(Québec) Alors que Roberval « déborde » de réfugiés qui fuient les incendies de forêt, des membres de la communauté crie de Waswanipi ont choisi de faire en pleine nuit la longue route qui les sépare de Québec pour chercher refuge.

Environ 700 membres de cette communauté sont arrivés dans la capitale depuis mercredi. Quelque 200 d’entre deux ont été hébergés dans la nuit de mercredi à jeudi dans une salle mise à leur disposition d’urgence par la Ville de Québec. Et plusieurs autres pourraient venir les rejoindre.

« L’inquiétude, c’était surtout l’accès à notre communauté. Il nous restait seulement une place pour sortir », a expliqué la vice-cheffe de Waswanipi, Rhonda Oblin-Cooper, qui a rencontré les médias jeudi au centre Expo-Cité.

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La vice-cheffe de Waswanipi, Rhonda Oblin-Cooper en compagnie du grand-chef de la Nation huronne-wendate, Rémy Vincent, et du maire de Québec, Bruno Marchand.

Waswanipi se retrouve en effet prise en étau entre deux feux. Au sud, la route 113 vers Lebel-sur-Quévillon est déjà fermée. Il ne reste donc qu’une sortie vers le nord et personne ne sait si elle sera encore accessible dans les prochains jours.

Le Conseil de Waswanipi a donc décidé mercredi en soirée d’évacuer ses membres les plus vulnérables, ceux qui ont besoin de soins médicaux, les aînés et les femmes enceintes.

Les gens ont quitté dans la nuit à bord d’autobus et de véhicules personnels pour la longue route de sept heures qui les sépare de la capitale. La route était déserte.

« C’était épeurant parce qu’on voyait que les gens qui géraient les barrages de sécurité étaient partis, raconte la vice-cheffe. On voyait ça, c’était quelque chose à voir, que les gens de la SQ et des autres organisations n’étaient plus là. Et nous, on sortait. »

Environ 1000 citoyens sont encore présents à Waswanipi et autant ont quitté. Le Conseil pourrait décider à tout moment de les évacuer également selon la progression des feux. Jeudi après-midi, la cheffe de Waswanipi, Irene Neeposh, rapportait des développements encourageants, alors que les feux qui entourent la communauté ont cessé de progresser.

Une demande pour Patrick Roy

Romeo Ottereyes est un des 200 évacués qui a dormi au Centre Expo-Cité. Il est arrivé à 1 h du matin. À 2 h du matin, la Ville de Québec commandait 250 pointes de pizza dans une chaîne connue, à la grande surprise de l’employé de nuit.

« D’autres arrivaient jusqu’à 4 h », relate M. Ottereyes. L’homme raconte que les gens sont déchirés, certains ont dû laisser leur chien derrière, ou sont séparés de leur famille. « Tout le monde est émotif. C’est dur. »

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Romeo Ottereyes est arrivé à Québec à 1 h du matin jeudi.

Le Cri avait une demande spéciale jeudi : le passage au refuge de l’équipe gagnante de la Coupe Memorial, les Remparts de Québec, et surtout, de leur célèbre entraîneur.

« Si jamais Patrick Roy peut m’entendre, peut-être qu’il pourrait venir nous rendre visite et nous redonner le moral, le moral des enfants, et on pourrait prendre des photos », a lancé l’homme. Il a raconté avoir fait sa demande directement au maire de Québec.

L’homme explique avoir décidé de quitter Waswanipi à cause de la qualité de l’air qui s’était beaucoup détériorée. « Si la 113 ferme au nord, la communauté sera prise au piège », ajoute-t-il.

De son côté, la Ville de Québec a été avisée tard mercredi soir de cette demande d’assistance des Cris de Waswanipi. Rapidement, des employés municipaux ont préparé le Centre Expo-Cité à accueillir des évacués. La Croix-Rouge a fourni 1400 lits et vers 4 h du matin, tout était en place.

D’autres évacués pourraient venir se joindre aux 200 qui dorment actuellement à Expo-Cité. « Il y a peut-être des gens d’Oujé-Bougoumou descendus à Roberval. Mais il ne faut pas se le cacher, ça déborde là-bas. Ici, on est prêts », lance le grand-chef de la Nation huronne-wendate, Rémy Vincent. Il a invité les membres des Premières Nations en quête de sécurité de ne pas hésiter à venir à Québec.

La SPA de Québec sera par ailleurs mise à contribution. Certains membres de la communauté de Waswanipi ont amené leurs animaux, interdits dans le refuge. Certains ont même dormi dans leur camion pour être auprès d’eux. La SPA pourrait offrir un refuge aux animaux le temps nécessaire, a indiqué la Ville de Québec.