(Montréal) Le gouvernement canadien a annoncé samedi une interdiction d’exporter plusieurs médicaments vers les États-Unis, notamment ceux utilisés dans le traitement de la COVID-19, si ces ventes causent ou exacerbent une pénurie au Canada.

Cette interdiction survient au moment où entre en vigueur lundi aux États-Unis une réforme promue par Donald Trump pour permettre l’importation de médicaments de l’étranger afin de faire baisser les prix.

Celle-ci va notamment permettre aux pharmaciens et aux grossistes d’importer, en vrac, certains médicaments sur ordonnance destinés au marché canadien, explique le ministère canadien de la Santé dans un communiqué.

Cette mesure « a bénéficié d’un soutien important au niveau des États américains, et toute adoption par l’industrie exacerberait le problème actuel des pénuries de médicaments au Canada », précise le communiqué.

« Notre système de soins de santé est un symbole de notre identité nationale et nous entendons le protéger », a déclaré Patty Hajdu, ministre canadienne de la Santé, en annonçant l’adoption vendredi d’un décret en ce sens.

Le Canada est un petit marché qui représente 2 % des ventes de médicaments dans le monde, contre 44 % pour les États-Unis. Or le Canada se procure 68 % de ses médicaments à l’étranger, selon le ministère.

Depuis 2017, près de la moitié (44 %) des médicaments vendus au Canada ont été en pénurie « au moins une fois », indique Santé Canada.  

La pandémie de COVID-19 a fait augmenter la demande de certains médicaments, compliquant davantage le maintien de l’approvisionnement en médicaments au Canada en fonction des besoins.

Le décret couvre tous les médicaments qui peuvent être importés en vrac aux États-Unis, ainsi que ceux utilisés dans le traitement du virus, les produits biologiques et les substances réglementées.

L’interdiction s’applique aux sociétés pharmaceutiques, grossistes et distributeurs détenant une licence de vente au Canada.

Ces entreprises devront également fournir des renseignements au ministère canadien pour lui permettre d’évaluer le risque de pénurie au Canada.

Les médicaments coûtent plus chers aux États-Unis qu’au Canada. Les prix au Canada restent néanmoins plus élevés que dans la plupart des autres pays industrialisés.

Le président désigné Joe Biden a promis plusieurs mesures pour abaisser le prix des médicaments aux États-Unis. Il entend notamment permettre aux gestionnaires du programme public d’assurance-santé pour les plus de 65 ans (Medicare) de négocier les prix avec les fabricants ou en autorisant les patients à commander des médicaments à l’étranger.