(Québec ) Malgré l’explosion des coûts de construction, Québec n’a pas l’intention de ralentir le déploiement des maisons des aînés, un engagement phare de la Coalition avenir Québec.

« Je considère que ce n’est pas parce qu’il y a une situation extraordinaire qu’on va arrêter de déployer des places », a lancé mercredi la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais.

« Personne ne pouvait prévoir qu’il y aurait une guerre en Ukraine, personne ne pouvait prévoir que le port de Shanghaï fermerait… les gens dans l’industrie de la construction pensaient qu’après la pandémie, ça se rétablirait. Je considère qu’on fait toute une histoire avec les maisons des aînés alors qu’il manque 3700 places pour les personnes qui ont besoin d’hébergement, de soins de longue durée », a-t-elle ajouté.

La ministre réagissait aux révélations de Radio-Canada voulant que la reprise de sept appels d’offres pour la construction de maison des aînés annulés en raison coûts trop élevés coûteront finalement plus chers. Selon leur analyse, Québec perdrait au moins 44 millions de dollars. La surchauffe dans l’industrie de la construction et l’inflation galopante ne sont pas étrangères à ces hausses.

Les oppositions accusent le gouvernement Legault de poursuivre le développement de cet engagement phare de la campagne de 2018 même si celui-ci est devenu un « gouffre financier » et une « catastrophe annoncée ».

« Ce projet-là, c’était vraiment un mirage pour faire rêver des électeurs. Mais avec tout ça, la CAQ nous a fait perdre quatre ans », a déploré mercredi le député de Québec solidaire, Sol Zanetti.

Le chef du Parti québécois estime que le gouvernement s’entête à aller de l’avant. « François Legault et la CAQ [se sont] vantés d’être le parti de la gestion comptable et, lorsqu’il s’agit de leurs bébelles électorales, il n’y a plus de gestion comptable, il n’y a plus de notion de comptabilité », a lancé Paul St-Pierre Plamondon.

La députée libérale Monique Sauvé n’était guère plus optimiste : « C’est un pari qui était très risqué et que le gouvernement a perdu. Mauvaise stratégie qui fait en sorte qu’encore une fois, on a une explosion des coûts par rapport aux maisons des aînés », a-t-elle dit.

« Toujours des limites », répond Blais

La ministre Blais a affirmé mercredi qu’il y a « toujours des limites » budgétaires au projet, mais que le gouvernement n’a pas l’intention de reculer ou de ralentir la construction des maisons des aînés. Québec garde le cap sur son engagement de livrer 2600 nouvelles places à l’automne avec la construction de 33 maisons des aînés. Les 13 autres maisons des aînés doivent être livrées en 2023.

« Je ne peux pas vous mettre un prix, ce n’est pas l’idée de mettre un prix, mais oui, il y a toujours des limites », a précisé Mme Blais.

L’affaire a donné lieu à des échanges corsés au Salon bleu entre la députée de Duplessis, Lorraine Richard, et la ministre Blais. Mme Richard a talonné la ministre sur l’exposition des coûts du projet, lui demandant pourquoi le gouvernement n’investissait pas plutôt ces sommes dans les soins à domicile.

La ministre s’est dite excédée que l’on « oppose » le développement de places en hébergement et les soins à domicile, rappelant que son gouvernement a investi jusqu’à présent 1,9 milliard dans son « grand virage » vers les soins à domicile. « La députée de Duplessis est bien contente d’avoir une maison des aînés dans sa circonscription », a décoché Marguerite Blais.

Le député indépendant de Rimouski, Harold LeBel, a lui aussi talonné la ministre Blais au lendemain des États généraux sur les conditions de vie des aînés, déplorant qu’aucun député de la CAQ outre que Marguerite Blais, qui est ministre responsable, n’était sur place.

Dans le dernier budget Girard, les coûts de construction des maisons des aînés sont fixés à 2,4 milliards, dont 700 millions doivent être dépensés en 2022-2023. Sur cinq ans, l’exploitation des 46 maisons des aînés coûtera également 1,5 milliard au gouvernement québécois.

Avec Tommy Chouinard