Québec a atteint son objectif d’inscrire plus d’un demi-million de personnes à des groupes de médecine familiale (GMF) avant la date prévue, se réjouit le ministre de la Santé Christian Dubé. Prochaine étape : s’assurer que tous les Québécois aient accès à des services médicaux rapidement en cas d’urgence.

Au total, 507 000 Québécois de plus ont été inscrits à des groupes de médecine familiale en date du 23 février, a annoncé vendredi M. Dubé. Une cible atteinte près d’un mois avant la date butoir que s’était fixée le ministre, soit le 31 mars. « Rappelez-vous, il y a un an, personne ne pensait qu’on allait réussir cet objectif-là, et on disait que les sceptiques seraient confondus », se remémore M. Dubé en entrevue avec La Presse.

« Je pense qu’il faut surtout remercier tous les omnipraticiens de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) qui ont accepté de relever un défi qui semblait impossible », ajoute-t-il.

La prise en charge des patients québécois par des groupes de médecine familiale (GMF) plutôt que par des médecins de famille est un « gros changement de paradigme » dans le système de santé québécois, rappelle M. Dubé.

Un patient pris en charge par un GMF peut être suivi par un médecin, mais aussi une infirmière spécialisée ou un pharmacien, explique-t-il. « Initialement, je ne m’en cache pas, ce qu’on voulait, c’était une prise en charge uniquement par des médecins parce que ça a toujours été la règle [dans le système de santé]. »

Mais des discussions en commission parlementaire ont convaincu le ministre d’élargir cette approche à d’autres professionnels. C’est dans cette foulée que la cible d’inscrire 500 000 Québécois à un GMF avant le 31 mars 2023 avait été établie, en partenariat avec la FMOQ.

Une approche « payante », selon le ministre, notamment parce que les médecins ne portent plus seuls le poids de toute leur clientèle. « Si votre médecin est en vacances ou s’il est malade ou peu importe, les gens ce qu’ils veulent c’est voir un professionnel dans un délai très raisonnable », illustre M. Dubé.

Encore 600 000 patients « orphelins »

Cette annonce ne signifie pas que tout soit réglé, reconnaît Christian Dubé. Encore 600 000 personnes sont considérées comme des patients « orphelins », c’est-à-dire qu’ils n’ont pas de médecins de famille ou de GMF attitrés.

Le déploiement du Guichet d’accès à la première ligne (GAP) permet une meilleure prise en charge de ces patients, estime le ministre. À l’heure actuelle, le GAP traite environ 20 000 appels par semaine, dévoile M. Dubé, une statistique qui prouve, selon lui, l’efficacité du système. « C’est énorme, parce que ce sont des gens qui ne savaient pas où appeler et qui ne savaient pas quoi faire parce qu’ils n’avaient pas de médecins. »

Les patients pris en charge par un GMF peuvent d’ailleurs aussi contacter le GAP et se faire référer au meilleur endroit en fonction de leurs besoins.

« On est vraiment dans ce qu’on appelle la pertinence, et c’est ça qui a fait que les médecins étaient prêts à faire des prises en charge supplémentaire, parce qu’il y a un triage sur la pertinence qui se fait par le GAP. »

Ne pas s’asseoir sur ses lauriers

La cible à peine atteinte, le ministre de la Santé convient qu’il ne peut pas s’arrêter là. Et à ce point-ci, la question de la rapidité de l’accès aux soins est primordiale.

« Si vous avez besoin d’un rendez-vous annuel, vous vous en foutez un peu, que ce soit dans deux semaines ou dans un mois, remarque M. Dubé. Mais si vous avez un cas que vous jugez urgent, vous ne voulez pas que ça prenne trois mois. Ça, c’est notre prochaine étape : de livrer [les soins] dans des délais raisonnables pour ceux qui ont une prise en charge. C’est l’objectif de la prochaine année », affirme-t-il.

Le but sera donc de s’assurer qu’un certain nombre de rendez-vous sont réservés pour pouvoir être attribués dans des délais de 36 heures, pour les personnes qui ont besoin d’une consultation rapide.

Une amélioration qui pourrait prévenir les files d’attente dans les urgences du Québec, renchérit le ministre.

« Quand on veut faire des changements, comme on le fait en ce moment dans le réseau, des succès comme celui-ci, ça encourage les gens à se dire : “bon Dieu, on est capable”, conclut M. Dubé. C’est pour ça que oui, c’est une bonne nouvelle, et que c’est encourageant pour les autres changements qu’on met en place. »