La pénurie de médicaments pour enfants à base d’acétaminophène et d’ibuprofène devrait se résorber sous peu, assure la conseillère médicale principale de Santé Canada, la Dre Supriya Sharma, qui précise que les fabricants de ces analgésiques ont augmenté considérablement leur production afin de répondre à la demande au pays.

La Dre Sharma a affirmé que cette pénurie avait été causée par une demande plus forte que la normale durant l’été, moment où les fabricants produisent ces médicaments en quantité limitée. Durant la période estivale, on a relevé que les enfants avaient été davantage infectés par des virus respiratoires et d’autres virus que par le passé, comparativement à la période d’avant la COVID-19, par exemple, selon les autorités sanitaires.

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La Dre Supriya Sharma, conseillère médicale principale de Santé Canada

Cette situation a suscité des inquiétudes et de la frustration chez de nombreux parents, qui se sont souvent butés à des rayons vides durant l’été dans plusieurs établissements.

Les manufacturiers produisent maintenant le double, voire le triple de leur quantité habituelle pour le Canada. Nous explorons aussi d’autres options, à savoir s’il y a d’autres sources, d’autres pays qui auraient des produits disponibles. La pénurie est assez généralisée, mais on se penche sur cette option.

La Dre Supriya Sharma, conseillère médicale principale de Santé Canada

La Dre Sharma a noté que cette pénurie avait été aggravée par l’effet de la panique de certains parents qui ont décidé d’acheter une plus grande quantité que nécessaire.

« Pendant la pandémie, nous avons vu des pénuries de toutes sortes de choses, notamment le papier de toilette. Les gens achètent un peu en panique. […] On s’attend à recevoir plus de ces médicaments très bientôt. […] Je comprends parfaitement l’anxiété que l’on peut ressentir quand on a un enfant qui souffre de fièvre et qui pleure en plein milieu de la nuit, mais les produits s’en viennent. »

Tandis que la pénurie se faisait sentir en août, des pharmaciens d’un peu partout au pays avaient aussi demandé aux parents de ne pas accumuler chez eux de médicaments antidouleur tels que l’Advil ou le Tylenol en raison de la forte demande.

Promesses de fournisseurs

Pour sa part, le ministre de la Santé du Canada, Jean-Yves Duclos, a indiqué lors d’une conférence de presse distincte qu’il s’était entretenu au cours des derniers jours avec certains fabricants, dont Johnson & Johnson, Haleon et Pharmascience. Il a dit avoir obtenu de leur part l’engagement de maintenir une capacité de production accrue au cours des prochains mois afin de répondre à la demande.

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Jean-Yves Duclos, ministre de la Santé

Le ministre a aussi indiqué que les fournisseurs pouvaient avoir recours à un étiquetage simplifié s’ils le souhaitent, afin d’accélérer la production et la livraison de ces produits.

Ces règlements d’urgence sont disponibles et [les fabricants et fournisseurs] peuvent y avoir accès lorsque ce sera nécessaire pour eux. Ils le savent. Ça inclut certaines souplesses en matière d’étiquetage.

Jean-Yves Duclos, ministre de la Santé

Il a toutefois souligné que des indications « suffisantes » devaient être aussi fournies par écrit aux consommateurs dans les deux langues officielles du pays afin d’en assurer l’utilisation correcte.

« Ça peut être des feuilles qui sont imprimées et qui sont remises à des familles lorsque les gens se procurent les médicaments », a-t-il expliqué.

Plus tôt en matinée, Santé Canada a publié un communiqué de presse dans lequel on affirme que tous les efforts sont déployés pour régler cette situation.

« L’offre augmente, mais nous nous attendons encore à des ruptures de stock intermittentes de ces produits dans les points de vente au détail. Nous nous efforçons d’acheminer ces médicaments à tous ceux qui en ont besoin, et nous travaillons tout particulièrement à reconstituer les stocks des hôpitaux pour enfants », a-t-on indiqué.

Amazon : 78 $ le flacon

Certains ne se gênent pas pour tirer profit de la pénurie. À titre d’exemple, une brève recherche de La Presse a permis de trouver un vendeur tiers sur Amazon Canada qui demandait 156,40 $ pour un lot de deux flacons de 113 ml d’Advil.

« Profiter d’une pénurie de médicaments, nauséabond », écrit un consommateur outré sur la page du produit. Appelé à réagir, Amazon répond que le produit a été mis en vente par un tiers. Le produit a été retiré après le courriel de La Presse, puisqu’il enfreignait la politique de l’entreprise, selon une porte-parole.

« Les vendeurs déterminent leurs prix dans notre boutique et nous avons des politiques pour nous assurer que leurs prix soient compétitifs. Nous faisons une vigie de notre site et retirons les produits qui violent notre politique », a indiqué cette porte-parole d’Amazon.

Avec la collaboration de Gabriel Béland, La Presse