Le premier ministre Jean Charest n'a pas écarté la possibilité d'un déclenchement d'élections provinciales d'ici la fin de l'année.

Au terme d'un rassemblement militant durant lequel il est apparu en grand bâtisseur et défenseur des intérêts du Québec, M. Charest s'est contenté, dimanche, de dire que son emploi du temps était chargé jusqu'à la fin de l'année.«Mon horaire est très chargé jusqu'au 1er janvier prochain, a-t-il déclaré lors d'un point de presse. Je ne sais pas ce que mes adversaires vont faire. On ne sait pas ce que la vie nous réserve.»

Jusqu'ici, le premier ministre avait toujours pris soin de préciser qu'il ne s'attendait pas à une élection avant l'an prochain, voire 2010.

Après avoir présenté son plan de développement du nord québécois, M. Charest n'a pas écarté la possibilité de déclencher lui-même des élections ou que les partis de l'opposition renversent son gouvernement durant la session parlementaire.

«On est minoritaires nous, à l'Assemblée nationale du Québec, a-t-il dit. Depuis le lendemain de l'élection, il faut faire un minimum pour se préparer. Et on n'est pas les seuls à décider de notre avenir, loin de là.»

Deux événements importants sont à l'agenda de M. Charest en octobre, soit le Sommet de la francophonie et le Sommet Canada-Union européenne, où il sera question d'un projet de libéralisation des échanges cher au premier ministre québécois.

La rentrée parlementaire suit, le 21 octobre, tandis qu'en novembre, M. Charest doit participer à une mission économique en Chine avec d'autres premiers ministres provinciaux ainsi qu'à un sommet Québec-État de New York.

Au terme du conseil général du PLQ, dimanche, M. Charest a esquissé les grandes lignes de son projet de développement du nord québécois, qui apparaît comme le dernier élément de sa stratégie d'intégration économique avec l'Europe et les provinces canadiennes.

Clôturant les trois jours de travaux durant lesquels les militants libéraux se sont réunis, notamment pour débattre de résolutions sur la protection de la langue et sur leurs aspirations constitutionnelles, M. Charest a affirmé que ce projet visant l'exploitation des ressources minières, hydroélectriques et touristiques permettrait au Québec de repousser sa dernière frontière.

Pour présenter son plan aux militants, M. Charest a prononcé un discours de 45 minutes, debout sur une scène, tandis que sur trois écrans géants derrière lui défilaient paysages grandioses et cartes géographiques des régions de la Basse-Côte-Nord, du nord du Lac Saint-Jean et du Nunavik.

«Voyez comme c'est un territoire magnifique. Ça, c'est majestueux. C'est deux fois la superficie de la France. C'est à nous, ça. C'est notre avenir», a-t-il dit, déclenchant des applaudissements des militants.

M. Charest a cependant affirmé qu'il s'agit d'un projet à long terme, qui sera précédé de consultations.

Le premier ministre a d'ailleurs admis que l'appui des autochtones, qui peuplent majoritairement ce territoire, n'était pas acquis mais que des discussions sont en cours.

«Je suis très réaliste, a-t-il dit après son discours. Je sais très bien qu'en abordant ce projet-là, (il ne faut pas s'attendre) à ce qu'il y ait une adhésion automatique. Ca ne se passera pas comme ça. Mais ça va se faire.»

M. Charest a assuré que le gouvernement exigerait des garanties de retombées économiques avant d'ouvrir le territoire aux entrepreneurs qui devront aussi, a-t-il dit, respecter l'environnement.

Vendredi, M. Charest avait ouvert les travaux du conseil général en positionnant son parti comme le seul qui peut défendre les intérêts du Québec, parce qu'il n'appuie aucun parti fédéral dans la présente campagne.

Dimanche, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a promptement réagi à la démonstration de force des libéraux.

Lors d'un point de presse à Québec, elle s'est attaquée au bilan de M. Charest dans les dossiers linguistique et constitutionnel, affirmant qu'il s'était «traîné les pieds».

Mme Marois a accusé le premier ministre d'avoir attendu les élections fédérales pour se positionner en défenseur des intérêts du Québec.

Selon elle, même si les derniers sondages placent les libéraux en position de gouvernement majoritaire, leurs résultats ne sont pas concrets.

«Les sondages, c'est une chose, moi je regarde les résultats, a-t-elle dit. C'est quoi les résultats dans la défense des intérêts du Québec dans les derniers cinq ans. Donnez-moi des exemples concrets, significatifs, un peu costauds. Il n'y a rien de réglé.»

Quant à l'éventualité d'élections provinciales, dont la rumeur s'est amplifiée à la clôture du rassemblement libéral, Mme Marois a affirmé qu'aucun enjeu ne laissait actuellement présager du renversement du gouvernement.