Les chances que le gouvernement Harper survive en concluant une entente avec le NPD ou le Bloc québécois pour éviter des élections fédérales à l'automne semblent bien minces, selon des informations obtenues par La Presse. Mais à quelques semaines du déclenchement possible, la campagne électorale, elle, semble bel et bien commencée.

Les libéraux de Michael Ignatieff ont promis mardi de retirer leur confiance au gouvernement de Stephen Harper à la première occasion, laissant le fardeau au NPD ou au Bloc de sauver les conservateurs pour éviter des élections à la fin du mois d'octobre ou en novembre.

 

Pour l'instant, il n'y a eu aucun contact entre le gouvernement et les néo-démocrates, qui ont laissé, hier encore, une mince ouverture à la possibilité de travailler avec le gouvernement.

«Les lignes de communication sont ouvertes, a dit le directeur national du NPD, Brad Lavigne. La balle est dans le camp de M. Harper.» Ce ne seront toutefois pas les néo-démocrates qui feront le premier pas, a assuré M. Lavigne.

Or, sous le couvert de l'anonymat, une source conservatrice a affirmé que le gouvernement Harper n'a guère l'intention d'entreprendre des négociations avec le NPD.

«L'heure n'est pas à la négociation. Nous ne sommes pas en train de mener des consultations budgétaires. Nous sommes en train de mettre en oeuvre le plan de relance économique du gouvernement. Si un parti veut collaborer avec nous sur la mise en oeuvre de ce plan, nous sommes prêts à travailler avec lui», a dit cette source.

De passage à Sault Ste. Marie, où il a annoncé un autre projet d'infrastructure, le premier ministre a rappelé qu'il avait rencontré le chef du NPD Jack Layton il y a deux semaines à son bureau. M. Harper a soutenu que M. Layton semblait plus intéressé à recréer la coalition que le NPD avait conclue avec le Parti libéral et le Bloc québécois qu'à travailler avec le gouvernement.

La «véritable» opposition

Le NPD a systématiquement voté contre toutes les mesures proposées par les conservateurs depuis qu'ils sont au pouvoir. D'ailleurs, M. Layton se targue fréquemment que son parti a agi comme la véritable opposition officielle aux conservateurs depuis 2006, ayant voté à 79 reprises contre le gouvernement Harper.

En entrevue à une station de radio de Calgary, le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, a pour sa part carrément jugé improbable la conclusion d'une entente avec le NPD. «Nous ne sommes pas à vendre au plus offrant, surtout pas au NPD», a lancé le ministre.

Hier, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a dit qu'il serait prêt à appuyer n'importe quel parti qui proposerait des mesures dans le sens des intérêts des Québécois.

«On ne vote pas à l'étiquette. On vote sur la valeur des propositions. Quand c'est bon pour le Québec, on l'appuie, sinon on s'y oppose et on fait face aux conséquences», a dit M. Duceppe, de passage à Laval.

Le chef bloquiste a par la suite énuméré quelques demandes à l'endroit du gouvernement conservateur, y compris revenir sur la décision de créer une commission pancanadienne des valeurs mobilières, aider davantage les régions forestières, à l'instar de ce qui a été fait pour l'industrie automobile, rejeter l'énergie provenant des sables bitumineux et respecter le français comme langue de travail sur le territoire du Québec.

«Je serais très étonné que M. Harper reprenne nos positions, a aussitôt concédé M. Duceppe. Mais s'il veut m'étonner, grand bien lui fasse.»

En attendant, libéraux et conservateurs se livrent déjà une guerre de communication digne d'une joute électorale, à coup de communiqués démolissant les arguments de leur adversaire. Le premier ministre Harper, lui aussi, semble déjà en campagne. Aujourd'hui seulement, son horaire prévoit trois activités dans deux villes ontariennes.

Après M. Duceppe, hier, ce sera aujourd'hui au tour de M. Layton de réagir officiellement à la menace d'élections.