Répondant à une plainte de citoyens de la Côte-Nord qui craignent une contamination de leur source d'eau potable, le ministère de l'Environnement a décidé mercredi d'amorcer prochainement l'inspection d'un site exploité par une entreprise minière à la recherche d'uranium.

La directrice régionale du Centre de contrôle environnemental, Nathalie Chouinard, a affirmé que la décision d'agir avait été prise rapidement.

«Là on parle d'uranium, c'est un dossier quand même qui est sensible dans la région et on parle surtout d'eau potable effectivement, a-t-elle dit lors d'une entrevue. Donc, c'est des éléments qui concourent au fait qu'on s'assure de tout mettre les ressources en place pour traiter ça rapidement.»

Au cours des prochains jours, un inspecteur ira effectuer des prélèvements d'eau près de la municipalité de Baie-Johan-Beetz, à 300 km à l'est de Sept-Îles, en plus de vérifier que l'entreprise Uracan respecte toutes les dispositions de la réglementation environnementale.

«À partir du moment où on a des raisons de croire qu'il puisse y avoir une contamination, on prend effectivement les échantillons légaux et on s'assure de recueillir vraiment toutes les informations qui nous permettent de confirmer s'il y a infraction ou non», a ajouté Mme Chouinard.

Le regroupement Sept-Îles sans uranium a déposé une plainte mardi au ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) afin qu'un enquêteur détermine si les résidus des forages exploratoires effectués par Uracan pourraient contaminer l'approvisionnement en eau.

Le porte-parole du groupe de citoyens, Marc Fafard, a affirmé mercredi que les travaux menés par la société Uracan pourraient enfreindre les dispositions d'une loi adoptée il y a deux ans pour protéger les ressources en eau.

Selon M. Fafard, des résidus radioactifs provenant d'une centaine de puits de forage risquent de compromettre l'approvisionnement des citoyens de la municipalité de Baie-Johan-Beetz ainsi que d'autres communautés voisines.

Sept-Îles sans uranium déplore que le gouvernement ne dispose jusqu'ici d'aucune donnée sur l'évolution de la qualité de l'eau parallèlement aux travaux d'exploration dans le secteur.

La Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau et visant à renforcer leur protection a été adoptée en 2009 par l'Assemblée nationale.

Les règlements relatifs à cette loi prévoient des amendes allant de 6000 $ à 100 000 $ pour les entreprises qui se retrouveraient en situation d'infraction.

M. Fafard a affirmé qu'en vertu de la loi, le gouvernement doit se préoccuper de la situation à Baie-Johan-Beetz, dont la population est d'une centaine de personnes.

«Il n'y a aucune mesure en place pour suivre une éventuelle contamination ou détecter, a-t-il dit. Il n'y a aucune mesure d'échantillonnage, il n'y a aucune mesure de suivi. Donc on est dans le noir tout le monde et la loi sur l'eau a des contre-indications à cet égard-là.»

En août dernier, le gouvernement du Québec a refusé d'imposer un moratoire sur l'exploration et l'extraction d'uranium réclamé par des citoyens de la Côte-Nord. Le ministre délégué aux Ressources naturelles, Serge Simard, a affirmé que cela nuirait à l'économie.

Dans un geste d'éclat, des médecins de Sept-Îles ont déjà menacé de démissionner de leur poste, en décembre 2009, si les activités se poursuivaient dans le secteur de l'uranium.