(Québec et Montréal) Des enquêteurs de la Sûreté du Québec tentent d’élucider deux incendies suspects survenus en moins d’un mois dans des entrepôts de la Beauce. Selon des sources policières, les brasiers pourraient découler d’un conflit qui fait rage dans la Capitale-Nationale entre factions du crime organisé.

Des tas de tôle calcinée : voilà tout ce qui restait mercredi d’un bâtiment quasi neuf abritant des mini-entrepôts dans le parc industriel de Saint-Isidore, en Beauce. Construit en 2022 selon le rôle d’évaluation de la municipalité, le bâtiment a été réduit en cendres par un incendie dans la nuit de mardi à mercredi.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

L’incendie n’a laissé que des cendres et du métal tordu à Saint-Isidore. Une remorque et des voitures ont aussi brûlé.

Un autre bâtiment abritant des mini-entrepôts a aussi été la proie des flammes en Beauce, à Sainte-Marguerite, dans la nuit du 30 au 31 octobre.

Des locataires de ces deux mini-entrepôts auraient des liens avec les motards criminels, selon des sources policières, soit les Heaven’s Demons dans le cas de Saint-Isidore et les Dark Souls à Sainte-Marguerite. Les premiers sont considérés par la police comme un groupe sympathisant des Hells Angels et le second, comme l’un de leurs clubs-écoles.

La Sûreté du Québec (SQ) confirme qu’elle enquête sur ces deux incendies suspects, mais refuse de faire ouvertement des liens avec le crime organisé. Des sources policières font toutefois état d’un conflit violent qui fait rage dans la région de Québec.

Il opposerait le membre en règle des Hells Angels de Québec Mathieu Pelletier à un trafiquant indépendant surnommé David « Pic » Turmel.

Turmel aurait refusé depuis la pandémie de s’approvisionner en cocaïne auprès des Hells Angels, privant ainsi les motards d’une source importante de revenus.

Turmel, qui aurait des liens avec des gangs de rue d’allégeance « rouge », achèterait désormais la drogue aux gangs de rue de Montréal.

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Enquêteurs sur les lieux de l’incendie à Saint-Isidore, en Beauce

« Les Hells Angels sont en lutte contre un groupe indépendant de trafiquants de stupéfiants. Ce groupe refuse de payer la cote aux Hells Angels pour pouvoir vendre des stupéfiants dans la région. Les Hells Angels et des membres de leurs clubs sympathisants s’adonnent à des actes de violence contre le groupe adverse et vice-versa », nous a confié une autre source sous le couvert de l’anonymat, car elle n’est pas autorisée à parler aux médias.

Tensions en région

Depuis le début du conflit, il y a eu des coups de feu, des incendies criminels, et des personnes ont été battues sans toutefois porter plainte à la police, selon une source policière.

Le conflit touche principalement la région de Québec et la Beauce, mais il y aurait également des tensions embryonnaires au Saguenay et sur la Côte-Nord.

« On vit des conflits dans ces secteurs-là que l’on n’avait pas vus depuis un moment », a confié une autre source policière à La Presse.

Mercredi, les enquêteurs de la SQ ratissaient les cendres avec l’aide d’un chien renifleur. C’est un passant qui aurait aperçu le brasier en pleine nuit, dans ce secteur industriel de Saint-Isidore, petite municipalité située à 45 minutes en voiture au sud de Québec.

L’enquête se poursuit au sujet de cet incendie, comme pour celui de Sainte-Marguerite survenu il y a trois semaines. La SQ n’a fait aucune arrestation pour l’instant.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.