Accusée de bloquer le déploiement de soins palliatifs à domicile, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) s’en défend et affirme que c’est plutôt le manque d’infirmières et de préposés qui est en cause.

Dans une entrevue publiée dans La Presse dimanche, la Dre Geneviève Dechêne, qui s’apprête à prendre sa retraite après une carrière consacrée aux soins palliatifs, a soutenu que si les Québécois sont si peu nombreux à mourir à la maison comparativement au reste du Canada, c’est en grande partie parce que la FMOQ, par sa rémunération, décourage ses professionnels de se lancer dans cette pratique.

Plus encore, la Dre Dechêne dénonce le fait que depuis 2019, le gouvernement a imposé une limite de sept jours au suivi médical à la maison au-delà desquels le médecin se trouve dans l’illégalité, alors qu’une personne en fin de vie a besoin de soins pendant plusieurs mois.

Le DMarc-André Amyot, président de la FMOQ, reconnaît une chose : il faut que soit corrigée l’entente avec le gouvernement qui, selon lui, a été interprétée « de façon restrictive par certains médecins ».

Dans l’entente, explique-t-il, il est indiqué que les soins palliatifs à domicile devraient en général être prodigués environ sept jours. « Mais ça ne veut pas dire, au 8e ou au 14e jour, que le carrosse se transforme en citrouille. L’intention des parties – le Ministère et nous –, ce n’était pas d’être limitatif. On est en train de corriger ça. »

Seul un Québécois sur dix meurt à la maison, alors que c’est le cas d’environ 30 % des autres Canadiens. Le DAmyot estime que les médecins n’en sont pas responsables.

Selon la FMOQ, au moins 232 médecins prodiguaient des soins palliatifs à domicile en 2019-2020, auxquels s’ajoutent d’autres médecins œuvrant en CLSC et qui se rendent disponibles aussi pour des soins de fin de vie.

Le manque de médecins n’explique pas tout

Il manque de médecins partout, rappelle le DAmyot, mais cela n’explique que 10 % à 15 % du problème, selon lui. Si de plus nombreuses équipes de soins palliatifs à domicile ne peuvent être déployées, c’est d’abord en raison de la pénurie d’infirmières et de préposés.

Le DAmyot fait aussi valoir qu’à l’extérieur des grands centres, la population est insuffisante pour justifier la mise en place d’équipes de soins palliatifs à domicile qui se consacreraient totalement à cette pratique.

Cela ne signifie pas, poursuit-il, que seuls les citadins puissent aspirer à mourir à la maison, mais bien qu’à l’extérieur des grandes villes, ce seront des équipes polyvalentes qui feront toutes sortes de soins à domicile qui pourraient s’en charger.

Le DAmyot dit qu’il serait souhaitable que plus de gens puissent mourir à la maison, si tel est leur souhait, et que l’argent n’est certes pas en cause.

Il note que des sommes consacrées à cette pratique restent même inutilisées, faute de personnel.