Les propriétaires de terrains nécessaires à la construction de la voie de contournement de Lac-Mégantic ont vu leur période de négociation avec Ottawa s’achever vendredi.

Ils sont 43 propriétaires concernés, incluant la Ville de Lac-Mégantic et le ministère des Transports du Québec, dont les lots sont dans les municipalités de Nantes, Lac-Mégantic et Frontenac, en Estrie.

« Il reste encore des ententes qui n’ont pas été finalisées », a reconnu le ministre des Transports, Omar Alghabra, dans une déclaration, samedi.

Son cabinet n’a pas été en mesure de préciser combien de propriétaires n’ont pas d’entente. Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), qui a été mandaté par Transports Canada pour acquérir ces terrains, n’a pas immédiatement répondu à La Presse Canadienne.

Une source gouvernementale a néanmoins confirmé que l’expropriation est l’option envisagée pour les propriétaires restants et qu’elle devrait être déclenchée dans les prochaines semaines.

Le processus d’acquisition des terrains avait débuté en octobre 2021, avec l’ouverture d’un bureau au centre-ville de Lac-Mégantic où les propriétaires pouvaient rencontrer des représentants du gouvernement canadien, selon la déclaration de M. Alghabra.

La mairesse de Lac-Mégantic affirme que les propriétaires ont reçu leurs offres entre novembre 2021 et février 2022 et qu’ils « ont eu le temps et l’opportunité de négocier pour ceux qui souhaitaient le faire ».

« Pour la Ville de Lac-Mégantic, c’est une bonne nouvelle qu’on puisse passer à une étape subséquente du projet », indique la mairesse Julie Morin en entrevue avec La Presse Canadienne.

La municipalité est parvenue à un règlement de gré à gré avec Ottawa pour les 20 terrains dont elle était propriétaire et qui seront nécessaires au projet. L’entente s’est conclue en novembre dernier.

« On a reçu notre première offre comme tous les propriétaires. On l’a fait évaluer de notre côté par des professionnels qui ont été payés par le gouvernement du Canada — comme pour tous les citoyens, explique-t-elle. On a pu faire une contre-offre et il y a eu quelques négociations. »

La date de fin des négociations a déjà été repoussée à trois reprises. Mme Morin rappelle d’ailleurs que les municipalités avaient demandé une extension, par respect pour les résidants, jugeant le délai initial trop court.

« Le gouvernement du Canada a informé vendredi les propriétaires visés par l’acquisition de parcelles de terrains qu’il ne prolongerait pas la période de négociation de gré à gré au-delà du 13 janvier 2023. Pour ceux et celles qui ont signé une offre d’achat avec le gouvernement du Canada, notez que ces ententes demeurent valides », indique le ministre Alghabra.

La mairesse affirme que c’est une étape à franchir, même si « c’est délicat et pas agréable d’en arriver là ».

« On est quand même 10 ans après la tragédie, on ne peut pas dire que ça va vite ce projet-là et les citoyens ont eu un an pour négocier », souligne Mme Morin.

Si l’étape des ententes avec les propriétaires est cruciale, selon elle, il reste tout de même le processus d’approbation du projet par l’Office des transports du Canada (OTC).

Dans sa dernière décision, datée du 13 décembre, l’OTC a annoncé qu’il exigeait une évaluation plus précise des impacts environnementaux.

« On nous dit que Transports Canada et le CP (Canadien Pacifique) sont sur le point de déposer les derniers documents qui manquent à l’OTC […]. Une fois qu’il débute l’analyse, on nous parle d’un six mois environ pour prendre position », rapporte Mme Morin.

Elle souhaite avant tout que, le 6 juillet 2023, une orientation claire soit annoncée et que des échéanciers de construction soient donnés.

Le 6 juillet 2013, 47 personnes perdaient la vie lors de la pire tragédie ferroviaire de l’histoire du Canada. Un train rempli de pétrole brut venait de dévaler une pente en amont de la municipalité avant de dérailler en plein centre-ville de Lac-Mégantic, déclenchant des explosions et un immense incendie.

Le projet de voie de contournement suscite de l’opposition, notamment de la municipalité voisine de Frontenac et de certains citoyens. La mairesse de Lac-Mégantic dit comprendre les impacts négatifs, mais que les avantages sont plus grands.

« L’objectif d’avoir une voie de contournement est de minimiser les risques. Actuellement, la voie est en plein cœur du centre-ville, à proximité de plus de 82 % de tous les bâtiments de la ville de Lac-Mégantic », rappelle-t-elle.

Le ministère des Transports du Québec n’était pas en mesure de commenter le dossier samedi.