Une fusée Soyouz emportant quatre nouveaux satellites de la famille O3b a décollé jeudi du Centre spatial guyanais (CSG), selon une retransmission via internet diffusée par la société Arianespace.

Ce cinquième lancement de l'année depuis le CSG a débuté comme prévu à 15h55 heure de Guyane (14h55 heure du Québec).

Il doit permettre de mettre sur une orbite circulaire 4 nouveaux satellites de la constellation O3b, dont la mission est d'offrir un accès internet très haut débit à trois milliards d'habitants de la planète «sous-connectés».

Les satellites seront séparés deux par deux, le premier couple environ deux heures après le décollage et le second une vingtaine de minutes après.

Ils pourront alors rejoindre leurs quatre prédécesseurs qui tournent autour de la Terre le long de l'Équateur depuis juin 2013 et qui ont déjà permis à l'opérateur O3b Networks de commencer ses services aux îles Cook, un petit archipel du Pacifique, depuis mars dernier.

O3b est l'abréviation de «Other 3 billion»: les «trois autres milliards» d'individus habitant des pays du Sud numériquement défavorisés qui, faute de moyens ou d'infrastructures, n'ont pas facilement accès au web.

Quatre satellites supplémentaires devraient être lancés début 2015 pour compléter l'ensemble.

L'idée a germé en 2007 dans l'esprit de l'Américain Greg Wyler, fondateur de l'opérateur de satellites O3b Networks. Pionnier des réseaux de téléphonie mobile 3G en Afrique, il se trouvait alors au Rwanda et se heurtait à la médiocrité du réseau de télécommunications local.

Greg Wyler imagine une parade toute simple: passer outre les coûteuses infrastructures au sol (fibre optique, câble, etc.) en plaçant en orbite autour de l'Équateur une constellation de petits satellites pour servir de relais spatiaux entre les utilisateurs et la Toile mondiale, à l'aide d'antennes paraboliques.

Cette orbite équatoriale permet de couvrir une zone comprenant la totalité de l'Afrique, presque toute l'Amérique latine, le Moyen-Orient, l'Asie du Sud-Est, l'Australie et l'Océanie, donc de nombreux marchés émergents en mal de connexion internet.

Des satellites géostationnaires fournissent déjà ce type de services mais leur coût d'exploitation est généralement élevé. En outre, comme ils tournent à 36 000 km d'altitude, ils ont besoin de davantage de puissance pour émettre, sont plus gros. Les données mettent parfois plus d'une demi-seconde pour effectuer l'aller-retour avec la Terre.

Conçus par Thales Alenia Space, les satellites O3b, eux, sont déployés à seulement quelque 8000 km d'altitude. Plus petits (650 kg chacun contre 4 à 6 tonnes pour un satellite géostationnaire), ils peuvent communiquer avec la Terre quatre fois plus rapidement, moyennant des débits comparables avec la fibre optique, assure l'opérateur.

Selon O3B, les tarifs proposés seront «de 30% à 50% inférieurs à celui des fournisseurs satellitaires traditionnels».