« Préoccupé » par les informations voulant qu’un patient ait pu être privé d’accès aux soins palliatifs, le Collège des médecins déclenche une enquête sur les circonstances de la mort d’Andrée Simard, fin novembre 2022, au Centre hospitalier de St. Mary. « La situation relatée dans les médias et commentée par l’établissement préoccupe le collège », affirme l’organisme dans sa publication en ligne.

Dans le procès-verbal de la dernière séance de son conseil d’administration, le 17 février dernier, le Collège explique sa décision. Le 20 janvier dernier, La Presse avait fait écho aux doléances de la fille de Mme Simard, veuve de l’ex-premier ministre Robert Bourassa, « relatant le refus du Centre hospitalier [de] St. Mary d’administrer des soins palliatifs à une patiente en fin de vie ». Mme Simard « serait décédée au terme de trois jours de souffrances indicibles et de profonde détresse ».

La publication de l’article et de la lettre publique de Mme Michelle Bourassa a « déclenché de nombreuses critiques à l’égard du centre hospitalier, dont celles du ministre de la Santé et des Services sociaux qui a présenté ses excuses au nom du réseau », rappelle-t-on.

PHOTO PIERRE MCCANN, ARCHIVES LA PRESSE

Andrée Simard et Robert Bourassa lors de la réélection de ce dernier, en septembre 1989

Mme Bourassa dénonçait le fait que sa mère s’était vu refuser les soins palliatifs parce qu’elle ne pouvait être admise à cette unité. Le secteur des soins palliatifs à St. Mary est voisin du département d’oncologie ; comme Mme Simard avait eu la COVID-19, on craignait que la proximité ne puisse contaminer les patients cancéreux, à l’immunité diminuée. Informé par La Presse, le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal avait, fin janvier, annoncé un changement à cette procédure ; les soins palliatifs, la sédation continue notamment, pourraient être accessibles dans les autres secteurs d’un établissement.

Michelle Bourassa « satisfaite »

Jointe vendredi, après la confirmation de la démarche du Collège, Michelle Bourassa s’est dite « satisfaite » : « Je vais témoigner de bonne foi si j’y suis appelée. » La fille de l’ex-premier ministre a lancé un groupe de pression, #mortensilence, pour dénoncer cette situation, « pour que les gens se manifestent ». Mme Bourassa a souligné que les commissaires du CIUSSS avaient déjà lancé une enquête, dont les résultats sont toujours attendus. « Je leur ai donné les noms des médecins, ils m’ont dit qu’ils communiqueraient avec moi », a-t-elle indiqué.

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Andrée Simard (au centre), flanquée de ses enfants Michelle et François Bourassa, en 1999

Pour le Collège, une médecin à la retraite du Centre universitaire de santé McGill sera chargée de tirer l’affaire au clair. Elle devra faire une évaluation préliminaire de l’organisation des services et de la qualité des soins de fin de vie à St. Mary, « notamment dans la situation dont les médias ont fait état », insiste le conseil d’administration du Collège.

Critiques « précipitées »

Dans son procès-verbal, le Collège relève aussi que l’Association des médecins, dentistes et pharmaciens de l’hôpital, appuyée par le conseil des gouverneurs de l’établissement, avait soutenu, dans une lettre le 2 février, que « les critiques à l’égard de l’établissement [étaient] précipitées ». L’association qui représente les médecins de St. Mary avait soutenu que « la condamnation de l’hôpital […] sans aucune forme d’examen indépendant était inappropriée ».

Le Collège des médecins, en vertu de l’article 16 de la Loi médicale, peut faire mener des enquêtes sur la qualité des soins médicaux dans les hôpitaux. Dans leur lettre, les médecins de St. Mary avaient affirmé : « Suggérer que nous sommes opposés à des soins palliatifs adéquats est inexact et préjudiciable à la confiance de notre population. »

Pour Mme Bourassa, dès le début de la controverse, le Centre hospitalier de St. Mary avait fait savoir « qu’il révisait ses pratiques ». Le ministre Christian Dubé s’était excusé au nom du gouvernement. Aussi, par la suite, l’intervention des « gouverneurs », des membres du conseil d’administration, « était totalement inappropriée », estime-t-elle.

Lisez l’article « Mort d’Andrée Simard : dans la douleur et la détresse »