(Salaberry-De-Salaberry-de-Valleyfield) Lancé en février 2022, l’ambitieux projet du gouvernement du Québec de recruter 1000 infirmières à l’international est en voie de se concrétiser. Si tout se déroule comme prévu, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) prévoit enclencher la phase 4 de son plan l’automne prochain et dire « mission accomplie ».

D’après les plus récentes données obtenues auprès du MSSS, les candidates continuent d’arriver par centaines de Tunisie, du Cameroun, du Maroc, d’Algérie, du Liban ou d’Haïti, pour ne nommer qu’une partie des nombreux pays de la francophonie visés par l’opération.

Il faudra toutefois encore patienter quelques mois avant de constater l’impact du programme dans les établissements de santé. Comme le prévoit le processus, les professionnelles en soins sont recrutées dans leur pays d’origine et embauchées par un CISSS ou un CIUSSS.

Ces candidates doivent par la suite subir un test de maîtrise de la langue française, puis être évaluées par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) afin de s’assurer de leur niveau de compétence adéquat. L’OIIQ émet alors une prescription de formation personnalisée pour chaque candidate afin d’accélérer leur parcours scolaire une fois au Québec.

À leur arrivée dans la Belle Province, ces professionnelles doivent suivre un programme de mise à niveau dans un établissement d’enseignement afin de se familiariser avec les pratiques en place dans le réseau de santé. Ce programme est d’une durée d’environ un an, puis les nouvelles arrivantes doivent obtenir leur droit de pratique en réussissant l’examen d’accès à la profession infirmière de l’OIIQ.

Ainsi, les premières infirmières recrutées à l’étranger dans le cadre de ce programme devraient entrer en fonction vers la fin de l’année 2023.

D’après les plus récentes données obtenues auprès du MSSS, la phase 1 du projet avait permis d’accueillir 205 personnes entre les mois de septembre et de novembre 2022. Ces professionnelles devraient donc pouvoir exercer la profession infirmière au Québec vers la fin de l’automne prochain.

Suivront ensuite les candidates sélectionnées lors de la phase 2, soit 240 personnes accueillies entre les mois de janvier et d’avril 2023. Puis, on attend une autre cohorte de 202 recrues pour la phase 3 entre les mois de mai et de juillet prochains. Finalement, la phase 4 compte actuellement un nombre estimé de 377 personnes dont le début de la formation est prévu pour l’automne 2023.

Devant cet afflux de professionnelles prêtes à tout quitter pour s’installer au Québec et travailler dans le réseau de la santé, on pourrait se demander si elles sont bien au courant des conditions de travail actuelles et du climat de tension entre le personnel et la direction dans les établissements de soins.

Or, deux étudiants au programme de mise à niveau du Cégep de Salaberry-de-Valleyfield, rencontrés par La Presse Canadienne, confirment que les nouvelles ont trouvé leur chemin jusqu’au Cameroun, mais que cela ne les effraie pas.

« Ça ne m’inquiétait pas, j’ai déjà de la famille ici, répond Emelda Tabot. J’ai une cousine qui travaille dans la santé comme infirmière, alors elle me disait comment ça se passait. Elle m’a dit : “Si je le fais, tu peux le faire aussi”. »

Mme Tabot, spécialisée dans les soins aux aînés, assure que sa cousine n’a jamais cherché à la décourager de venir, au contraire. « Elle m’a plutôt encouragée. Elle m’attendait même à l’aéroport ! », raconte celle qui se plaît déjà à travailler à temps partiel comme préposée aux bénéficiaires dans un CHSLD en marge de ses études.

Pour Étienne Ndzana, qui travaillait au bloc opératoire dans un hôpital de Yaoundé, les longues heures n’ont rien de nouveau.

« On essaie de lire ce qui se passe ailleurs. On avait des informations par les réseaux sociaux. On savait que les heures sont comme ça, mentionne-t-il. Au Cameroun aussi, on a de longues heures de travail. Il y a des services où vous ne pouvez pas partir. »

L’homme qui compte environ neuf ans d’expérience comme infirmier a des airs d’éternel optimiste. Il se décrit surtout comme un passionné des soins.

« Je pense que quand on aime quelque chose, on ne voit pas le temps passer. J’aime la médecine et en soignant la personne humaine, en lui administrant les soins, je ne vois pas le temps passer. Le temps vous importe peu, c’est la maladie ou la douleur que vous voulez épargner qui compte beaucoup plus », croit-il.

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