Le ministre Jim Flaherty a exaucé un des voeux de l'industrie aéronautique canadienne: revoir de fond en comble l'ensemble des programmes visant cette industrie pour en faire un tout cohérent et stable.

«Dans le cadre d'un processus de consultations auquel prendront part l'Association des industries aérospatiales du Canada et ses membres, nous entreprendrons un examen exhaustif de l'ensemble des politiques et des programmes pour élaborer un cadre stratégique fédéral pour maximiser la compétitivité de l'industrie», a annoncé M. Flaherty hier dans son discours sur le budget.

Le ministre des Finances a donné peu de détails sur cette consultation. Les documents budgétaires rendus publics hier indiquent cependant que cet exercice devrait durer de 12 à 18 mois et qu'Ottawa le mènera de concert avec l'examen du soutien fédéral à la recherche et au développement.

L'Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense (ISAD) devrait demeurer le coeur de l'aide gouvernementale accordée à l'industrie. Ce programme de partage de risques peut actuellement compter sur des fonds de 1,1 milliard en 5 ans.

«Le gouvernement a investi efficacement des sommes importantes pour stimuler l'investissement du secteur privé dans cet important secteur de haute technologie et en pleine expansion de notre économie, peut-on lire dans les documents du ministère des Finances. Pour faire fructifier ces investissements, le gouvernement fera en sorte de mettre des fonds stables à la disposition de l'ISAD.»

Marché intérieur

Une autre mesure du budget Flaherty devrait plaire à l'industrie aéronautique: le ministre prolongera d'une année une mesure qui permet à Exportation et développement Canada (EDC) de financer des ventes sur le marché intérieur. En théorie, EDC ne peut financer que les exportations. Par le passé, cette règle aurait pu jouer de vilains tours à Bombardier, qui ne pouvait pas bénéficier de ce financement pour des ventes auprès d'Air Canada, alors que son éternel concurrent Embraer pouvait bénéficier du financement de l'agence brésilienne équivalente pour ses ventes conclues avec le transporteur canadien.

En 2009, le gouvernement fédéral a mis en place une mesure temporaire pour permettre à EDC de fournir la même aide aux entreprises canadiennes sur le marché intérieur.

Selon les documents budgétaires, le gouvernement «examinera le cadre de réglementation régissant les activités d'EDC sur le marché financier intérieur».

«Dans l'intervalle, les pouvoirs provisoires accordés à EDC dans le budget de 2009 sont reconduits jusqu'en mars 2012», peut-on lire.

Le ministre Flaherty avait également de bonnes nouvelles au sujet d'un autre programme prisé par l'industrie aéronautique: le Programme de temps partagé.

Plusieurs entreprises aéronautiques, comme Bombardier et Héroux-Devtek, ont eu recours à ce programme pendant le ralentissement économique pour éviter de perdre des employés expérimentés. Les employés qui acceptaient un horaire de travail réduit pouvaient bénéficier de prestations d'assurance-emploi. Les entreprises devaient cependant prouver que leurs difficultés étaient temporaires et que les affaires devaient ultérieurement reprendre leur essor. Au cours des deux dernières années, 277 000 employés ont profité de cette mesure, tous secteurs confondus.

Le programme prévoyait un maximum de 38 semaines de prestations, mais au plus fort de la crise, le fédéral a haussé ce maximum à 78 semaines. À la fin mars, le maximum devait revenir à 38 semaines.

Le ministère des Finances a annoncé hier que le maximum serait porté à 54 semaines pour les accords de travail à temps partagé en vigueur ou qui viennent d'arriver à échéance.