brique d’argile de nos maisons. Dix-neuf fois plus dense que l’eau, une brique d’or pèse près de 22 kilogrammes, ou un peu moins de 50 livres. Elle vaut 1,5 million CAN. Elle prendra le chemin des installations de la Monnaie royale canadienne à Ottawa. Extraire chaque jour 8100 tonnes de minerai à environ 4 grammes d’or par tonne donne au bout du compte environ une à deux briques de 700 onces troy d’or.