Constatant une diminution de ses réserves de sang du groupe O+, Héma-Québec a dû restreindre sa distribution dans les hôpitaux ces derniers jours. Conséquence : des interventions chirurgicales non urgentes doivent être reportées.

« Nous sommes en allocation restreinte pour l’O+. Il n’y a pas de pénurie. Ni de banques de sang vides. Mais ça peut entraîner les reports de certaines opérations électives », affirme le porte-parole d’Héma-Québec, Laurent-Paul Ménard.

Président de l’Association des anesthésiologistes du Québec, le DBryan Houde explique que les hôpitaux doivent « diminuer la consommation des culots globulaires O+ d’environ 20 % », car « il manque de cette sorte de sang là ».

Héma-Québec est capable de répondre aux cas urgents actuellement, et les opérations prioritaires, comme dans les cas de cancers, continuent d’être réalisées.

Si quelqu’un arrive à l’hôpital, saigne et a besoin de cette sorte de sang, il va en avoir suffisamment. Cependant, pour des opérations [non urgentes] qui sont à risque de saignement, on nous demande de retarder les opérations le temps qu’il se refasse une réserve.

Le DBryan Houde, président de l’Association des anesthésiologistes du Québec

Ce dernier précise que ce sont surtout les procédures non urgentes plus complexes, comme les opérations cardiaques et vasculaires, qui sont visées.

La semaine dernière, Héma-Québec a lancé un appel à tous pour regarnir ses banques de sang. La réponse a été bonne, selon M. Ménard. Les grilles de rendez-vous dans les centres des donneurs de sang sont presque toutes remplies pour les deux semaines à venir. La situation pour le sang O+ pourra donc se résorber dans les prochains jours, selon lui.

M. Ménard explique que, depuis septembre, la demande en produits sanguins a été plus élevée que d’habitude au Québec. « Mais en même temps, on a eu moins de rendez-vous de dons. On s’est retrouvé avec un petit déficit », dit-il.

Autre défi pour les blocs opératoires

Ce contretemps dans l’approvisionnement de sang O+ est une tuile de plus qui s’abat sur les blocs opératoires québécois. Depuis le début de la pandémie, ceux-ci ont tourné au ralenti et les listes d’attente atteignent aujourd’hui 150 000 personnes. La moitié de ces patients patientent depuis plus de six mois.

Pour le DHoude, les problèmes d’approvisionnement en sang O+ n’auront toutefois pas d’impact sur les listes d’attente.

Il y a tellement de rattrapage à faire qu’il y a suffisamment d’autres patients à opérer sur la liste d’attente. […] Ça va plutôt [toucher] les gens qui ont besoin de ce groupe sanguin et qui vont attendre un petit peu plus.

Le DBryan Houde

Président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), le DVincent Oliva indique que si le rattrapage de la liste d’attente en intervention chirurgicale n’a pas encore commencé dans la province, celle-ci est actuellement « stable ».

L’échéance du 15 novembre, date à laquelle le gouvernement pourrait mettre en vigueur la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé, sera cruciale pour la suite des choses, selon le DOliva. À cette date, on saura combien de travailleurs de la santé non vaccinés devront être suspendus et quel sera l’impact sur le réseau.

Le DOliva estime que la décision de repousser l’échéancier du 15 octobre au 15 novembre pour la vaccination obligatoire comme l’a fait le gouvernement était « logique ». Il espère que le sursis aura permis de « mieux répartir les effectifs » et de « mieux planifier l’entrée en vigueur » de la vaccination obligatoire, de façon à ce que les blocs opératoires, notamment, ne soient pas trop pénalisés. Le DOliva s’attend à perdre du personnel. « Mais, depuis le début, à la FMSQ, on appuie la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé. […] Comme principe, moi, le fait qu’un travailleur de la santé pourrait infecter un patient vulnérable, j’ai beaucoup de difficulté à réconcilier ces deux réalités-là », dit-il.

Si les initiatives de recrutement de personnel du gouvernement « ont un certain succès […], on pourra commencer à résorber la liste d’attente à partir du 15 novembre », espère le DOliva. L’objectif est de diminuer à 100 000 personnes la liste d’attente pour le printemps 2023.

39 % : Proportion de la population de groupe sanguin O+ 
Source : Héma-Québec