Vous pourrez désormais obtenir un rendez-vous médical en quelques clics, puisque le Guichet d’accès à la première ligne (GAP) est désormais numérique. Au même moment, un bras de fer se dessine entre Christian Dubé et les médecins de famille qu’il veut obliger à prendre en charge davantage de patients vulnérables.

Ce qu’il faut savoir

  • Le Guichet d’accès à la première ligne (GAP) est maintenant offert en version numérique partout dans la province.
  • Québec vise à recontacter les patients en moins de 36 heures.
  • Le ministre Christian Dubé veut obliger les médecins de famille à prioriser la prise en charge de patients orphelins vulnérables.

« Avant, la personne devait appeler, parlait souvent à plusieurs intervenants et attendait longtemps en ligne. Maintenant, les patients peuvent remplir le formulaire web 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », dit en entrevue avec La Presse le coordonnateur des services, Michel Delamarre, qui a pour mandat d’améliorer l’efficacité du GAP.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le coordonnateur de l’accès aux soins, Michel Delamarre

Jusqu’à présent, les personnes en attente d’un médecin de famille ou inscrites à un groupe de médecine de famille (GMF) qui souhaitaient obtenir un rendez-vous médical devaient joindre le GAP en composant le 811 et en sélectionnant l’option 3.

Désormais, elles pourront se rendre au Quebec.ca/GuichetAcces et remplir un questionnaire sur leurs besoins de santé. « Selon son niveau de priorité, on génère un appel à la personne. L’infirmière peut alors évaluer son besoin et le diriger vers le bon professionnel, dont le médecin », dit M. Delamarre.

Le GAP reste toutefois imparfait, admet Québec, qui dit continuer d’améliorer le service chaque semaine. Il manque parfois de rendez-vous médicaux pour les patients, indique M. Delamarre. Pour remédier à la situation, il dit vouloir améliorer l’accès aux autres professionnels que les médecins, comme les physiothérapeutes.

Un retour en moins de 36 heures

Québec vise à donner un retour aux patients en moins de 36 heures, après que le formulaire a été rempli. Le délai est toutefois variable selon les régions et les cas urgents sont traités en priorité. « Certains guichets arrivent [à respecter le délai], et d’autres ont plus de difficulté », indique toutefois M. Delamarre.

Le GAP observe actuellement une hausse des demandes. « Avant, parmi les gens qui appelaient, il y avait un taux d’abandon très élevé, dit M. Delamarre. Ils allaient peut-être aux urgences ou ne traitaient pas correctement leurs besoins. Maintenant, on capte 100 % des demandes, ce qui fait en sorte qu’on a augmenté le nombre de demandes. »

CAPTURE D’ÉCRAN DU SITE WEB DU GAP NUMÉRIQUE

Page d’accueil du Guichet d’accès à la première ligne numérique

Le GAP numérique est aussi disponible pour les personnes qui ont un médecin de famille. Ces patients pourront notamment être orientés vers un pharmacien ou un programme de soutien ou être informés des meilleurs soins à la maison.

Le GAP téléphonique demeure toutefois encore disponible pour les Québécois sans médecin de famille. Les personnes qui préfèrent cette option, ou qui ont besoin d’aide pour remplir le formulaire numérique, peuvent encore composer le 811, option 3. L’option téléphonique est offerte entre 8 h et 20 h du lundi au vendredi et de 8 h à 16 h les fins de semaine et jours fériés.

Patients vulnérables

Par ailleurs, le ministre Christian Dubé veut obliger les médecins de famille à prioriser la prise en charge de patients orphelins vulnérables, comme ceux qui souffrent d’un cancer ou d’autres maladies graves. Le ministre de la Santé veut aussi avoir accès aux données des cliniques médicales pour « agir » sur l’offre.

Le Conseil des ministres a autorisé mercredi en ce sens un projet de règlement visant à mettre en application certaines dispositions de la Loi visant à augmenter l’offre de services de première ligne et à améliorer la gestion de l’offre, adoptée en juin 2022.

« Il y a eu un bel effort des médecins depuis plus d’un an de prendre 900 000 patients qui étaient [sur le Guichet d’accès à un médecin de famille], mais il reste encore […] 13 000 patients vulnérables, et c’est eux qui ont besoin d’une prise en charge par le médecin », a expliqué mercredi le ministre.

En 2022, le gouvernement Legault et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) ont conclu une entente pour la prise en charge d’au moins 500 000 patients orphelins en déployant notamment le Guichet d’accès à la première ligne (GAP) qui permet à un patient sans médecin de famille d’être pris en charge par un GMF, et non un seul omnipraticien.

Il y a un an, le nombre de patients vulnérables inscrits au GAP tournait autour de 40 000, a indiqué M. Dubé.

« Je veux ramener ça à zéro », a illustré le ministre de la Santé, sans préciser d’échéancier. Christian Dubé n’accompagne pas non plus cette nouvelle obligation de sanctions ou de pénalités pour les médecins de famille.

La FMOQ accueille la décision de Québec de procéder par règlement « avec incompréhension et grande déception ». « On tente aujourd’hui de faire porter l’odieux aux médecins de famille alors que c’est l’échec du mammouth dans ce dossier-là », a indiqué le président de la FMOQ, le DMarc-André Amyot, qui impute plutôt au réseau de la santé la mauvaise répartition des patients orphelins.

La FMOQ s’était farouchement opposée à la loi du ministre Christian Dubé et avait même demandé son abandon complet. Selon le syndicat de médecins de famille, le texte législatif « bafouait » le processus normal d’une négociation et était une « gifle incompréhensible » aux omnipraticiens.

Pour sa part, le Collège des médecins s’est montré plutôt favorable aux intentions du ministre Christian Dubé, mercredi. « Nous favorisons les mesures qui donneront davantage d’accès au public à la première ligne de soins ou élargiront les services sur le territoire. Cela s’inscrit dans notre vision de soins de santé de qualité et dans une responsabilité sociale des professionnels de la santé envers la population qu’ils desservent », a-t-on indiqué.

Le projet de règlement sera publié dans la Gazette officielle d’ici deux semaines. Une période de consultations de 45 jours suivra ensuite sa publication.