Le Parti québécois a mis de la pression sur le gouvernement et l'opposition, lundi, afin que l'ex-lieutenant-gouverneur Lise Thibault soit entendue en commission parlementaire cet automne au sujet de ses dépenses injustifiées.

La députée péquiste Agnès Maltais a affirmé que ses collègues de la commission de l'administration publique manquaient d'empressement à inviter Mme Thibault, qui est l'objet d'une enquête policière après avoir accumulé 700 000 $ de frais injustifiés sur une période de 10 ans.Selon Mme Maltais, le député adéquiste Gilles Taillon, qui préside la commission, n'a pas été très disponible pour discuter du dossier. Et le député libéral Vincent Auclair trouve que la comparution de Mme Thibault est inutile, a soutenu la députée péquiste, qui est membre avec ses deux collègues du comité directeur de la commission.

Une réunion des trois députés est prévue mercredi afin de préciser le calendrier de leurs travaux pour la prochaine session parlementaire et Mme Maltais, qui est députée de la circonscription de Taschereau, à Québec, a exprimé la crainte que des audiences ne puissent être prévues cet automne.

«Sans nuire à l'enquête, on peut rencontrer la lieutenant-gouverneur cet automne, a-t-elle déclaré lors d'un point de presse. Et si on ne rencontre pas la lieutenant-gouverneur, ce sera à cause du refus des libéraux et de la négligence de l'ADQ.»

Mme Maltais a assuré détenir des informations du «responsable de l'enquête» policière à l'effet qu'une éventuelle audience de Mme Thibault n'interférerait pas avec le travail entrepris conjointement par la Sûreté du Québec et la Gendarmerie royale du Canada dans ce dossier.

À la suite du point de presse de Mme Maltais, M. Auclair a nié les propos qu'elle lui a attribués, assurant qu'il était important d'entendre Mme Thibault.

Le député libéral de la circonscription de Vimont a cependant affirmé qu'il souhaitait d'abord obtenir le feu vert de la SQ avant de convoquer l'ex-lieutenant-gouverneur.

Selon lui, la commission avait convenu que cette rencontre avec un enquêteur de la SQ, dont la date n'a pas encore été fixée, aurait lieu fin septembre ou début octobre.

«On s'était entendu pour avoir une dernière rencontre à la mi-septembre ou début octobre pour rencontrer à nouveau le représentant de la SQ pour s'assurer qu'il a fait tous les contre-interrogatoires qu'il voulait faire pour s'assurer de ne pas biaiser son enquête», a dit M. Auclair.

Il a assuré que, durant la rencontre de mercredi avec ses deux collègues, le comité directeur n'établirait son calendrier que jusqu'en octobre et qu'il serait possible d'entendre Mme Thibault par la suite cet automne.

«On n'a jamais fixé un agenda pour trois mois», a dit le député libéral.

M. Auclair a attribué la sortie de Mme Maltais au besoin de visibilité du PQ dans le cadre de l'élection complémentaire en cours dans la circonscription de Jean-Talon, à Québec.

Mme Thibault a démissionné de son poste en février 2007 à la suite de reportages révélant ses dépenses injustifiées.

Après la publication d'un rapport accablant du vérificateur général, les parlementaires avaient prévu d'amorcer des audiences il y a un an. Ils s'étaient ravisés, en octobre dernier, préférant attendre la fin de l'enquête policière, qui porte sur une possible utilisation de fonds publics à des fins personnelles.

À ce moment, la SQ prévoyait terminer en novembre 2007 son enquête.

Outre Mme Thibault, la commission souhaite aussi entendre des représentants du Conseil exécutif, du Conseil du Trésor, ainsi que le vérificateur général et le nouveau lieutenant-gouverneur, Pierre Duchesne.