L'Italie a remporté jeudi un franc succès sur le marché de la dette en émettant 5 milliards d'euros d'obligations à deux ans, son objectif maximum, à des taux en forte baisse, nouveau signe d'une atténuation de la pression sur la péninsule.

Selon le résultat de cette opération communiqué par la Banque d'Italie, le Trésor italien, qui comptait lever entre 3,75 et 5 milliards, a émis 4,5 milliards de certificats zéro coupon à échéance janvier 2014 et 500 millions d'euros de bons du Trésor indexés sur l'inflation à échéance septembre 2014.

Signe de l'atténuation de la pression des marchés, le taux d'intérêt des certificats zéro coupon a fortement baissé à 3,763% contre 4,853% lors de la dernière opération similaire datant du 28 décembre.

Le taux des bons indexés sur l'inflation s'est inscrit de son côté à 3,2% mais la Banque d'Italie ne le compare pas avec celui d'une opération similaire.

La demande a été par ailleurs soutenue en s'élevant au total à 9,1 milliards d'euros.

«Cela s'est très bien passé, le montant levé est en haut de la fourchette», a commenté pour l'AFP Ciaran O'Hagan, stratégiste obligataire de la Société Générale. «Depuis quelques semaines, la situation s'améliore», a-t-il ajouté.

L'Italie, dont c'était le troisième test passé avec succès sur le marché depuis le début de l'année, bénéficie en effet d'une forte détente de ses taux d'emprunt, qui évoluaient après cette émission autour de 6% à dix ans alors qu'ils s'inscrivaient encore fin 2011 autour de 7%, un niveau insoutenable sur la durée.

Elément «très positif» selon Sergio Capaldi, stratégiste d'Intesa Sanpaolo, «les salles de marché nous ont indiqué qu'il y avait eu des achats importants de la part d'investisseurs étrangers», ce qui démontre que le gouvernement de Mario Monti «a réussi à regagner un peu de confiance à l'étranger».

Arrivé au pouvoir mi-novembre, l'ex-commissaire européen a imposé à marche forcée de lourds sacrifices aux Italiens en faisant adopter en décembre un nouveau plan de rigueur, le troisième en six mois, qui doit permettre au pays de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013.

En vue de renforcer le potentiel de croissance, le gouvernement a par ailleurs adopté vendredi dernier un vaste plan de libéralisation de l'économie, malgré la grogne de nombreuses corporations, et planche actuellement sur une réforme du marché du travail.

Cyril Regnat, stratégiste chez Natixis, appelle toutefois de son côté à rester encore «prudent».

«Il y a une volonté politique très forte de réduire le déficit» mais le défi de Rome va être «compliqué» par la «récession» qui risque d'être plus marquée que ce à quoi s'attend le gouvernement.

Le gouvernement italien table sur un repli du PIB de 0,4% cette année mais le Fonds Monétaire International, beaucoup plus pessimiste, a indiqué mardi que la contraction du PIB devrait plutôt atteindre 2,2%.

L'Italie fera face à de nouveaux tests sur le marché vendredi, avec l'émission prévue de 11 milliards d'euros d'obligations à court terme, et lundi, avec l'émission prévue de 5,5 à 8 milliards d'euros de titres à moyen et long terme.

Le pays, qui croule sous une dette colossale de 1900 milliards d'euros (environ 120% de son PIB), compte émettre au total cette année près de 450 milliards d'euros d'obligations.