Le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, s’est rendu à Lac-Mégantic, jeudi, et a discuté de la voie de contournement attendue de longue date avec les maires des municipalités concernées.

Dans un communiqué publié à la suite de ces rencontres, Transports Canada a affirmé que le ministre avait profité de l’occasion pour « réitérer son appui indéfectible à la construction de la voie de contournement, et ce, le plus tôt possible ».

M. Alghabra a tenu des rencontres privées avec les maires des municipalités de Lac-Mégantic, Nantes et Frontenac, en plus de s’entretenir avec le député provincial — François Jacques, de la Coalition avenir Québec — ainsi qu’avec quelques citoyens, pour « entendre leurs préoccupations ».

« En plus de discuter des prochaines étapes menant à la réalisation du projet, le ministre a aussi souligné l’importance de maintenir la sécurité ferroviaire, d’avoir un dialogue avec les citoyens et d’atténuer les impacts environnementaux », a-t-on indiqué.

Le ministre a également visité le site identifié pour la voie de contournement qui fera en sorte que les trains quittent définitivement le centre-ville de Lac-Mégantic.

Il était important pour moi de me rendre à Lac-Mégantic aujourd’hui (jeudi) pour rassurer la communauté du soutien continu de notre gouvernement. Je suis déterminé à continuer de travailler avec tous les partenaires pour mener à bien ce projet.

Omar Alghabra, ministre fédéral des Transports, dans un communiqué publié jeudi

La mairesse de Lac-Mégantic, Julie Morin, a déclaré que le ministre lui avait montré sa volonté de poursuivre avec le tracé prévu, « avec un souhait de construction à l’automne ».

« Je suis rassuré par rapport à ça », a dit Mme Morin à La Presse Canadienne à la suite de sa rencontre avec le ministre, ajoutant n’avoir pas eu le son de cloche des autres maires de Frontenac et de Nantes, dont les rencontres se tenaient après celle avec Mme Morin.

Le conseil municipal de Frontenac a retiré son appui au projet de voie de contournement en mai, en raison notamment des « impacts sur la nappe phréatique et la qualité de l’eau des puits qui résulteraient de la construction de la voie de contournement ».

La municipalité, qui serait traversée par la voie de contournement, tiendra un référendum le 19 février sur l’acceptation du projet.

Mme Morin a affirmé que les trois maires s’étaient rencontrés la semaine dernière, et qu’une des « demandes conjointes » était la mise en place d’un fonds de prévoyance pour les puits d’eau potable afin d’agir rapidement dans l’éventualité d’un problème.

La mairesse de Lac-Mégantic a indiqué que le ministre avait eu une « belle ouverture » par rapport à un tel fonds, qui serait géré localement, selon leurs souhaits, dans un comité où les trois communautés siégeraient conjointement.

« Il y aura toujours des impacts. Il n’y aura jamais une unanimité dans un projet comme celui-là, mais il faut quand même chercher des solutions ensemble pour minimiser les impacts que le projet aura. C’est pourquoi j’ai voulu amener une idée de solution au ministre, […] et ça pourrait être un pas dans la bonne direction, mais il reste qu’il y aura toujours des citoyens qui vont s’y opposer, et c’est normal. Ces citoyens auraient souhaité que le train ne passe pas sur leur terrain, et je pense qu’il faut comprendre ça. Mais ultimement, ça ne fait pas en sorte que le projet est moins important, et qu’il faut l’arrêter », a fait valoir Mme Morin dans une entrevue téléphonique.

Selon elle, le fait « qu’il n’y ait pas encore eu une pelletée de terre dans ce projet-là » à l’approche du 10e anniversaire de la tragédie est une « honte ».

« C’est l’espoir qui diminue à chaque année qui passe. On a compté cinq fois aujourd’hui (jeudi) que le train est passé en sifflant en plein cœur du centre-ville exactement au même endroit où il a déraillé. Je peux vous dire que ce n’est pas une situation qui est facile. Il y a aussi un bris de confiance avec Transports Canada et avec les compagnies ferroviaires depuis le 6 juillet 2013, alors ça rajoute une couche de complexité », a dit la mairesse.

« Et il faut rappeler qu’on ne fait pas cette voie de contournement uniquement parce qu’il y a un risque encore aujourd’hui de déraillement, mais c’est aussi pour guérir », a-t-elle ajouté.

Avant la rencontre, le maire de Nantes, Daniel Gendron, disait avoir l’intention de mettre de l’avant les demandes de sa municipalité en lien avec la construction de la voie de contournement.

« C’est concernant les dédommagements aux personnes directement impactées et indirectement impactées, puis les demandes de déménagement au niveau de la municipalité pour les pertes de taxes et les inconvénients causés par la voie contournement », expliquait-il en entrevue avec La Presse Canadienne.

Le maire de Nantes espérait avoir de bonnes nouvelles, car son conseil tenait jeudi soir un vote d’appui au projet de voie de contournement.

Le maire de Frontenac, Gaby Gendron, ignorait l’objet de la rencontre convoquée par le ministre, mais disait avoir plusieurs questions.

« Les questions au sujet de l’eau potable vont être posées et au niveau de l’acceptabilité sociale », soulignait-il.

Négociation terminée pour les propriétaires

Vendredi dernier s’est terminée la période de négociation entre Ottawa et les propriétaires de terrains nécessaires à la construction de la voie de contournement de Lac-Mégantic.

Ils sont 43 propriétaires concernés, dont les lots sont dans les municipalités de Nantes, Lac-Mégantic et Frontenac, dans la MRC du Granit.

Le ministre Alghabra indiquait samedi que des ententes n’avaient pas encore été finalisées.

Une source gouvernementale avait confirmé que l’expropriation est l’option envisagée pour les propriétaires restants et qu’elle devrait être déclenchée dans les prochaines semaines.

Le projet de voie de contournement suscite de la grogne, la municipalité de Frontenac et certains citoyens s’y opposant.

Rappelons que le 6 juillet 2013, 47 personnes perdaient la vie lors de la pire tragédie ferroviaire de l’histoire du Canada. Un train rempli de pétrole brut venait de dévaler une pente en amont de la municipalité avant de dérailler en plein centre-ville de Lac-Mégantic, déclenchant des explosions et un immense incendie.