Frappée de plein fouet par la pandémie de COVID-19 et l’effondrement du prix du pétrole, l’Alberta pourrait voir son taux de chômage exploser dans les prochaines semaines, selon le premier ministre Jason Kenney, alors que son gouvernement tape toujours du pied pour obtenir le programme d’aide pour le secteur du pétrole promis par Ottawa.

Le premier ministre albertain a frappé l’imaginaire mardi en indiquant que le taux de chômage de sa province pourrait bientôt atteindre 25 % et même être « significativement » plus élevé que cela. « Ce sera la période la plus exigeante pour notre économie depuis la Grande Dépression. Il n’y a aucun doute », a-t-il déclaré lors d’une conférence téléphonique avec des leaders de l’industrie pétrolière.

Un tel taux ne surprend guère un spécialiste en énergie interrogé par La Presse. « On s’attendait à des chiffres d’une telle grandeur. Mais ça reste choquant de le voir », soutient Andrew Leach, professeur à l’Université de l’Alberta. La province de l’Ouest souffre d’un double problème en raison de la diminution importante du prix du pétrole et de la fermeture des commerces pour éviter la propagation du virus, explique l’expert.

Toutefois, la situation de l’Alberta n’est pas si différente de celle du reste du pays, nuance-t-il. Les autres provinces risquent en effet d’afficher bientôt des taux de chômage jamais vus depuis un siècle. Au Québec, près de 600 000 emplois ont déjà été perdus, a annoncé lundi le gouvernement Legault.

Comme la situation sanitaire change de jour en jour, Andrew Leach juge « impossible » de prédire ce qui va se passer d’ici à la fin du mois dans l’économie canadienne. Le taux de chômage pourrait néanmoins être plus élevé en Alberta, notamment parce que la province affichait déjà un chômage relativement important avant la pandémie. Malgré ses difficultés économiques, l’Alberta a toujours les salaires les plus élevés au pays, relève l’expert.

Le programme d’aide attendu

Mardi, la ministre de l’Énergie de l’Alberta, Sonya Savage, a indiqué attendre toujours le programme d’aide pour le secteur du pétrole et du gaz naturel promis par le gouvernement fédéral. La ministre a affirmé que l’industrie ne voulait pas de renflouement et qu’elle avait seulement besoin d’aide pour faire face aux problèmes de liquidités à court terme causés par le plongeon des prix du pétrole.

Le coût d’un plan de sauvetage de l’industrie pétrolière pourrait atteindre pas moins de 15 milliards de dollars, avançait le Globe and Mail le mois dernier.

Le Nouveau Parti démocratique du Canada a invité mardi le gouvernement Trudeau à offrir plutôt une aide directe aux travailleurs de l’industrie pétrolière et à profiter de la situation pour investir dans les énergies renouvelables.

« Nous devons prioriser les gens ; pas la rentabilité. Ni des garanties de prêts ni des achats d’actions sont des programmes efficaces pour protéger les travailleur.euses et leurs familles », soutiennent les députés néo-démocrates Alexandre Boulerice et Laurel Collins dans une lettre au ministre de l’Environnement fédéral obtenue par La Presse.