Six ans après l’arrivée en Bourse de Shopify, la Caisse de dépôt et placement du Québec a récemment dégagé quelque 200 millions pour acheter ses premières actions du fournisseur de solutions de commerce électronique.

La Caisse s’installe au capital-actions de Shopify

Alors que Shopify publie ce mercredi matin sa performance financière de fin d’exercice, la Caisse de dépôt et placement du Québec vient de révéler qu’elle a récemment dégagé quelque 200 millions pour acheter ses premières actions du fournisseur de solutions de commerce électronique d’Ottawa.

Un document déposé vendredi auprès de la Securities and Exchange Commission indique que le plus important investisseur institutionnel du Québec a acheté un bloc de 155 567 actions durant les trois derniers mois de 2020.

PHOTO KEVIN VAN PAASSEN, ARCHIVES BLOOMBERG

Un document déposé vendredi auprès de la Securities and Exchange Commission indique que la Caisse de dépôt et placement du Québec a acheté un bloc de 155 567 actions de Shopify durant les trois derniers mois de 2020.

Cette participation positionne la Caisse de dépôt au 80e rang des plus importants actionnaires institutionnels de Shopify.

Étonnamment, la Caisse de dépôt n’avait encore acheté aucune action de Shopify depuis l’entrée en Bourse de l’entreprise, il y a six ans. Shopify est aujourd’hui la plus grosse entreprise au Canada avec une capitalisation boursière de 226 milliards, devant la Banque Royale (151 milliards).

Le bloc d’actions de Shopify détenu par la Caisse vaut aujourd’hui près de 300 millions de dollars canadiens. Cette participation valait environ 225 millions en début d’année. La Caisse réalise donc déjà, sur papier, un intéressant retour sur son investissement.

Shopify, dont les services permettent notamment à ses utilisateurs de créer une boutique en ligne, est un chouchou des investisseurs depuis l’inscription en Bourse du titre au printemps 2015. Affichée à la Bourse de Toronto au prix initial de 17 $ à ses débuts, l’action n’a jamais véritablement connu de longue période creuse. Si bien que le titre a atteint la semaine dernière un sommet historique et vaut actuellement 1856 $.

La Caisse de dépôt n’a pas souhaité préciser les raisons derrière sa décision d’investir dans l’entreprise fondée en 2004. « On ne commente pas nos décisions de placements en gestion active », a simplement relayé le porte-parole Serge Vallières.

Cible moyenne

Les experts sont partagés sur la suite devant la performance boursière épatante de Shopify. Seulement 16 des 34 analystes qui suivent officiellement les activités quotidiennes de l’entreprise recommandent l’achat de l’action.

Leur cible moyenne sur un horizon de 12 mois est inférieure d’environ 20 % au cours boursier actuel. Peu importe la performance que Shopify présentera ce mercredi, la situation risque de changer, puisque les analystes ajusteront assurément leurs calculs après avoir discuté avec les dirigeants de Shopify lors de la téléconférence prévue avant l’ouverture des marchés.

Dans un rapport de recherche publié plus tôt ce mois-ci, Paul Treiber, de RBC, disait s’attendre à de bons résultats de fin d’exercice et à une croissance des revenus qui demeure élevée en raison de l’adoption grandissante du commerce électronique et du confinement lié à la pandémie.

Le prolongement du confinement depuis le début de l’année devrait continuer de soutenir les revenus, au moins pour la durée des trois premiers mois de 2021.

Paul Treiber

Les comparaisons devraient cependant devenir beaucoup plus difficiles après le premier trimestre, ajoute-t-il, et les signes de décélération en commerce électronique pourraient restreindre l’expansion des multiples d’évaluation.

« L’ampleur de la décélération au cours des prochains trimestres risque d’avoir une influence significative sur le titre de Shopify en 2021 », estime Paul Treiber.

Les investisseurs devraient apprendre aujourd’hui que le chiffre d’affaires de Shopify continue d’exploser et qu’il dépasse la barre du milliard de dollars canadiens pour les mois d’octobre, de novembre et de décembre.

Les titres de croissance ont profité d’un vent de dos durant les derniers mois, et ç’a certainement été le cas pour Shopify. La taille du marché potentiel est un élément important de la thèse d’investissement favorable à l’entreprise.

Les transactions significatives

Les grands investisseurs institutionnels québécois ont multiplié les transactions au cours du dernier trimestre de 2020, période durant laquelle la découverte d’un vaccin contre la COVID-19 a donné un second souffle au marché boursier. Voici quelques gestes significatifs.

Caisse de dépôt et placement du Québec

Chef des marchés liquides : Vincent Delisle

Siège social : Montréal

Fait saillant : initiation d’une position significative dans Shopify

Autres gestes significatifs

Ajout de 5 millions d’actions de CAE

Ajout de 3,6 millions d’actions de Magna International

Vente de 7,6 millions d’actions d’ExxonMobil

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La Caisse de dépôt et placement a ajouté 5 millions d’actions de CAE dans son portefeuille.

Le plus gros investisseur institutionnel du Québec a bonifié d’environ 50 % sa participation dans la pharmaceutique Pfizer en ajoutant près de 850 000 actions. La Caisse a bonifié de 25 000 % son investissement dans Dollar Tree avec l’acquisition de 2,2 millions d’actions. La position dans Electronic Arts a bondi de 10 000 % avec l’achat de 1,8 million d’actions. Du côté des ventes, soulignons GM (- 1,6 million d’actions), IBM (- 2 millions d’actions) et Oracle (- 2 millions d’actions). La Caisse a aussi vendu près de 1 million d’actions de la Banque Royale dans les trois derniers mois de 2020.

Investissements PSP

Chef des placements : Eduard van Gelderen

Siège social : Ottawa (bureau principal à Montréal)

Fait saillant : réduction substantielle de la participation dans CAE

Autres gestes significatifs

Achat de 1,2 million d’actions d’Alcoa

Achat de 1,5 million d’actions de Scientific Games

Vente de 1 million d’actions de Fitbit

PHOTO MIKE SEGAR, ARCHIVES REUTERS

L’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public (PSP) a abaissé de près de 20 % son placement dans Apple avec la vente de 602 740 actions.

Après avoir majoré de façon importante son investissement dans Fitbit entre les mois d’avril et sde eptembre, la position a été réduite de 30 % entre octobre et décembre. L’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public (PSP) – l’un des grands gestionnaires de fonds pour des caisses de retraite au pays – a aussi abaissé de près de 20 % son placement dans Apple avec la vente de 602 740 actions. La participation dans ExxonMobil a été bonifiée de plus de 70 % dans la dernière étape de 2020.

Fiera Capital

Chef des placements, division canadienne : Nicolas Papageorgiou

Siège social : Montréal

Fait saillant : bonification substantielle du placement dans Telus

Autres gestes significatifs

Vente de 1,7 million d’actions de Shaw Communications

Achat de 1,3 million d’actions d’Orla Mining

Achat de 1,7 million d’actions de WPX Energy

PHOTO FRANK GUNN, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Fiera Capital a bonifié son placement dans Telus.

Le gestionnaire d’actifs montréalais a amorcé une position de 2 millions d’actions dans le spécialiste de la vue Alcon. L’ajout de 370 000 actions de Bausch Health (ex-Valeant) est aussi constaté. Plusieurs participations dans le secteur de l’énergie sont également bonifiées. Notons par exemple les investissements dans Canadian Natural Resources (+ 22 %), Suncor (+ 32 %) et ChampionX Corp (+ 53 %).

Jarislowsky Fraser

Cochefs des actions : Charles Nadim et Kelly Patrick

Siège social : Montréal

Fait saillant : bonification importante de la position dans CAE

Autres gestes significatifs

Achat de 1 million d’actions de la Banque Scotia

Vente de 1,3 million d’actions de Manuvie

Vente de 3,4 millions d’actions de Pembina Pipeline

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Jarislowsky Fraser a acheté 1 million d’actions de la Banque Scotia.

Pour le deuxième trimestre de suite, la firme qui porte le nom de Stephen Jarislowsky, et qui est aujourd’hui une filiale de la Banque Scotia, a bonifié substantiellement son investissement dans CAE. Après l’achat de 2,4 millions d’actions durant les mois de juillet, d’août et de septembre, un bloc de 5,6 millions d’actions a été ajouté en portefeuille durant les mois d’octobre, de novembre et de décembre. Le placement dans Gildan a par ailleurs été abaissé avec la vente de quelque 630 000 actions.

Letko Brosseau

Responsables des placements : Peter Letko et Daniel Brosseau

Siège social : Montréal

Fait saillant : réduction substantielle de la participation dans CAE

Autres gestes significatifs

Vente de 1,5 million d’actions de Manuvie

Vente de 1,3 million d’actions de Teck Resources

Vente de 1,5 million d’actions de Telus

PHOTO LYLE STAFFORD, ARCHIVES REUTERS

Letko Brosseau a vendu 1,3 million d’actions de Teck Resources.

Le poids de Manuvie en portefeuille continue de diminuer chez Letko Brosseau. Le gestionnaire d’actifs montréalais a vendu environ 1,5 million d’actions de l’assureur pour le troisième trimestre de suite. Les documents déposés auprès des autorités montrent aussi que Letko Brosseau a abaissé sa position dans Telus pour le deuxième trimestre de suite. La participation dans Suncor est de son côté majoré de 10 % avec l’ajout en portefeuille de 1 million d’actions.

Hexavest

Chef des placements : Vital Proulx

Siège social : Montréal

Fait saillant : réduction substantielle de la participation dans Apple

Autres gestes significatifs

Vente de 860 000 actions de Pfizer

Vente de 1 million d’actions de Freeport-McMoRan

Vente de 840 000 actions de Bank of America

PHOTO RICHARD DREW, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Hexavest a vendu 860 000 actions de Pfizer.

Les six plus grosses positions ont été réduites de quelque 30 % durant les derniers mois de 2020 : Microsoft (- 226 000 actions), JPMorgan (- 271 000 actions), Apple (- 276 000 actions), Johnson & Johnson (- 200 000 actions), Bank of America (- 840 000 actions) et Amazon (- 6200 actions). Pour le troisième trimestre consécutif, le gestionnaire d’actifs montréalais a aussi liquidé d’importants blocs d’actions de Freeport-McMoRan.

Les grands investisseurs institutionnels sont tenus de déclarer à la Securities & Exchange Commission tous les trimestres le contenu de leurs portefeuilles d’actions qui s’échangent sur les marchés américains. Les titres de nombreuses compagnies canadiennes et québécoises se négocient aux États-Unis, ce qui rend intéressants les documents déposés par les institutionnels québécois. Ces déclarations sont surveillées afin d’obtenir des signaux révélant où les grands investisseurs identifient des valeurs. Les documents portant sur le quatrième trimestre de 2020 ont été déposés dans les derniers jours, ce qui permet de voir comment les gros investisseurs de la province se sont positionnés pour l’arrivée de 2021.