(Québec) La majorité des résidants de Québec ont une mauvaise opinion du projet de tramway, malgré des mois d’efforts par l’administration Marchand pour mousser ce projet d’infrastructure présenté comme le plus important de l’histoire de la capitale.

Le dernier sondage commandé à la firme Léger par la Ville de Québec montre que seuls 36 % des résidants ont une bonne opinion du projet, contre 54 % qui en ont une mauvaise. Les 10 % restants disent ne pas connaître suffisamment cet enjeu pour se prononcer.

Ce sondage web, réalisé auprès de 1005 répondants résidants de la ville de Québec, survient alors que des ministres caquistes répètent que l’acceptabilité sociale du projet doit s’améliorer.

IMAGE TIRÉE DU SONDAGE LÉGER POUR LE COMPTE DE LA VILLE DE QUÉBEC

« L’appui se maintient », a réagi le maire de Québec, Bruno Marchand, vendredi matin, voyant le verre à moitié plein. « Présentement, au jour où nous sommes, malgré les incertitudes, je suis rassuré quant à notre capacité de travailler avec le gouvernement. »

Mais les appuis semblent avoir baissé en réalité, si l’on compare le dernier coup de sonde avec les précédents, qui avaient des questions et des méthodologies un peu différentes. Trois sondages menés coup sur coup en janvier, mai et octobre 2022 situaient les appuis au projet entre 41 % et 44 %, au-dessus des 36 % qui ont une opinion positive du projet en date de l’automne 2023.

Dans sa présentation du sondage vendredi, le maire de Québec a insisté sur le chiffre de 40 % d’opinions positives. Or ce chiffre est obtenu en excluant les 10 % des répondants qui n’ont pas d’opinion : ce sont donc 40 % des 90 % avec une opinion sur le projet qui en ont une lecture positive, soit 36 % de l’ensemble des répondants.

Cette façon de faire est nouvelle avec le dernier sondage. Elle n’est expliquée qu’à l’aide d’un astérisque dans le document de Léger. Le chiffre de 40 % d’opinions favorables est quant à lui mis de l’avant.

Comment expliquer ce déclin des appuis ? Bruno Marchand remarque que les appuis au tramway se retrouvent surtout dans La Cité-Limoilou et Sainte-Foy-Sillery-Cap-rouge, les deux arrondissements où doit passer le train. Inversement, les opposants sont plus nombreux dans les arrondissements périphériques.

« C’est normal que lorsqu’il n’y en a pas pour vous, que ça ne passe pas dans votre quartier, du moins dans la première phase, que vous soyez davantage contre ce projet », croit Bruno Marchand, qui pense que les appuis dans ces endroits augmentera lorsqu’on parlera éventuellement des phases 2 ou 3.

Le maire a par ailleurs servi un petit crochet à « des radios qui en parlent en mal tous les jours, matin, midi et soir ». Certains animateurs de radio de la capitale sont en effet en guerre ouverte contre ce projet de transport en commun.

Le sondage révèle par ailleurs, sans grande surprise, que le coût éventuel du projet est le premier élément sur lequel les répondants désirent davantage d’informations. La Ville attend les soumissions des firmes au de début de novembre pour ce ce projet de 19,3 km et 29 stations. Le prix sera connu dans les semaines ou mois suivants. Mais le maire admet déjà que les coûts vont dépasser les 4 milliards.

Le chef de l’opposition officielle, qui appuie le projet, déplore « l’inaction du maire à vendre le projet ». « Je comprends la population de douter devant un maire si peu convaincant de son appui au projet. Quelqu’un devrait lui dire où se trouve la Haute-Saint-Charles afin d’y susciter l’adhésion des citoyens », a demandé Claude Villeneuve.

« Il n’est pas surprenant de constater que 60 % des répondants ont une vision négative du projet de tramway », note le chef par intérim de la seconde opposition, Patrick Paquet, qui affirme que l’opposition ne fera que grandir avec le dévoilement des coûts.