Le premier ministre François Legault gèle la rémunération des 10 000 médecins spécialistes d'ici à ce qu'une nouvelle entente soit intervenue avec leur syndicat. La négociation commencera plus tard que prévu en raison d'une « mauvaise surprise » qui l'attendait quand il a pris le pouvoir.

Au terme d'une réunion de son Conseil des ministres mercredi, M. Legault a indiqué qu'à partir de maintenant, les nouvelles augmentations prévues à l'entente avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) « vont être mises en fiducie, donc ça ne sera pas donné ». Le versement de ces hausses est ainsi suspendu le temps de convenir d'une nouvelle entente.

En campagne électorale, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait affirmé qu'une telle mesure avait pour effet de retenir des sommes de 192 millions pour 2019-2020 et de 289 millions pour 2020-2021. L'entente prévoit des hausses annuelles d'environ 1,4 % en moyenne.

« Ce n'est pas des montants importants par rapport aux milliards » versés annuellement aux médecins, a convenu le premier ministre. Il a précisé que les hausses les plus importantes avaient été accordées dans le passé.

François Legault a réitéré qu'il est « injuste et inacceptable » que les médecins spécialistes du Québec gagnent plus que ceux de l'Ontario, alors que ce n'est pas le cas pour les autres professionnels - les omnipraticiens et les infirmières, par exemple. C'est pourquoi il a pris l'engagement de renégocier l'entente, en se servant d'une étude que le gouvernement Couillard s'était engagé à réaliser pour comparer la rémunération des spécialistes québécois et celle de leurs collègues de l'Ontario.

« Or, malheureusement, on a eu une mauvaise surprise en arrivant : on a vu que le mandat n'a pas encore été donné » à l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS) pour la réaliser, a-t-il révélé.

Cette étude comparative est prévue à l'entente Québec-FMSQ dévoilée il y a huit mois. Elle devait être produite d'ici le 1er septembre 2019 - M. Legault ambitionnait même d'accélérer sa réalisation.

« Les libéraux n'ont pas réussi à s'entendre [avec la FMSQ] sur les devis, sur les mandats à donner à l'ICIS pour faire l'analyse comparative », a-t-il déploré, accusant le gouvernement Couillard de s'être « traîné les pieds ».

Le plan qu'il avait en tête est par conséquent retardé. « Effectivement, on ne peut commencer une négociation tant qu'on n'a pas encore l'étude comparative », a-t-il répondu.

DUBÉ MANDATÉ

Il entend « le plus rapidement possible » obtenir une étude, de la part de l'ICIS ou d'une autre firme indépendante, et ensuite entreprendre les négociations. « Je ne veux pas me donner d'échéancier. Moi, c'est le plus rapidement possible. Si on est capable de le faire avant [le 1er septembre], on va le faire avant ça. » Il a chargé le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, de piloter ce dossier.

En entrevue à La Presse un peu avant le déclenchement des élections, François Legault avait annoncé son intention de réduire rapidement de 1 milliard de dollars la rémunération totale des médecins spécialistes. Ils gagnent, en moyenne, 80 000 $ de trop par année si l'on compare avec l'Ontario et en tenant compte du coût de la vie, plus faible au Québec, disait-il.

La CAQ n'avait pas inclus dans son cadre financier l'argent qu'un gouvernement caquiste économiserait en réduisant la rémunération des spécialistes. François Legault projetait de baisser les impôts avec les économies qu'il dégagerait en renégociant l'entente.

- Avec la collaboration d'Hugo Pilon-Larose