Les pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine pourront replonger leurs turluttes à l’eau cette année pour pêcher le calmar pour la première fois en 40 ans, en raison du retour observé de l’espèce.

Le ministère des Pêches et des Océans du Canada (MPO) vient d’autoriser la pêche à l’encornet rouge nordique, un calmar à courtes nageoires, qui n’avait plus été pratiquée depuis le début des années 1980 au Québec.

« Cette pêche, à petite échelle, permettra d’obtenir des données sur l’espèce, de connaître l’intérêt du marché et de déterminer s’il s’agit d’une pêche rentable à long terme pour l’industrie », a indiqué dans un courriel à La Presse Naomie Girard, porte-parole du ministère fédéral.

Les engins de pêche autorisés sont les lignes à main munies de turluttes, sorte de grappins servant spécifiquement à la pêche aux céphalopodes, ainsi que les dispositifs mécaniques.

La saison de pêche débutera le 18 juillet et s’étendra jusqu’au 30 novembre.

Les pêcheurs, qui terminent cette semaine la récolte du homard, pourraient toutefois attendre un peu plus tard pour se lancer à la recherche de calmars, puisque c’est vers la fin de l’été qu’ils abondent dans les eaux du golfe, a précisé Antoine Rivierre, agent régional principal à la gestion de la ressource pour le Québec au MPO.

14 pêcheurs

Seuls les pêcheurs toujours titulaires de leur vieux permis de pêche au calmar pourront mettre leurs turluttes à l’eau, a tranché le MPO.

« Considérant que le calmar n’a pas fait l’objet de pêche dirigée au Québec au cours des 40 dernières années, un gel temporaire d’émission de nouveaux permis de pêche commerciale au calmar pour tous les engins de pêche est en vigueur afin de laisser suffisamment de temps au Ministère pour collecter des données et ajuster les mesures de gestion », indique le Plan de pêche axé sur la conservation publié mercredi.

Il existe toujours 14 titulaires de tels permis de pêche au calmar au Québec, tous aux Îles-de-la-Madeleine, où une rencontre d’information à leur intention s’est d’ailleurs tenue le 22 juin.

« Je vais probablement faire une couple d’essais », a confié à La Presse Ghislain Cyr, qui détient l’un de ces permis.

Cette année, il n’y a pas de pêche au maquereau, donc on va sortir une couple de soirs [pour le calmar].

Ghislain Cyr, pêcheur

L’homme se demande toutefois s’il trouvera preneur pour ses prises.

« Il n’y a personne qui achète ça, ici », lance-t-il.

La situation est toutefois près de changer : l’entreprise Poissons frais des Îles a accepté d’effectuer la transformation du calmar qui sera pêché cette année, a confié à La Presse Sandra Gauthier, directrice générale du musée Exploramer de Sainte-Anne-des-Monts et fondatrice du programme Fourchette bleue, qui fait la promotion des espèces marines d’ici.

« On essaie de faire en sorte que ça reste sur le marché québécois », a-t-elle déclaré, ajoutant avoir démarché des restaurateurs qui ont montré un « intérêt très, très fort » pour le petit mollusque.

Le temps presse parce que des acheteurs étrangers ne tarderont pas à se manifester quand ils apprendront que la pêche reprend, prévient-elle.

On a des produits marins qui sont dans des eaux exceptionnellement saines, des eaux froides, ils sont savoureux, fermes.

Sandra Gauthier

La reprise de la pêche au calmar offre aussi le potentiel de développer un marché québécois de l’encre de seiche, un produit « très haut de gamme », s’enthousiasme Sandra Gauthier, qui souhaite que l’industrie québécoise étudie cette avenue et acquière l’expertise nécessaire.

Ce céphalopode abonde depuis quelques années dans le golfe du Saint-Laurent, signe que les eaux se réchauffent, conséquence du dérèglement climatique, rapportait La Presse, en février.

Sa forte présence du milieu des années 1970 au début des années 1980 était due à un réchauffement temporaire des eaux à cette époque, selon une étude publiée en 2000 dans le Journal of Marine Science.

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  • 29 467 tonnes
    Total autorisé de captures de calmars au Canada pour la période 2019-2022
    source : Pêches et Océans Canada