Le procès-fleuve Galleon pour délit d'initié était jeudi dans sa phase finale à New York, l'accusation et la défense jouant leur va-tout avant de laisser le jury décider de la culpabilité ou non du milliardaire Raj Rajaratnam, seul accusé de l'affaire.

M. Rajaratnam, 53 ans, est accusé d'avoir piloté des transactions illégales, sur la base de «fuites» d'informations confidentielles sur des sociétés cotées, un stratagème qui lui aurait rapporté «environ 45 millions de dollars» entre 2003 et 2009.

Le milliardaire d'origine sri-lankaise, toujours impassible à l'audience dans ce procès qui dure depuis sept semaines, encourt 25 ans de prison et plus de 100 millions de dollars d'amende au total pour 14 chefs d'accusation.

Les plaidoiries finales ont commencé mercredi et devaient se terminer jeudi. Le prévenu est accusé d'avoir payé ceux qui lui procuraient ces informations confidentielles lui permettant de jouer gagnant sur les marchés.

Un avocat de M. Rajaratnam, John Dowd, a accusé jeudi le ministère public d'avoir monté «une fiction» avec l'aide de ces «témoins», qui ont plaidé coupable contre la promesse de peines plus légères.

«La démonstration de l'accusation réside dans la fiction selon laquelle les négociations entre sociétés ne sont jamais rendues publiques avant le communiqué final des entreprises», a-t-il déclaré à l'audience.

«Ce n'est pas ainsi que les choses se passent dans la vraie vie», a-t-il ajouté. La défense assure que l'accusé se basait sur des informations accessibles à tous, ce que dément fermement l'accusation.

M. Dowd a réaffirmé que les anciens collègues et associés du fondateur de Galleon, qui ont tous plaidé coupables, n'étaient pas crédibles. L'un d'entre eux, Adam Smith, un ancien courtier, «a modifié son témoignage tant de fois qu'on ne comprend plus rien», a-t-il relevé.

Un autre, Anil Kumar, un ancien haut responsable du cabinet McKinsey soupçonné d'avoir procuré des informations confidentielles à M. Rajaratnam, et qui avait plaidé coupable dès janvier 2010, «a menti encore et encore dans cette salle d'audience», a-t-il ajouté.

Après la défense, l'accusation a encore droit à des plaidoiries, puis le juge demandera au jury de se retirer. Les délibérations peuvent être très rapides ou durer plusieurs jours.

Pour la deuxième journée consécutive, le procureur fédéral Preet Bharara, un des plus puissants des États-Unis, a assisté à l'audience jeudi, assis au fond de la salle du tribunal.

Mercredi, un des deux procureurs adjoints menant les plaidoiries pour l'accusation, Reed Brodsky, avait harangué le jury en affirmant que Raj Rajaratnam «corrompait amis et employés et se procurait des informations secrètes pour savoir ce qui se passerait le jour suivant, ce qui signifiait beaucoup d'argent».

«Il a commis à plusieurs reprises le crime de délit d'initié», avait-il poursuivi.

La majorité des pièces à conviction sont des enregistrements de conversations. «Vous avez entendu la preuve la plus puissante de la culpabilité du prévenu: sa propre voix», avait-il lancé.

«Son but était non seulement de gagner beaucoup d'argent, mais aussi de conquérir la bourse, d'apparaître comme le meilleur dans le monde des fonds d'investissement à risque», avait encore dit Reed Brodsky.