L’établissement pourrait se concentrer davantage sur le développement de soins ambulatoires.

Seul hôpital historiquement francophone de l’ouest de Montréal, l’hôpital de Lachine pourrait être converti pour développer plus activement ses soins ambulatoires. Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM), responsable de l’établissement, étudie actuellement deux scénarios, dont celui de miser davantage sur des cliniques pour le suivi de maladies chroniques.

« Ça fait quatre ans qu’on a de la misère à maintenir les services à Lachine », indique la présidente-directrice générale adjointe du CUSM, Martine Alfonso. Celle-ci affirme que des « travaux sont en cours » pour fixer l’avenir de l’hôpital de Lachine. On tente de déterminer quels sont les besoins afin de pouvoir maintenir la vocation d’hôpital communautaire de l’établissement. « On regarde aussi la possibilité d’un plan numéro deux. Pour en faire un centre plus ambulatoire », dit-elle. Selon ce scénario, les patients qui seraient hospitalisés seraient plus stables d’un pont de vue clinique.

Ce plan a été présenté aux équipes de l’hôpital de Lachine jeudi. Selon deux sources présentes dans la salle, le mécontentement était palpable. Le DPaul Saba, qui se bat depuis des années pour préserver les services à l’hôpital de Lachine, déplore que la mission de cet établissement important entre autres pour la clientèle francophone de l’ouest de Montréal soit constamment menacée.

Selon lui, « les études ont déjà été faites depuis 17 ans et la conclusion est la même ». Soit que l’hôpital de Lachine doit rester un hôpital communautaire.

En novembre 2021, le Conseil des médecins dentistes et pharmaciens de l’hôpital de Lachine avait passé une résolution avec l’appui de 89 % des membres pour préserver la mission communautaire de l’établissement, dans lequel le gouvernement a investi ces dernières années 200 millions de dollars pour des rénovations.

Seulement des opérations d’un jour

La semaine dernière, le CUSM annonçait une « réorganisation des services » pour l’hôpital de Lachine en expliquant que ces changements étaient nécessaires notamment par manque de personnel. On annonçait entre autres une fermeture partielle des urgences. ⁠1

Le CUSM prévoyait aussi qu’à partir du 20 février, seules les opérations d’un jour soient réalisées à Lachine. Cette demande a fait bondir les chirurgiens de l’établissement. Il s’effectue chaque semaine cinq ou six opérations complexes à Lachine, comme des interventions bariatriques, des cas de chirurgie générale ainsi que des reconstructions en urologie. Les chirurgiens déploraient le manque de solutions de rechange pour leurs patients qui verraient leur opération reportée.

Devant ces protestations, le CUSM a finalement décidé de conserver ses activités chirurgicales intactes pour la semaine du 20 février. Mais Mme Alfonso le reconnaît : « Il n’y a rien de sûr après le 27 février à 23 h 59. »

Pour l’instant, la solution proposée est que les médecins désirant effectuer des opérations complexes à Lachine après le 27 février puissent le faire seulement s’ils peuvent garantir d’être eux-mêmes physiquement présents tout au long du séjour hospitalier de leur patient. Cette garde devra toutefois être faite de façon bénévole.

Déjà, la semaine dernière, la Dre Ngoc-Van Nguyen, chirurgienne générale, disait craindre que l’hôpital de Lachine ne soit à terme condamné à ne réaliser « que des chirurgies d’un jour ».

Mme Alfonso assure que toutes les options seront analysées afin de garder la vocation d’hôpital communautaire de l’hôpital de Lachine. « Mais si ce n’est pas possible, on va voir », dit-elle. Une décision est attendue d’ici la fin avril.

Avec la collaboration de Fanny Lévesque, La Presse

1. Lisez « Arrêt des services ambulanciers et fermeture partielle des urgences »

Ce texte a été modifié pour préciser que le deuxième scénario pour l’hôpital de Lachine prévoit de développer plus activement les soins ambulatoires, mais de conserver tout de même des lits d’hospitalisation pour des patients plus stables.