Une dizaine d’organisations réclament un plan concret du gouvernement pour revitaliser les centres-villes, les cœurs de villes et de villages du Québec, éprouvés par différents problèmes que les municipalités ne peuvent affronter seules.

Au-delà des aides sporadiques, un véritable plan est nécessaire pour assurer l’avenir des centres-villes et des villages du Québec, selon 11 organisations qui participent mercredi au « Sommet Près du cœur », à Québec.

Ces organisations ont signé une déclaration qui appelle Québec à agir pour faire face aux défis que représentent « la concurrence des mégacentres commerciaux et du commerce électronique, le développement d’un modèle de travail hybride qui éloigne les travailleurs, la crise de l’habitation et la montée de l’itinérance », entre autres.

Les cœurs de villages et les centres-villes, « ce sont souvent les poumons de développement économique dans nos régions », a indiqué Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des Chambres de commerce du Québec, qui fait partie des signataires de la déclaration.

« Je résumerais les demandes de ma fédération en trois mots : argent, comportement et logement », a expliqué le président de la fédération qui représente 125 chambres de commerce.

Changement de comportement

Les signataires demandent une stratégie de localisation exemplaire des édifices publics comme les CLSC ou les succursales de la Société des alcools du Québec (SAQ).

« Il faut que les différentes sociétés d’État, les différents services publics, les institutions publiques ou parapubliques soient au cœur des centres-villes pour attirer justement les gens et favoriser la création d’écosystèmes commercial et sociocommunautaire autour de ça », a plaidé Charles Milliard.

PHOTO FOURNIE PAR LA FÉDÉRATION DES CHAMBRES DE COMMERCE DU QUÉBEC

Charles Milliard

Il faut donc éviter, selon lui, des situations comme à Victoriaville, où la SAQ avait décidé récemment de déménager sa succursale du centre-ville, une décision dénoncée par le maire et qui a finalement été révisée.

Logement

Afin de favoriser la vitalité des centres-villes et des villages, il faut mettre en place des mesures favorables à leur densification et construire des logements sociaux et communautaires, selon les 11 organisations.

Le président-directeur général de Fédération des Chambres de commerce du Québec a souligné avec satisfaction les « sommes importantes » promises par le gouvernement lors de sa mise à jour économique de mardi pour la construction de logements, mais il voudrait que ces sommes « ne soient pas seulement utilisées au pourtour des villes ou près des grands axes routiers ».

Le gouvernement doit donc investir, selon lui, « dans les centres-villes pour que les gens aient envie d’aller sur nos rues principales le jour et le soir, mais aussi la nuit, donc qu’ils aient envie d’habiter nos cœurs de village », a souligné M. Milliard à La Presse Canadienne.

Il souhaite aussi une meilleure promotion de l’immigration en région, ce qui passe notamment, selon lui, par le transport en commun interurbain et intra-urbain.

« Il y a des gens qui voudraient aller en région et découvrir d’autres coins du Québec, mais quand on n’a pas de permis de conduire ou quand c’est difficile d’avoir accès, ça devient des endroits qui ne sont pas intéressants pour travailler ou démarrer une entreprise. »

La mise à niveau des réseaux de transport, notamment par « la révision des normes de conception routière, un soutien financier accru aux aménagements cyclables et piétonniers ainsi qu’un leadership assumé dans le développement de services de transport collectif locaux, régionaux et interurbains », fait partie des demandes des signataires de la déclaration.

Moderniser la fiscalité municipale

Afin de renforcer la compétitivité et l’attractivité des cœurs de villes et villages, il faut de nouvelles règles fiscales, selon le PDG des chambres de commerce.

« Il faut moderniser la fiscalité municipale. C’est bien d’avoir un pacte fiscal avec les municipalités, de leur donner des sous pour la transition énergétique et tout ça, mais ça va prendre aussi des leviers de pouvoir pour les municipalités pour qu’elles puissent travailler à revitaliser les centres-villes sans toujours demander la permission à leurs amis à Québec alors il y a un travail réglementaire qui doit être fait aussi », a plaidé Charles Milliard.

Les signataires demandent également des mesures pour assurer la préservation du patrimoine, la promotion de l’achat local, le soutien au commerce de détail et à l’économie sociale.

Un sondage Léger, dévoilé mercredi lors du « Sommet Près du cœur », indique que 68 % des Québécois « soutiennent des mesures de relance économique des cœurs de villes et villages par le gouvernement ».

Ce sondage montre aussi que 34 % pensent que leur centre-ville souffre depuis la pandémie.

Action patrimoine, le Centre d’écologie urbaine de Montréal, le Chantier de l’économie sociale, Espace MUNI, la Fédération des chambres de commerce du Québec, le Groupe d’intérêt de l’armature commerciale, l’Institut de développement urbain du Québec, l’Ordre des urbanistes du Québec, Piétons Québec, Rues principales et Vivre en Ville ont signé la déclaration.