Quatre ans après la rupture de la digue qui avait forcé l’évacuation de 6000 personnes à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, la demande d’action collective de résidants contre la Ville et le gouvernement du Québec vient d’être formellement autorisée et pourra aller de l’avant.

« Le juge nous a indiqué qu’il entérinait notre accord. Ça veut dire que la bataille commence pour l’indemnisation. Et surtout, ça veut dire que la Ville et le gouvernement ne contestent pas qu’ils ont une responsabilité dans cette affaire », a expliqué vendredi à La Presse MGérard Samet, dont le cabinet avait pris en charge la demande d’action collective dès 2019, peu après les faits.

À l’époque, l’objectif avoué était d’obtenir 400 000 $ pour chaque sinistré touché par les inondations, dont 50 000 $ en dommages punitifs pour compenser « la violation de leurs droits fondamentaux ».

Cela dit, avant de chiffrer l’indemnisation, il faudra « déterminer les sommes d’argent qui correspondent à ce qu’ont supporté nos clients », dit prudemment le juriste. « On parle de millions, évidemment », lance-t-il toutefois.

MSamet ne cache pas d’ailleurs que le processus judiciaire a été fortement retardé par la pandémie de COVID-19. « Aujourd’hui, je suis donc surtout heureux que quatre ans après les faits, nous entrions enfin dans le vif du sujet », ajoute-t-il.

La MRC de Deux-Montagnes ne sera toutefois pas visée par l’action collective qui ira de l’avant au cours des prochains jours, celle-ci n’étant pas jugée « responsable » ou « mandataire » des digues et des rivières dans le secteur. À l’origine, la MRC était visée.

« Ça fait juste commencer »

Joint au téléphone, le citoyen qui avait à l’origine intenté cette action collective, Richard Lauzon, n’a pas caché sa joie vendredi, même s’il demeure sur ses gardes. « C’est clairement une petite victoire pour nous, mais il n’y a rien de fait encore. Ça fait juste commencer, en fait », a illustré M. Lauzon.

Ex-cadre de Bombardier, Richard Lauzon, la soixantaine, est aussi l’un des sinistrés les plus fortement touchés par les inondations de Sainte-Marthe-sur-le-Lac. En 2019, l’eau avait littéralement pris d’assaut ses deux maisons. « On m’a donné 131 000 $ et quelques pour une maison à deux étages. C’est ridicule, et je n’ai même pas pu rebâtir », déplore-t-il, au bout du fil.

Pour la suite, M. Lauzon espère obtenir le plus d’argent possible. « On va demander aux gens de déterminer leurs préjudices. Chacun de nous a un préjudice qui est différent. Et quand on aura toutes les données, à ce moment-là on va pouvoir commencer à négocier avec les assureurs et les avocats », illustre-t-il.

Quatre ans après les faits, il ne fait toujours pas de doute que c’est la « négligence complète » des autorités publiques et politiques qui a plongé la population de la petite ville des Laurentides dans cette situation, soutient le résidant.

« La Ville avait avisé le gouvernement de la situation, mais ils ont dormi un an dans l’œuf, et ça n’a pas bougé. Et puis voilà, ça a cédé », soutient encore Richard Lauzon, réitérant que les montées des eaux étaient récurrentes depuis plus d’une dizaine d’années dans la région. « Je peux comprendre, quand arrivent des inondations, que le gouvernement veut aider, mais dans notre cas, à Sainte-Marthe, je ne vois pas pourquoi on paierait pour de la négligence », insiste le Québécois.

En 2019, plus de 1600 dossiers de réclamation avaient été envoyés au ministère de la Sécurité publique à la suite des inondations à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, survenues le 27 avril de cette année-là.