Depuis huit mois, des infirmières des soins intensifs de l’hôpital de LaSalle ne peuvent ni faire de pause ni prendre le temps de manger, en raison d’un important manque d’employés. Pour résoudre temporairement la situation, le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal fait appel aux volontaires dans les autres secteurs de l’hôpital.

Depuis mai dernier, deux infirmières sont responsables des cinq lits du service de soins intensifs de l’hôpital de LaSalle. Face à un important manque de personnel, le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal a aussi fermé trois lits de l’unité.

La situation, censée être temporaire, se poursuit toujours aujourd’hui, et les impacts pèsent lourd sur les employées.

« Depuis le mois de mai, les infirmières des soins intensifs ne peuvent plus prendre de pause ni de temps de repas, parce que c’est impossible de quitter le département et de laisser une seule infirmière pour cinq patients », dénonce Johanne Riendeau, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de santé de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal.

Voyant la situation perdurer, « des infirmières des soins intensifs ont déposé une plainte à la CNESST », a indiqué Mme Riendeau.

La CNESST a confirmé à La Presse avoir ouvert un dossier relatif aux soins intensifs de l’hôpital de LaSalle en novembre 2022, sans donner plus de détails.

Le CIUSSS confirme que ce problème touche principalement les quarts de soir et de nuit. « Lorsque les infirmières ne peuvent pas quitter l’unité pour prendre leurs pauses, car nous n’avons pas le personnel infirmier nécessaire pour les remplacer, elles sont rémunérées à taux et demi », a indiqué la relationniste, Hélène Bergeron-Gamache.

Plan d’action

Le CIUSSS soutient avoir mis en place un plan d’action pour répondre à l’enjeu du manque d’infirmières aux soins intensifs, notamment en faisant appel au volontariat dans les autres secteurs de l’hôpital.

Les infirmières du bloc opératoire ont refusé cette semaine d’aller en renfort aux soins intensifs pour une période de trois mois, craignant de lourdes conséquences sur leur propre département, ainsi que « sur leur santé physique et psychologique ».

« Après discussion parmi [tous] les infirmières, infirmiers et infirmières auxiliaires du bloc […], il y a eu consensus mutuel que nous refusons catégoriquement le déplacement aux soins intensifs », ont déclaré les infirmières dans un courriel envoyé mercredi aux cadres, obtenu par La Presse.

Depuis trois ans, ces infirmières ont déjà prêté main-forte à divers départements. « L’épuisement des dernières années a fragilisé notre équipe et il est primordial d’assurer la durabilité de notre équipe et donc prévenir des départs comme nous [en avons observé] récemment », ont-elles soutenu dans le courriel.

Le CIUSSS envisage également le rappel d’infirmières retraitées des soins intensifs et l’affichage de postes pour ajouter des ressources. « Soyez assurée que cette situation est prise très au sérieux par notre établissement et que nous sommes en action pour trouver des solutions pérennes à ce problème et rétablir la situation le plus rapidement possible », a déclaré Mme Bergeron-Gamache.

Une demande refusée

Pour résoudre temporairement la situation, le syndicat a proposé aux cadres de l’hôpital de LaSalle qui sont titulaires d’un permis de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) de venir remplacer les infirmières des soins intensifs pendant leurs pauses. « C’est deux fois 15 minutes, plus 45 minutes pour le dîner », dit Mme Riendeau. La demande a été refusée, déplore-t-elle.

On ne comprend pas qu’il y ait une résistance du côté de l’employeur à ce que les cadres viennent prêter main-forte. C’est comme si c’était moins grave de déplacer une infirmière qui est déjà en surcharge de travail.

Johanne Riendeau, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de santé de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal

La pénurie de personnel et le fort achalandage dans l’hôpital touchent de nombreuses unités. À l’heure actuelle, les urgences de l’Ouest-de-l’Île sont fortement achalandées, avec 227 visites par jour, ce qui est nettement plus élevé qu’à la même période les années précédentes. Celles-ci affichent également un taux d’occupation plus élevé qu’à la normale, soit 159,3 % actuellement.