Deux chercheuses ont conçu une carte des risques d’infection à la maladie de Lyme en Estrie qui tient compte du nombre de tiques infectées dans un secteur et des comportements préventifs adoptés par la population, un élément rarement pris en compte dans les cartes de risques.

Parmi les 20 municipalités les plus à risque, 18 se trouvent dans les réseaux locaux de services de la Haute-Yamaska et de la Pommeraie. Sherbrooke, Bromont, Cowansville, Granby et Sutton figurent sur cette liste.

« On est dans des massifs forestiers, des quartiers [de résidences] à flanc de montagne. Cette géographie fait en sorte que les gens ne s’exposent pas seulement quand ils font des sorties dans les parcs, mais aussi chez eux, dans leur cour arrière. On parle de “ péridomestique ”, c’est-à-dire qu’il y a beaucoup d’expositions autour de la maison », explique Catherine Bouchard, co-conceptrice de la carte et professeure à la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.

Les comportements préventifs — utiliser un insectifuge à base de DEET, prendre un bain ou une douche et examiner son corps après une visite dans un secteur à risque, notamment — s’avèrent particulièrement importants. « Ça peut faire LA différence », souligne Cécile Aenishaenslin, coautrice de la recherche, qui rappelle qu’une piqûre de tique ne donne pas automatiquement la maladie de Lyme.

Risque de transmission

« Quand on parle de maladie de Lyme, la tique [infectée] doit rester accrochée plus de 24 heures pour que le risque de transmission de la bactérie soit significatif. Ce n’est pas impossible qu’elle la transmette avant, mais plus elle reste accrochée longtemps, plus la probabilité qu’elle vous transmette l’infection est grande. En bas de 24 heures, le risque est minime », précise la Dre Aenishaenslin.

À Bromont, de 12 à 13 % des tiques sont infectées. Si une tique reste accrochée un peu plus de 24 heures, les pharmacies dans les zones à risque peuvent prescrire un traitement préventif dans les 72 heures suivant une morsure.

En scrutant les mesures de prévention adoptées par 10 000 personnes qui ont participé à l’étude, les chercheuses ont constaté que les environnements où il y a les plus fortes densités de tiques ne sont pas nécessairement les endroits où les taux de transmission de la maladie de Lyme sont les plus élevés. Cela dépend également si les moyens de prévention sont appliqués.

Pour la Santé publique et les municipalités

Les Dres Bouchard et Aenishaenslin ont donc conçu leur carte pour la Santé publique et les municipalités afin que celles-ci puissent mener des campagnes de sensibilisation auprès de la population ou pour qu’elles essaient d’éliminer des tiques de l’environnement, par exemple.

« Si on se trouve dans un secteur à forte densité de population, qu’il y a beaucoup de tiques, mais que les comportements sont moins bons, ça devient prioritaire de faire des interventions », explique la Dre Bouchard, qui est aussi vétérinaire épidémiologiste à l’Agence de la santé publique du Canada.

Actuellement, les municipalités peuvent couper les herbes hautes en bordure des sentiers les plus fréquentés afin de réduire les risques de transmission de la maladie de Lyme. Elles peuvent également installer des affiches pour avertir la population de la présence de tiques dans les parcs et les forêts.

« Des villes comme Bromont le font déjà, affirme la Dre Aenishaenslin. Ce sont des affiches un peu comme celles que l’on voit pour l’herbe à puce. Si on voit un de ses panneaux, on le sait, on va rester au milieu du sentier et on ne laissera pas nos enfants jouer dans les feuilles mortes. »

Précision
Dans le dernier paragraphe du texte, « herbe à poux » a été modifié par « herbe à puce ». Nos excuses.

Voyez la carte sur le site de ScienceDirect (en anglais)