(Québec) Le réseau de la santé doit se préparer à faire « des choix de services » alors que la pénurie de main-d’œuvre est plus importante qu’anticipée après 18 mois de pandémie. Autrement dit, des ruptures de services et du délestage « important » ponctueront l’automne.

Des établissements de santé à travers la province, notamment dans certaines régions, mais aussi à Montréal, auront à faire « des choix de services » dans les semaines à venir pour ne pas épuiser leur personnel soignant, a prévenu mardi le ministre de la Santé, Christian Dubé. « Jamais je n’aurais pensé au début de l’été qu’on aurait le problème de personnel qu’on a en ce moment », a-t-il admis en mêlée de presse.

Le ministre Dubé affirme qu’il manque à l’heure actuelle au moins 4000 infirmières dans le réseau. Au début de l’été, le ministre avait autorisé le personnel de la santé à prendre des vacances - malgré l’état d’urgence sanitaire - pour que les troupes soient prêtes à affronter une quatrième vague de la pandémie, à la rentrée. Actuellement, quelque 2887 travailleurs de la santé sont absents en raison de la COVID-19.

Mais force est de constater que des établissements n’auront d’autres choix que de suspendre ou réorganiser leurs services à cause du manque de main-d’œuvre. Le ministre Dubé a cité l’Abitibi-Témiscamingue où la situation est particulièrement problématique.

« On a des endroits en Abitibi où il va falloir fermer par exemple l’urgence pour s’assurer qu’il n’y ait pas de bris de services pas planifiés. J’aime beaucoup mieux qu’on soit capable de rediriger les services à certains endroits que d’avoir des services qui ne sont pas sécuritaires pour les employés ou les patients », a-t-il dit.

« On aime bien mieux fermer [l’urgence] quelques heures plutôt que de la garder ouverte 24 heures avec des gens qui sont épuisés », a illustré le ministre. Il a dit craindre qu’en raison de la pression exercée par la pandémie que des scénarios semblables surviennent à Montréal.

Depuis quelques semaines, plusieurs établissements en Outaouais, en Abitibi-Témiscamingue, sur la Côte-Nord et au Bas-Saint-Laurent ont notamment fait face à des ruptures de services que ce soit aux urgences ou en obstétrique par exemple.

À la fin du mois d’août, le ministre Dubé s’était inquiété que la vaccination obligatoire pour les travailleurs de la santé puisse provoquer des ruptures de services. Une semaine après avoir annoncé que tous les employés du réseau de la santé et des services sociaux devront être pleinement vaccinés au 15 octobre, M. Dubé a précisé que l’administration des premières doses a progressé de 2 % depuis.

Le nombre de travailleurs de la santé ayant reçu une seule dose de vaccin contre la COVID-19 atteint maintenant 93 %, a confirmé le ministre.

Même objectif pour les chirurgies

Le manque de main-d’œuvre ne compromet pas pour l’instant la mise en œuvre du plan de rattrapage des chirurgies jusqu’en 2023. Selon le plan présenté avant les vacances, Québec disait vouloir augmenter le nombre de chirurgies mensuelles de 10 000 pour le fixer à 36 000 en octobre 2021. Toujours en octobre, Québec espérait en avoir fini avec le délestage des chirurgies.

Cet objectif tient la route à condition que la pandémie ne s’aggrave pas à Montréal.

« J’ai toujours le même objectif : j’ai dit qu’on était capable à partir d’octobre de baisser nos listes d’attente », a fait valoir M. Dubé. Il soutient par ailleurs que les listes d’attente pour une chirurgie sont actuellement de la même longueur qu’au début de l’été. « Ce qu’on ne veut pas par contre, c’est d’avoir un personnel tellement épuisé que ça craque et qu’on ne peut plus faire les chirurgies qu’on voulait faire », a-t-il précisé.