Le mystère persiste autour du retrait, demandé par le DHoracio Arruda, d’informations sur les liens entre les émissions d’arsenic et les cas de cancer du poumon à Rouyn-Noranda d’un rapport publié en 2019.

La Direction régionale de santé publique (DSPu) de l’Abitibi-Témiscamingue ne confirme pas la version du DArruda, qui a déclaré jeudi que sa décision avait été prise d’un « commun accord » avec la DSPu.

Invitée par La Presse à indiquer si elle avait bel et bien donné son accord, la DSPu a laconiquement répondu : « Dr Arruda a demandé de retirer l’annexe 6 du rapport.»

L’annexe en question évoquait le « facteur aggravant » que constituent les émissions d’arsenic de la Fonderie Horne, sise au cœur de la ville, en matière de cancer du poumon.

Elle figurait à la fin du rapport sur l’étude de biosurveillance menée à l’automne 2018 sur l’imprégnation au plomb, au cadmium et à l’arsenic des jeunes enfants du quartier Notre-Dame de Rouyn-Noranda, voisin de la fonderie.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Le DArruda, qui était à l’époque directeur national de santé publique et sous-ministre adjoint au ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, avait justifié le retrait de l’annexe en expliquant que sa publication aurait détourné l’attention du sujet principal du rapport.

Le DArruda, qui était à l’époque directeur national de santé publique et sous-ministre adjoint au ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, avait justifié le retrait de l’annexe en expliquant que sa publication aurait détourné l’attention du sujet principal du rapport.

Ce retrait « permettait de planifier une diffusion ultérieure en incluant notamment les données à jour du registre québécois du cancer dont la sortie devait être imminente », a indiqué la DSPu dans sa réponse à La Presse.

Deux ans et demi plus tard, cette publication se fait toujours attendre.

Information diffusée

Le retrait de l’annexe du document officiel n’a pas empêché certaines organisations qui y avaient eu accès de la faire circuler, souligne la DSPu.

« Le contenu a donc circulé régionalement malgré le retrait de l’annexe du rapport », fait valoir la porte-parole de la DSPu, Sarah Charbonneau.

Émissions 33 fois plus élevées

La Fonderie Horne est autorisée à émettre 100 nanogrammes d’arsenic par mètre cube d’air (ng/m⁠⁠3), ce qui est 33 fois plus élevé que la norme québécoise de 3 ng/m⁠⁠3.

Le DArruda avait aussi rejeté l’idée en 2019 que la fonderie soit soumise à la norme québécoise, expliquant qu’il fallait plutôt trouver une cible de réduction de ses émissions qui soit « réaliste ».

Conflit d’intérêts

Horacio Arruda avait déclaré en septembre 2019 s’être déplacé à Rouyn-Noranda « à titre de conseiller » du ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux Lionel Carmant, mais le gouvernement s’est empressé de remettre cette affirmation en question.

« Jamais le DArruda n’a été mandaté comme conseiller du ministre Carmant », avait déclaré l’attaché de presse de ce dernier, Lambert Drainville.

Le DArruda agissait de façon « complètement autonome », avait ajouté le premier ministre du Québec, François Legault.

En savoir plus
  • 1170 ng/m⁠⁠3
    Taux record d’arsenic dans l’air enregistré en 2021 aux abords de la Fonderie Horne, alors que la norme est de 3 ng/m⁠⁠3
    SOURCE : MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES