Dû au manque de main-d’œuvre et de ressources, l’Hôpital de Lachine, dans le sud-ouest de Montréal, a annoncé arrêter dès mardi de recevoir des ambulances dans l’établissement. La salle des urgences cessera également ses opérations la nuit.

Plusieurs facteurs ont contribué à prendre cette décision, dont des problèmes de stabilisation de la main-d’œuvre et la diminution du volume d’activités à l’hôpital, a indiqué en entrevue avec La Presse la Dre Claudine Lamarre, directrice des services professionnels du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

« La couverture [de garde des médecins] n’était plus suffisante pour assurer des soins sécuritaires à la clientèle qui pouvait se présenter aux urgences », a-t-elle ajouté.

Les urgences seront désormais ouvertes entre 8 h et 22 h, uniquement à la clientèle qui se rend par ses propres moyens à l’hôpital. En tout temps, les ambulances n’auront plus accès à l’hôpital et seront redirigées vers d’autres établissements de santé. « De jour, on avait seulement trois à quatre ambulances qui étaient reçues à l’Hôpital de Lachine en moyenne, donc on ne parle pas de très grands volumes », dit la Dre Lamarre.

Le CUSM évalue la possibilité que l’hôpital de Lachine devienne un hôpital communautaire ou se concentre sur les soins ambulatoires, soit des soins et services spécialisés aux patients qui ne sont pas hospitalisés.

De nombreuses réactions

Mardi matin, des médecins, des infirmières et des dizaines de citoyens s’étaient rassemblés, pancarte à la main, pour dénoncer cette fermeture partielle.

« Dans le contexte où toutes les urgences à Montréal débordent, comment peut-on se permettre de restreindre l’accès à l’urgence de l’Hôpital de Lachine », a déclaré le DPaul Saba, président du comité « Hôpital communautaire Lachine », lors d’une conférence de presse mardi matin en bordure de l’hôpital.

« La fermeture du service d’urgence et d’ambulances à Lachine entraînera des déplacements plus longs et des temps d’attentes plus longs dans les autres hôpitaux. Ça signifie qu’un patient pourrait être plus malade au moment où il sera reçu dans un autre hôpital et il pourrait même en mourir », a déclaré le DSaba.

« Complètement renversé »

« Ce dont la population a besoin, c’est un accès en tout temps à un service d’urgence », a déclaré le DDaniel Laliberté, médecin omnipraticien qui travaillait jusqu’à tout récemment depuis 25 ans à l’Hôpital de Lachine. Il s’est dit « complètement renversé » par cette fermeture de nuit.

« D’apprendre cette nouvelle-là me met hors de moi. C’est frustrant », renchérit Jade Cuerrier-Loiselle, infirmière depuis 15 ans à l’Hôpital de Lachine. À ses côtés, Josée Théoret, infirmière aux urgences depuis 39 ans, s’est dite « complètement anéantie ».

Mme Théoret soutient que les urgences de l’Hôpital de Lachine sont essentielles. « Je viens de sauver un enfant de neuf mois. On l’a sauvé in extremis avec une opération à cœur ouvert. Il y a plein d’exemples comme ça que je pourrais nommer », dit-elle.