(Québec) Le maire de Beaupré veut se battre pour convaincre le gouvernement d’investir dans le Mont-Sainte-Anne et dit « chercher la cohérence » dans la nouvelle posture prise par le ministre Pierre Fitzgibbon dans ce dossier.

« Ça a été une très grande déception d’entendre M. Fitzgibbon dire qu’il n’y aurait plus d’argent pour les stations de ski, indique en entrevue Pierre Renaud. On trouve ça un petit peu inéquitable de voir les millions donnés au Massif de Charlevoix dans les dernières années. »

Le ministre de l’Économie a sur son bureau depuis des mois un plan d’investissement du propriétaire du Mont-Sainte-Anne. Resorts of the Canadian Rockies (RCR) propose d’investir jusqu’à 550 millions dans la station défraîchie, naguère joyau du ski dans la province. En contrepartie, l’entreprise albertaine demande que Québec injecte 50 millions dans l’aventure.

« Au moment où on se parle, je ne pense pas que c’est en haut de l’agenda du gouvernement », a répondu cette semaine M. Fitzgibbon, interrogé par des journalistes au parlement.

« Je pense qu’aujourd’hui, dans le contexte économique, je ne suis pas sûr que c’est une bonne idée que le gouvernement investisse dans les centres de ski, tous centres de ski confondus », a-t-il ajouté.

Les propos du ministre ont eu l’effet d’une douche froide sur la Côte-de-Beaupré, où la montagne crée 500 emplois directs et indirects. La MRC soutient le plan de relance de l’entreprise. Le maire de Beaupré, lui, parle d’une question de survie.

« Une mobilisation va avoir lieu. Les gens d’affaires, les élus, on se mobilise et on va faire parler de nous prochainement », assure M. Renaud.

« Quand je parle de mobilisation, il n’y aura pas de manifestation dans les rues. Mais on veut faire comprendre au gouvernement que c’est notre survie qui est en jeu », ajoute le maire.

Sous-investissement chronique

RCR a essuyé bien des critiques dans les dernières années. Les habitués de la montagne déplorent un sous-investissement chronique. Un chalet est laissé complètement à l’abandon au sommet.

Puis, en décembre 2022, une télécabine s’est fracassée sur le sol. Elle était heureusement vide. Il s’agissait du troisième évènement majeur sur « L’étoile filante » en moins de quatre ans. Cette remontée installée en 1989 est la plus vieille télécabine de huit places au Canada.

PHOTO MAX-ÉMILE PETITCLERC, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE, FOURNIE PAR LE SOLEIL

Une télécabine du Mont-Sainte-Anne s’est décrochée et s’est fracassée sur le sol le 10 décembre 2022.

« On est d’accord que RCR n’est pas le citoyen corporatif auquel on s’attendait », concède le maire de Beaupré. Mais l’entreprise n’a pas l’intention de vendre la montagne. Dans ce contexte, Pierre Renaud croit que Québec est forcé de s’entendre avec elle. « Sa demande est légitime, je crois », dit le maire, en référence aux 100 millions demandés dans le plan d’investissement.

M. Fitzgibbon a précisé cette semaine que si le gouvernement décidait d’aider l’industrie du ski, il le ferait avec équité pour toutes les stations. « Si on décide de faire quelque chose, il faut que tout le monde y ait accès, a-t-il dit. C’est important. Ce n’est pas à nous de choisir une montagne. »

Ces propos ont surpris le maire de Beaupré, qui pointe les dizaines de millions accordés en aide à la station de ski Le Massif au fil des ans. « Puis il y a eu des millions pour le Club Med de Charlevoix, qui est quand même une entreprise chinoise. J’essaie de trouver la cohérence dans tout ça », a ajouté le maire, en faisant allusion au conglomérat Fosun.

Le ministre Fitzgibbon a tenu à dédramatiser l’affaire. Selon lui, investissement ou pas, le Mont-Sainte-Anne sera en activité cette année. « Ce n’est pas grave, il va neiger pareil, a-t-il laissé tomber. La gondole va être très sécure cette année. Je l’ai prise l’an passé et je vais la prendre cette année encore. »

Avec Fanny Lévesque, La Presse

Une version précédente mentionnait que RCR demandait 100 millions du gouvernement dans son plan de réinvestissement. C'est plutôt 50 millions. Nos excuses.