Les boursicoteurs n’ont jamais été aussi nombreux et actifs qu’actuellement et la popularité du courtage en ligne risque de se maintenir, surtout si les marchés gardent le cap.

« Nous constatons un engouement sans précédent pour le courtage en ligne », affirme le porte-parole de Desjardins, Jean-Benoît Turcotti.

Plus d’un an après le choc boursier causé par la pandémie, les ouvertures de compte de courtage à escompte continuent d’augmenter à un rythme soutenu.

« Depuis le début de l’année, et pour la dernière année, les volumes de transactions sont 150 % plus élevés », dit François Morin, directeur général des opérations et des affaires corporatives à la BMO pour le Québec et l’Atlantique.

« Les ouvertures de compte ont doublé depuis janvier et sont en hausse de plus de 150 % par rapport à ce qu’elles étaient à pareille date l’an dernier », ajoute-t-il.

François Morin n’hésite pas à dire que les boursicoteurs n’ont jamais été aussi nombreux et actifs dans le marché.

Chez RBC, la direction affirme enregistrer cette année le plus haut taux d’acquisitions trimestrielles de clientèle de son histoire et battre des records de volumes des opérations.

Plus de la moitié de nos nouveaux clients cette année ont moins de 35 ans. Il ne semble pas que ce pic soit causé par la pandémie. Il s’agit plutôt d’un changement générationnel. Ces investisseurs sont à l’aise avec les plateformes numériques et ils aiment faire leurs propres recherches.

Karine Bélanger-Beaudry, porte-parole de RBC

Chez Desjardins courtage en ligne, le nombre de transactions a augmenté de 80 % durant les six premiers mois de l’année, par rapport aux six premiers mois de l’an passé, indique Jean-Benoît Turcotti.

À la Scotia, les dirigeants constatent aussi la popularité grandissante des services de placement par l’internet. Le porte-parole Mathieu Beaudoin parle d’un taux de croissance « significatif » de la clientèle de la plateforme Scotia iTrade depuis 12 mois et d’un « nombre d’activités record ».

« Nous constatons aussi une hausse de l’utilisation de l’application mobile pour les investissements en ligne, particulièrement auprès des jeunes et des nouveaux investisseurs », dit-il.

La tendance semble vouloir se poursuivre, croit de son côté la porte-parole de la Banque Nationale, Stéphanie Rousseau. Le nombre de nouveaux clients a plus que doublé depuis 2019 chez Banque Nationale Courtage direct, précise-t-elle.

La poussée des robots-conseillers

La percée du robot-conseiller Wealthsimple, au Canada, et le passage vers la gratuité par les grands courtiers en ligne américains contribuent à faire mousser l’attrait du courtage en ligne. Mais il y a plus.

« On peut aussi penser aux meme stocks (GameStop, AMC, BlackBerry, etc.) et au fait que beaucoup de gens en télétravail se sentent à l’aise de transiger entre 9 h 30 et 16 h chez eux. Tous les courtiers en ligne avec qui nous travaillons n’ont jamais attiré autant de clients par mois qu’aujourd’hui », dit Julien Brault, créateur de Hardbacon, application de finances personnelles.

La popularité grandissante du courtage direct crée inévitablement une demande pour du service, ce qui force les courtiers à escompte à recruter du personnel.

Au cours des derniers mois, 30 embauches ont été effectuées au cours des derniers mois pour répondre à la demande et nous demeurons actifs sur ce plan.

Stéphanie Rousseau. porte-parole de la Banque Nationale

Les petits investisseurs de détail qui ouvrent des comptes le font alors que les marchés poursuivent leur progression en territoire inexploré.

Le principal indice de la Bourse de Toronto est à un sommet historique ayant dépassé ce printemps la barre des 20 000 points. Le S&P/TSX a pris 16 % jusqu’ici cette année et est maintenant en hausse de 77 % depuis son creux atteint en mars de l’an passé.

Environ 20 % des Canadiens ont aujourd’hui un compte de courtage en ligne, comparativement à 25 % chez les Américains, selon Julien Brault.

L’Amérique du Nord est l’endroit où il y a le plus de « boursicoteurs » par habitant au monde, dit-il, « car on est responsable de notre retraite avec les CELI et REER ici, et avec le 401K et le Roth IRA au sud de la frontière ».

C’est le moyen le moins cher pour investir en matière de frais, que ce soit par l’entremise d’un REER, d’un REEE ou d’un CELI, dit-il.

Julien Brault dit par ailleurs ne pas aimer le terme « boursicoteurs », car ça laisse entendre que ce sont tous des gens qui investissent comme s’ils jouaient au casino.

« Il y en a qui font ça, mais il y a aussi énormément de gens qui ont un portefeuille très simple d’actions ou de FNB indiciels, et qui gardent leurs titres à long terme », dit le patron de l’entreprise en technologie financière montréalaise Hardbacon.

« C’est d’ailleurs le seul moyen de gagner à long terme quand on opte pour le courtage en ligne. Car au-delà des frais, essayer de “timer” le marché est le meilleur moyen de perdre de l’argent. »