Malgré l'impératif d'austérité budgétaire, Québec consent à verser des millions de dollars en primes salariales, au cours des cinq prochaines années, aux pharmaciens qui oeuvrent dans les hôpitaux.

Le gouvernement a choisi de faire grand cas de cette entente conclue avec les pharmaciens d'établissement, lundi, en cherchant à faire la démonstration qu'il était possible d'éviter un climat de confrontation avec les syndicats, dans le cadre des négociations difficiles en cours avec les 450 000 employés de l'État pour le renouvellement de leurs conventions collectives.

Ces primes temporaires, offertes depuis 2012, venaient à échéance le 31 mars et le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, accompagné du président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, ont tenu à alerter les médias, lundi, pour se réjouir d'avoir réussi à conclure cet accord, prélude, espèrent-ils, à d'autres ententes avec les syndiqués du secteur public et parapublic.

À ce propos, des sources gouvernementales ont par ailleurs indiqué que d'autres catégories de professionnels du réseau de la santé, ayant droit également à diverses primes venant à échéance le 31 mars, devraient elles aussi s'attendre à recevoir de bonnes nouvelles prochainement.

Il s'agit notamment des psychologues, sages-femmes et physiciens en radiologie, qui devraient voir eux aussi leurs primes maintenues au cours des prochaines années.

Le ministre Barrette n'a cependant pas voulu confirmer cette information, sous prétexte que le dossier faisait partie du processus de renégociation des conventions collectives des employés de l'État.

«On ne peut pas prendre pour acquis le résultat de la négociation», a-t-il dit, tout en ajoutant que l'entente avec les pharmaciens d'établissement faisait la démonstration que Québec «est capable avec des sujets délicats d'avoir une négociation fructueuse pour toutes les parties».

Ces primes temporaires avaient été créées en vue de combler les pénuries de main-d'oeuvre dans le réseau public. La prime de rétention vise à attirer et maintenir dans le réseau public certains professionnels de la santé tentés de passer au secteur privé, réputé plus payant. Il existe aussi une prime pour ceux qui acceptent de travailler dans le Grand-Nord et une autre destinée aux professionnels susceptibles de composer avec des patients présentant des troubles graves du comportement.

On compte environ 1600 pharmaciens travaillant en établissement hospitalier, tandis qu'on dénombre quelque 2000 psychologues dans le réseau de la santé et des services sociaux.

Annuellement, Québec verse environ 30 millions $ en primes aux pharmaciens et quelque 10 millions $ aux psychologues. Les sages-femmes se partagent environ 1 million $ et les physiciens 850 000 $.

Le ministre Barrette a assuré qu'il n'avait jamais été question d'éliminer ces primes, contrairement aux craintes exprimées publiquement par les porte-parole des pharmaciens d'établissement récemment.

Dimanche, les pharmaciens d'établissements ont ratifié à 98,9 pour cent l'entente de principe qui avait été conclue avec le gouvernement.

Dans leur cas, les primes ont un impact salarial non négligeable, se situant entre 15 et 45 pour cent de leur salaire. Pour les autres catégories de professionnels de la santé, les primes vont de 12 à 15 pour cent du salaire.

Malgré les primes, la pénurie de pharmaciens intéressés à travailler en milieu hospitalier demeure criante. Au 1er avril 2014, 260 postes de pharmaciens hospitaliers n'étaient pas comblés, ce qui représente une pénurie de 20 pour cent.

Le problème de pénurie touche aussi les autres catégories de professionnels de la santé qui reçoivent des primes.

L'entente temporaire conclue entre Québec et les pharmaciens devra être réévaluée en 2020.

«Cet accord confirme qu'il y a possibilité de trouver un terrain d'entente avec les employés de l'État, et ce, malgré le contexte budgétaire difficile du gouvernement», a conclu le ministre Coiteux.