On est d'accord, il faut épargner. Plus facile à dire qu'à faire. Tous n'y parviennent pas, en dépit des meilleures intentions.

Cependant, tous nos experts en conviennent: mieux vaut un peu que pas du tout. Il faut amorcer la pompe et y mettre un peu de liquidités. En prendre l'habitude, peut-être le goût.

«Souvent, quand les gens voient un objectif qui à leurs yeux semble inatteignable, ils se découragent et ne font pas d'épargne du tout», affirme Caroline Arel, avocate et responsable du service budgétaire d'Option consommateurs.

Elle recommande d'inclure dans le budget - oh le gros mot! - une épargne minimale, ne serait-ce que 15$ par semaine. On instaure ainsi une discipline qui se transformera bientôt en réflexe.

«Considérez-vous comme votre créancier prioritaire», propose-t-elle.

Le prélèvement automatique

À mesure que la situation financière du ménage s'améliorera, l'épargne suivra la progression.

La méthode la plus efficace demeure le prélèvement automatique, synchronisé avec le dépôt des paies.

Les conseillers budgétaires lancent à ce propos toutes sortes de slogans: «Il faut se payer d'abord.» «Ce qu'on ne voit pas ne fait pas mal.» «On se débrouille très bien avec le reste.»

En effet, il est souvent plus facile de mettre une petite somme chaque mois dans ses REER que de tenter de faire surgir 2000$ du néant en janvier.

«Au fil du temps, si votre revenu augmente et que vous n'avez pas trop d'obligations, augmentez ce montant, suggère Denis L'Hostie, directeur principal, planification financière à la Banque Laurentienne. Une fois que le réflexe d'épargner est développé, quand survient un événement qui augmente les dépenses comme l'arrivée d'un enfant, diminuez le montant plutôt que de cesser complètement l'épargne.»

Faut-il souffrir pour épargner? «Il est certain que les gens qui épargnent vont faire des choix, répond Caroline Arel, d'Option consommateurs. J'ai rencontré quelqu'un dans mon bureau qui avait un budget de près de 1000$ par mois en restaurants et en sorties avec ses amis. Pour réduire ses dettes sur cartes de crédit, je lui ai suggéré de couper dans ses sorties. Elle m'a regardée comme si j'avais dit une insanité. C'est une question de valeurs et d'habitudes de vie.»

Rien ne motive plus à l'épargne qu'un objectif précis, fût-il lointain. Il dépendra de la situation financière et de l'âge de l'épargnant. «Si je parle à des jeunes qui viennent de terminer leurs études, leur objectif d'épargne sera peut-être de s'acheter une maison, décrit Mme Arel.

Pour des personnes plus âgées, ce sera peut-être pour compléter leur épargne de retraite ou même contribuer au REEE de leurs petits-enfants.»

Un vieux truc consiste à définir clairement l'objectif, en affichant une illustration sur le frigo, par exemple.

Chose certaine, plus on commence tôt, moins ça fait mal.

Trop attendre

Certains préfèrent attendre l'âge de 45 ou 50 ans pour lancer leur programme d'épargne, alors que l'hypothèque est acquittée, que les enfants commencent à quitter la maison et que le salaire a augmenté.

«On a souvent tendance à surestimer notre capacité à générer des revenus importants en fin de carrière», prévient Martin Dupras, président du conseil d'administration de l'Institut québécois de planification financière.

«Le risque, c'est qu'après 25 ans de privations, on veuille d'abord profiter un peu de la vie pendant 2 ou 3 ans, et que ces 2 ou 3 ans s'étirent sur 20 ans.»